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« Sceller une chambre dans une maison palestinienne ? Un besoin sécuritaire vital selon Israël ! « 

C’est le titre de l’article publié cette semaine dans Haaretz par Amira Hass, qui décrit l’arbitraire et le caractère inhumain des mesures prises par son gouvernement et par la justice israélienne.

« Le 21 octobre, tôt mercredi matin, des soldats israéliens ont scellé une pièce dans un petit appartement de trois pièces, où vivent Suheila Abu Bakr et ses huit enfants, dont le plus âgé a 19 ans et le plus jeune bientôt deux ans. Sceller une pièce signifie la remplir de béton. Ceci fût réalisé avec l’autorisation de la Haute Cour de justice.

"Sceller une chambre dans une maison palestinienne ? Un besoin sécuritaire vital selon Israël ! "

Deux bétonnières sont entrées dans le quartier d’al-Salame à Yabad (à 20 km à l’Ouest de Jénine), transportées par des dizaines de véhicules militaires. Selon la décision des juges de la Cour suprême Menachem Mazuz et George Karra, les soldats n’étaient censés clore qu’une seule pièce. Mais le béton indiscipliné s’est renversé et a également bloqué le couloir, la salle de bain et une partie de la cuisine, raconte Amira Hass. Les jeunes de la famille élargie ont travaillé pendant longtemps pour enlever le béton durcissant des parties de l’appartement que les honorables juges ont permis à la famille de continuer à utiliser.

Le père, Nazmi Abu Bakr, est accusé du meurtre du soldat Amit Ben Yigal. Le 12 mai, Ben Yigal revenait avec d’autres soldats d’une opération de routine pour procéder à des arrestations dans le village de Yabad. Ils marchaient sur la route étroite qui mène à la base militaire de la colonie de Dotan quand des jeunes du quartier leur ont jeté des pierres.  Il y a eu des cris. La maison d’Abu Bakr se trouve au début de cette route. 

L’acte d’accusation a été déposé le 25 juin. Il indiquait sans la moindre preuve qu’Abou Bakr avait jeté une brique du toit du bâtiment sur Ben Yigal. D’après ce que nous avons appris dans nos cours d’éducation civique à l’école primaire, Nazmi Abu Bakr est présumé innocent tant qu’il n’a pas été prouvé coupable. Mais pas dans le seul État « juif et démocratique » au monde. 

Conformément au règlement d’urgence n°119 du mandat britannique, le gouverneur militaire peut confisquer une structure et la démolir s’il soupçonne qu’elle a été utilisée pour commettre un crime. En d’autres termes, punir avant le procès et punir le plus grand nombre pour un crime attribué à une seule personne.

Ceux qui réclamaient une vengeance immédiate en sont sortis partiellement satisfaits. Ils étaient en colère contre les juges miséricordieux Mazuz et Karra, qui ont pris en compte le recours contre la démolition de tout l’appartement, en décidant de ne faire sceller qu’une des 3 pièces…. La démolition du troisième étage aurait non seulement privé les enfants et leur mère d’un toit au-dessus de leurs têtes, mais aurait également pu détruire les deux étages inférieurs – où vivent les familles des frères de Nazmi Abu Bakr. 

Mais il y a quelque chose en commun entre ceux qui demandent vengeance et les honorables juges : ils ont tous condamné Abu Bakr, 49 ans, avant qu’un verdict ne soit rendu, relève Amira Hass. 
Tout en s’opposant à la démolition, Mazuz et Karra ont appelé à plusieurs reprises Abu Bakr «l’assaillant». Mazuz a écrit que « l’acte attribué à l’agresseur est un crime grave et méprisable ». Si cela ne lui est toujours qu’attribué, alors pourquoi conclure à ce stade qu’il est un « agresseur »? Karra a traité l’acte d’accusation comme un fait acquis. En d’autres termes, le Shin Bet – sur lequel le parquet militaire s’est appuyé pour la rédaction de l’acte d’accusation – a décidé que l’homme était coupable, et Karra a accepté cela comme un décret du ciel. Tout ce qui reste à faire aux juges militaires, selon Karra, est de décider de la peine. Au crédit des juges, il faut dire qu’ils n’ont même pas prétendu qu’Abou Bakr bénéficierait d’un procès équitable. 

Début septembre, la journaliste d’Haaretz a rendu visite à la famille d’Abu Bakr. Plusieurs de ses membres lui ont raconté leur arrestation depuis la nuit où Ben Yigal a été tué et les interrogatoires qu’ils ont subis, avec toutes les intimidations et humiliations qui vont avec. Suheila, 45 ans, a également été arrêtée, ainsi que sa fille Iman. « C’était le plus difficile pour moi », a déclaré la mère, «d’être emmenée en détention alors que mes enfants étaient laissés seuls. »

Jusqu’à cette nuit, ont déclaré des membres de la famille, ils n’avaient jamais eu d’altercation avec l’armée – qui passe souvent sous leur maison lorsqu’ils reviennent des raids dans le village, sur le chemin du retour vers leur base dans la colonie.

Quelques membres de la famille travaillaient en Israël, tout comme Nazmi Abu Bakr, jusqu’à l’arrivée du coronavirus. Depuis, il vit de petits boulots et du travail de la terre autour de sa maison, qui abrite des oliviers, un potager et un poulailler à oies. Les enfants aiment l’aider dans cette tâche, en particulier avec les oies.

Les besoins militaires urgents exigeaient qu’à partir de maintenant, huit enfants grandissent dans l’ombre d’un morceau de béton qui scelle la chambre à coucher.  La Haute Cour de justice a jugé qu’il s’agissait d’un acte proportionné », ironise en conclusion Amira Hass.

(Traduit par Sarah V. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Haaretz

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