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USA : La présence croissante de la Palestine chez les jeunes élus de gauche

Ci-dessous une analyse très instructive de Sumaya Awad publiée par Mondoweiss, en marge de la présidentielle américaine.

« Même si les projecteurs sont actuellement braqués sur l’élection présidentielle, avec deux candidats qui affichent l’un comme l’autre un soutien inconditionnel à Israel, le mois de novembre va voir arriver des centaines de compétitions locales et étatiques de la plus haute importance, car très significatives de la montée en puissance du mouvement palestinien aux USA.

En fait, il y a déjà un mouvement grandissant dans les couloirs du Congrès, qui perturbe le soutien bipartisan sur lequel Israël s’appuie si profondément depuis les années 1970.

Au-delà de certains membres de « l’équipe » (Alexandria Ocasio-Cortez, Rashida Tlaib et Ilhan Omar), ou de Betty McCollum, une représentante de longue date du Minnesota, il y a une vague plus large de candidats nouvellement élus et prometteurs qui s’écartent hardiment du plan du Parti démocrate sur un certain nombre de questions, dont la Palestine.

La candidature réussie pour un siège à la Chambre des États-Unis par Cori Bush, l’un des leaders du soulèvement de Ferguson de 2014, illustre cette tendance.

USA : La présence croissante de la Palestine chez les jeunes élus de gauche
Cori Bush en juillet dernier, dans une manifestation contre les violences policières à l’encontre des Noirs américains. Sur son T.Shirt, l’inscription « Vous allez tous arrêter de nous tuer »

Israël ne peut plus compter sur le soutien sans faille de toutes les principales tendances du libéralisme américain. Une partie importante et en expansion de la société américaine – jeune, diversifiée et de la classe ouvrière – est devenue de plus en plus consciente du soutien américain à l’occupation israélienne, et établit rapidement les liens entre la Palestine, l’incarcération de masse, l’austérité et la crise de l’immigration, en d’autres termes entre la Palestine et tous les autres grands problèmes politiques apparus à la suite de la crise économique de 2007-2008.

C’est cette même génération qui a été témoin de l’engagement de plus en plus public et sans vergogne d’Israël envers des personnalités d’extrême droite comme Donald Trump, Jair Bolsonaro, Narendra Modi et Viktor Orban.

Il y a quelques années à peine, on ne pouvait pas parler de Palestine et être pris au sérieux en tant que candidat politique. Aujourd’hui, les candidats se présentent à un large éventail de postes et affichent fièrement leur soutien non seulement aux droits de l’homme palestiniens, mais à la libération palestinienne dans le cadre d’une lutte politique explicite contre le racisme et le colonialisme.

Il est extrêmement significatif que des candidats comme Zohran Mamdani, le vainqueur présumé d’un siège à l’Assemblée de l’État dans le Queens, à New York, ou Julia Salazar, une sénatrice de l’État de Brooklyn, aient réussi au niveau de l’État, tout en maintenant un engagement à élever la lutte. Dans une sphère saturée d’éloges pour Israël, il est plus facile d’adopter la position de soutien à l’occupation plutôt que de payer le prix de son opposition, dans des campagnes de dénigrement, voire des assassinats.

Ces nouveaux changements indiquent une tendance plus large des voix de gauche à proposer une plate-forme qui considère la lutte contre les mesures d’austérité comme fondamentalement liée à la politique étrangère américaine. Plus il y aura de gens comme Mamdani au pouvoir, plus il y aura d’opportunités pour changer le statu quo sur la Palestine, non seulement parce que les élections entraîneront un changement social, mais parce que, comme Meagan Day l’a fait valoir, « il y a une manière de s’engager dans une politique électorale qui renforce les mouvements. »

La décision d’Ocasio-Cortez de répondre à l’appel des Palestiniens et d’annuler sa participation à un événement commémorant l’ancien chef militaire israélien Yitzhak Rabin est un autre exemple des possibilités de redéfinir les paramètres par lesquels une plate-forme électorale qui soutient la Palestine peut être adoptée.,

Il ne fait aucun doute que les socialistes démocrates d’Amérique (DSA) jouent également un rôle dans ce changement, ayant approuvé l’appel palestinien au boycott, au désinvestissement et aux sanctions en 2017, lors de leur convention annuelle. Au moins en théorie, si ce n’est pas encore pleinement en pratique, quiconque s’engage sérieusement avec DSA, et certainement tout candidat en lice pour une approbation, sera initié à la lutte pour la Palestine d’une manière ou d’une autre.

Dans un pays où des personnes ont été détenues, emprisonnées et expulsées pour avoir prétendument financé des organisations palestiniennes, il est essentiel que nous expliquions ces changements plus profonds comme le résultat direct de nombreuses années d’organisation populaire dans le mouvement palestinien, tant dans la diaspora que sur leur terre. La force du mouvement est la raison pour laquelle la Palestine est de plus en plus considérée et comprise comme une composante du mouvement plus large autour du racisme, du sexisme, de l’immigration, du changement climatique, des soins de santé, etc.

Il va sans dire que la lutte est loin d’être terminée. Le lobby israélien investit énormément dans la collecte de renseignements et la diffamation ciblant les critiques d’Israël, en particulier les plus vulnérables, souvent en raison de leur statut d’immigration, de leur classe et de leur race. Les attaques visant à réduire au silence et à marginaliser les défenseurs de la Palestine continuent de s’intensifier avec de nouvelles lois et poursuites introduites chaque année.

La semaine dernière encore, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a proposé cyniquement de qualifier les groupes internationaux de défense des droits Amnesty International et Human Rights Watch d’antisémites. Deux groupes qui ont fait les gros titres cette année au cours de campagnes mettant en lumière la répression illégale par Israël de la liberté d’expression et la réduction au silence des militants du boycott.

Alors que nous continuons à avancer dans la lutte pour la libération collective, nos revendications doivent dépasser la rhétorique humanitaire ou les messages dilués et aseptisés pour un public imaginaire qui a cessé d’exister depuis de nombreuses années. En fait, il est temps que nous soyons confrontés au fait que la plupart des gens aujourd’hui sont bien plus à même de comprendre les liens intégraux entre les injustices qu’ils vivent chez eux et celles dont ils ont connaissance en Palestine. Ces changements à long terme de la conscience politique, associés à la période politique imprévisible qui nous attend, présentent des opportunités pour explorer de nouvelles stratégies, et entreprendre une action collective. Soyons audacieux en délibérant sur nos prochaines étapes.

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Sumaya Awad pour Mondoweiss

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