Une décision de justice vient d’être rendue par un tribunal israélien, cautionnant le fait que les citoyens israéliens ne peuvent avoir les mêmes droits ni les mêmes services à l’intérieur du pays, selon qu’ils sont juifs ou Palestiniens.
Karmiel, ville créée en 1964 au Nord d’israël pour assurer la continuité d’un peuplement juif sur un « axe stratégique » (50 000 habitants, 120 000 programmés) a accueilli à bras ouverts des immigrants de 75 pays, dont une forte proportion de citoyens de l’ex-URSS, censément « juifs ». Le russe y est d’ailleurs autant parlé que l’hébreu.
En revanche les citoyens israéliens d’origine palestinienne n’y sont pas les bienvenus. En 2016, une tentative d’expropriation des paysans palestiniens des alentours pour étendre davantage la ville avait donné lieu à des émeutes réprimées dans le sang. Malgré cela, des Palestiniens de citoyenneté israélienne, appartenant à la classe moyenne, ont pu s’établir sur leurs terres ancestrales.
Ce qui n’était pas du goût de tout le monde. L’adjoint au maire, par exemple, en fait des cauchemars « Il y a déjà 1 000 habitants arabes à Karmiel, et très bientôt, ils vont nous demander une mosquée »…
Ces Palestiniens sont venus s’établir là, au cœur de leurs propres terres, espérant cohabiter pacifiquement avec les « juifs » comme ils le firent pendant des siècles sous l’empire ottoman. Cependant, l’absence d’école proposant l’enseignement de l’arabe contraint leurs enfants à de longs et coûteux déplacements. Un traitement discriminatoire.
Du coup, Nizar Bakri, avocat, a porté plainte pour son frère et ses neveux. Motif : atteinte au droit à l’éducation. Il a demandé que la ville finance une école pour l’enseignement en arabe ou, à défaut, des transports pour acheminer les enfants palestiniens vers l’école arabophone la plus proche. Et le remboursement des frais déjà engagés.
Le juge vient de rendre son verdict lundi. C’est non ! Avec la justification suivante : fournir des services aux « arabes » porterait atteinte au caractère « juif » de la ville et serait donc contraire à la loi fondamentale (équivalent d’une constitution) adoptée en 2018, qui définit Israël comme « l’Etat nation du peuple juif ».
En vertu de cette loi, dit le juge : « le développement de l’implantation des juifs sur le territoire est une valeur nationale. Cette considération doit donc être mise en avant et impérativement prise en compte dans toutes les réflexions menées par la municipalité, notamment en ce qui concerne l’établissement d’écoles et le financement des transports scolaires ».
Qu’on se le dise : tout service fourni aux citoyens palestiniens, qui représentent environ 1,5 million de personnes dans la population du pays, viole la constitution israélienne !
(Sources : Aaron Boxerman du Times of Israël et Pierre Barbancey dans l’Humanité)
CAPJPO-EuroPalestine