Un tribunal israélien a statué que le film Jenin, Jenin sera interdit de projection en Israël et il a ordonné que le réalisateur Mohammad Bakri paye 55.000 dollars de dommages et intérêts à un officier israélien qui a participé au massacre et apparaît dans le film pendant 5 secondes. La justice israélienne exige en outre que toutes les copies du film soient détruites.
« Jenin, Jenin » documente l’attaque israélienne meurtrière sur un camp de réfugiés palestiniens qui a fait des centaines de morts et plus de quinze cents blessés en 2002.
L’invasion militaire israélienne du camp de réfugiés palestinien de Jénine et le massacre qui a suivi ont eu lieu en mars 2002. L’armée a investi le camp avec des chars, des forces spéciales, des unités de commando, et plusieurs brigades de réservistes. Le camp a été bombardé depuis les airs et le sol. Plusieurs centaines de combattants palestiniens se sont battus héroïquement, n’ayant rien d’autre que des fusils semi-automatiques et des compétences rudimentaires de guérilla. Vingt-cinq soldats israéliens ont perdu dans la vie dans ce camp et d’innombrables Palestiniens, majoritairement des civiles ont été tués,.
Réduire au silence le point de vue des survivants
« Jenin, Jenin » comprend des témoignages de personnes de tout âge qui ont vécu l’attaque israélienne du camp. Mohammed Bakri ne fait aucun commentaire dans le film mais montre ce qui s’est passé.
Des protestations ont surgi en Israël dès la sortie du film. M. Bakri a été qualifié de nazi et diffamé par la presse et le public pour avoir osé montrer ce que les Palestiniens ont subi aux mains des soldats israéliens qui sont entrés dans le camp. « La Bataille de Jénine » a réclamé des autorités israéliennes qu’elles censurent le film et n’autorisent pas les cinémas à le projeter, exigence finalement satisfaite.
En novembre 2016, Nissim Meghnagi, officier de réserve qui a pris part à l’Opération « Bouclier Défensif, » aussi connu sous le nom de massacre du camp de réfugiés de Jénine, a poursuivi M. Bakri réclamant l’équivalent de 745 000 dollars parce qu’il qu’il apparaissait dans le film, qu’il juge diffamatoire, bien qu’aucune accusation n’ait été porté contre lui.
Néanmoins, le tribunal d’instance de la ville de Lyd sous occupation israélienne a rendu un jugement en faveur de M. Meghnagi et a ordonné à M. Bakri de payer à M. Meghnagi l’équivalent de 55 000 dollars. L’affaire devrait maintenant être renvoyée devant la cour suprême.
Un lourd passé de crimes de guerre
Les forces israéliennes n’ont pas permis à la Croix Rouge ni à d’autres observateurs internationaux d’entrer dans le camp pendant de nombreux jours après la fin de l’attaque. Ceci leur a permis de nettoyer le camp avant que quiconque de l’extérieur ne puisse être témoin de ce qu’il s’y était produit.
« M. Bakri a touché un point sensible et parce qu’en tant que Palestinien de citoyenneté israélienne, il se trouve aussi que son nom est un nom familier chez les Israéliens. Ils sont furieux qu’il ait réussi à pénétrer dans le camp de Jénine, et à s’entretenir avec les résidents, en montrant que l’esprit de la population du camp demeure invaincu », commente Miko Peled.
« Encore et encore tout au long du film, on entend les survivants de l’attaque, alors même qu’ils sont assis sur les ruines de leur propre maison, répéter qu’ils reconstruiront le camp maison par maison et n’abandonneront jamais. Ce n’est guère le message que les israéliens – qui peu de temps avant avaient élu comme premier ministre le tristement célèbre Ariel Sharon – veulent entendre ».
Le conducteur d’un D9
Le 31 mai 2002, le journaliste israélien Tsadok Yehazkeli du quotidien israélien Yediot Aharonot, avait publié un article en Hébreu sur le conducteur d’un bulldozer D9 connu sous le surnom de « Bear the Kurd, » (Ours le Kurde). « Bear » s’est fait un nom pendant l’attaque du camp de réfugiés de Jénine, quand il a, pendant 72 heures d’affilée, fait passer son bulldozer sur un nombre incalculable de maisons et détruit tout ce qui se trouvait sur son passage, fonçant sur les maisons qu’elles soient ou non habitées.
Tant de personnes ont été enterrées sous les décombres qu’à ce jour personne ne sait combien de Palestiniens ont été tués en 2002 dans le camp de réfugiés de Jénine.
Il aurait dit « Je leur ai construit un stade de football, » et « Je n’ai aucun regret. Je suis fier de mon travail», de même que : « Je n’ai à aucun moment donné aux gens la moindre chance de s’échapper des maisons avant de lancer mon bulldozer sur elles et de les démolir. »
Rien de tout ceci n’est montré ni mentionné dans le film de M. Bakri pourtant il donne une idée de l’atmosphère qui régnait au sein des troupes israéliennes qui sont entrées dans le camp.
L’unité militaire dans laquelle opérait le conducteur du D9 a ensuite reçu une médaille pour ses actions pendant l’attaque, et « Bear the Kurd » est devenu un héros aux yeux des troupes.
Il est difficile de prédire le verdict de la Cour Suprême lorsqu’elle entendra le cas de M. Bakri. Cependant, dans un état qui a été construit sur des crimes de guerre et des atrocités, on peut s’attendre à ce que toutes les branches du gouvernement œuvrent de conserve pour empêcher que la vérité ne sorte.
« Quoi qu’il en soit, conclut Miko Peled, peu de crimes de guerre israéliens sont aussi bien documentés que celui-ci. C’est pourquoi « Jenin, Jenin » doit être vu et largement partagé. ».
- LE FILM :
JENIN, JENIN de Mohammed Bakri from Palestine : Filmer C’est Exister on Vimeo.
- Merci de signer la pétition pour la levée de l’interdiction de Jénin, Jénin : https://www.change.org/p/israeli-state-lift-the-ban-on-jenin-jenin-by-mohammed-bakri?recruiter=24791115&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=psf_combo_share_abi&utm_term=psf_combo_share_initial&recruited_by_id=0426fe30-d0c8-012f-a07f-40401fa5e37a
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