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Reconstitution de l’exécution d’un Palestinien qui ne constituait aucune menace

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« Les forces d’occupation israéliennes ont exécuté Ahmad Erakat alors qu’il ne représentait aucun danger à un checkpoint israélien », vient de conclure une enquête menée par le groupe de recherche « Forensic Architecture » (architecture médico-légale), basé à Londres et soutenu par le groupe palestinien de défense des droits humains Al-Haq.

Reconstitution de l'exécution d'un Palestinien qui ne constituait aucune menace
Ahmad Erekat

Le jeune homme de 26 ans a été tué le 23 juin dernier après que la voiture qu’il conduisait a percuté une cabine, à barrage militaire israélien entre les villes de Ramallah et Bethléem, en Cisjordanie occupée, ce qui a amené Israël à prétendre à une attaque terroriste à la voiture.

L’enquête démontre non seulement qu’il a été froidement assassiné alors qu’il n’a à aucun moment attaqué qui que ce soit, mais qu’en plus, il s’est vu refuser des soins médicaux qui auraient pu lui sauver la vie, et que son corps, toujours détenu par Israël — qui n’a fourni aucun rapport d’autopsie–a été traité d’une manière dégradante à la suite des tirs qu’il a essuyés.

Ahmad Erakat, au moment des faits, rappelle-t-on, faisait des courses avant le mariage de sa sœur qui devait se dérouler plus tard dans la journée.

Forensic Architecture a construit un modèle virtuel 3D du point de contrôle et reconstruit le chemin, la vitesse et l’accélération de la voiture d’Erakat sur la base des images des caméras de sécurité diffusées par Israël après sa mort. Cette reconstruction démontre qu’Erakat n’a pas accéléré sa voiture, qui roulait sur une pente qui a contribué à la vitesse de la voiture. Le véhicule ne dépassait pas 15 kilomètres à l’heure, soit une fraction de sa capacité. « Israël n’a pas ouvert d’enquête formelle malgré les preuves indiquant qu’Erakat ne tentait pas d’attaquer des soldats avec sa voiture.
En outre, « il n’a pas publié la totalité des images des caméras de sécurité, ni examiné la boîte noire de la voiture », indique le rapport d’architecture médico-légale.

L’analyse image par image des images des caméras de sécurité diffusées par Israël montre que des soldats ont tiré six coups de feu sur Erakat en moins de deux secondes, immédiatement après sa sortie du véhicule. La vidéo montre qu’Erakat n’a pas couru vers les soldats, comme l’a affirmé la « police des frontières » (aucune frontière, puisque ce checkpoint se situait à l’intérieur de la Cisjordanie occupée NDLR) à la suite de son assassinat. Erakat, qui n’était pas armé, reculait face aux soldats les mains en l’air lorsqu’ils ont tiré les trois premières balles. Il était au sol lorsque des soldats ont continué à tirer.

Des vidéos et des photos publiées en ligne montrent des soldats marchant à proximité d’Erakat, qui est vu encore en mouvement dans l’un des enregistrements, mais aucune tentative n’est faite pour lui fournir des soins médicaux. Une ambulance israélienne est arrivée quelques minutes après la fusillade et a rapidement été suivie par l’arrivée d’une ambulance palestinienne, mais les médecins palestiniens se sont vu refuser l’accès à Erakat. L’ambulance israélienne a quitté le poste de contrôle après 30 minutes, n’évacuant qu’un soldat israélien légèrement blessé lorsque la voiture d’Erakat a heurté la cabine.

Après que les officiers ont placé des marqueurs et pris des photos du corps d’Erakat, des photos trouvées en ligne montrent qu’il a été laissé complètement nu sur le sol, entouré par des militaires et des policiers israéliens, en train de fumer.

Comme des dizaines d’autres Palestiniens tués lors de ce qu’Israël essaie de faire passer pour des attaques, le corps d’Erakat n’a pas non plus été rendu à sa famille, qui n’a pas pu l’enterrer.

Les Palestiniens vivant sous le régime israélien de l’apartheid sont soumis à une « politique généralisée et systématique de tirer pour tuer », conclut l’enquête.

La militante américaine Angela Davis raconte les conclusions de l’enquête dans un documentaire vidéo de 18 minutes et fait une analogie avec le meurtre de George Floyd par un officier de police de Minneapolis à la même période. « Les luttes de libération palestinienne et noire sont liées, dit-elle, et on assiste à la même dépossession des corps noirs et de ceux des autochtones dans un Etat colonial hypermilitarisé comme Israël.

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Maureen Clare Murphy (Electronic Intifada)

CAPJPO-EuroPalestine


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