Face à la résistance non violente des occupés, l’occupant redouble de a violence. Cette semaine, 23 nouveaux civil-e-s Palestinien-ne-s ont été blessé-e-s, la plupart par des tirs de grenades ou par balles, lors des 117 raids menés par les forces israéliennes. Mais pas seulement. A Jaloud, près de Naplouse, deux villageois ont été sévèrement battus par des soldats alors qu’ils revenaient de la ville voisine de Qusra. Deux autres habitants (un enfant et un berger) ont été blessés par des engins explosifs abandonnés par les forces de répression comme autant de pièges. D’autres ont été victimes d’attaques de colons, qui ont frappé 17 fois cette semaine. Près de Yatta, le 11 mars, l’un d’eux a tiré en direction de deux enfants âgés de 12 et 13 ans alors qu’ils faisaient paitre leurs brebis.
Outre les dommages physiques, il faut mentionner les traumatismes qui touchent particulièrement les enfants quand l’occupant prend d’assaut leur foyer familial en plein milieu de la nuit. Ou quand il les traite comme des malfaiteurs : près d’Hébron, ce sont cinq enfants de 7 à 11 ans qui ont été kidnappés dans leur village par des militaires appelés à la rescousse par les colons. Leur crime : avoir cueilli des fleurs dans un champ revendiqué par les colons de Hafat Ma’on. Et en plus, ils ont été détenus pour interrogatoire dans la colonie de Kyriat Arba, à Hébron.
Comme des trophées de l’occupation, quelque 82 prisonniers politiques ont été emmenés en détention, le plus souvent en Israël, en violation du droit international.
Non content d’occuper, le pouvoir israélien détruit ou fait détruire des maisons, comme celle de Ahmed Hegazy à Silwan. Et il sabote systématiquement toute tentative de construction d’une économie palestinienne viable. Cela se traduit notamment à Gaza par les tirs quasi quotidiens contre les bateaux de pêche et les terres agricoles. En Cisjordanie par des vols de camions (comme celui d’Asim Bisharat dans la vallée du Jourdain) ou de tracteurs, des destructions de magasins (comme à Ein Shibli, près de Naplouse), de restaurants (celui de Muhammad Hussein à Jérusalem), de réservoirs, de bâtiments agricoles…

Enfin, la colonisation se poursuit imperturbablement. Non loin de Bethléem, des terrains de villageois ont été confisqués pour permettre une nouvelle extension de la colonie ultra-orthodoxe de Betar Ilit. Dans le gouvernorat d’Hébron, des terres du village de Khirbet Zanuta ont été aplanies en vue d’étendre une zone industrielle des colons. A Qabalan, de vastes terrains sont préparés pour une extension de la colonie de Rahalim (dont les habitants particulièrement agressifs ont pour habitude d’arracher les oliviers, saccager les récoltes et dévaster les réseaux d’eau et d’électricité de leurs voisins palestiniens). Près de Yatta, des habitants des colonies de Maon et Carmiel ont creusé au bulldozer, dans un terrain appartenant à la famille Buhais, les fondations d’une extension de leurs implantations sauvages. Pourquoi se gêner ? La « communauté internationale » ne dira rien…

ZOOM SUR LE 9 MARS
- JERUSALEM (AL QODS)
Mosquée d’Al Aqsa : à 8h30, des colons se livrent à leur provocation quotidienne sur l’esplanade de la mosquée, escortés par les forces d’occupation.
Abu Dis : à l’aube, cette petite ville (que le mur de séparation a amputé d’une partie de ses terres et coupé des hôpitaux et des écoles de Jérusalem), subit une xième agression de l’occupant. Khamis Walid Bahr est fait prisonnier.
Al-Eizariya : à l’aube, l’antique Béthanie subit un assaut des forces d’occupation. Hassam Hussein Faroun et Nizar Iyad Bassa sont emmenés en captivité.
Al-Jib : dans ce village (encerclé par le mur, et dont un quart de la surface a été confisqué au profit de colonies), l’occupant à notifié à trois familles (Abu Hammoud, Abu Dayya et Za’al) qu’elles devaient démolir leurs maisons et leurs magasins, soit dix bâtiments en tout.
Hizma : blocage temporaire des deux accès à la ville.
- CISJORDANIE
Gouvernorat de Bethléem
Bethléem : à 2h40, les forces d’occupation patrouillent dans la cité biblique et la ville jumelle de Beit Sahour, ainsi que dans les camps de réfugiés d’Aida et d’Al-Azza. Selon les accords d’Oslo, ces villes sont censées être sous administration palestinienne.
De 9h15 à 11h, checkpoint à l’entrée sud de la ville.
Al-Walaja : à 17h45, les forces d’occupation investissent le village et notifient à Ahmed Awad Allah l’ordre de démolir un local agricole.
Husan : à 8h45, Muhammad Khalil Hamamra est emmené en détention. Notons que le village est coupé du reste de la Cisjordanie par le mur de séparation qui le borde à l’est.
Tuqu’ : de 18h à 19h05, checkpoint à l’entrée nord de la ville.

Gouvernorat de Hébron
Hébron : à 0h50, raid dans le quartier de Singer (?). L’occupant s’empare de Uday Al-Sharbati.
A 20h15, Hamza Ammar Siyaj (14 ans) est admis à l’hôpital suite à ses blessures et à la main qu’il s’est cassée en tombant alors qu’il était poursuivi par les forces d’occupation.
De 21h20 à 19h05 le lendemain, checkpoint à l’entrée sud de la ville.
Beit Ommar : à 21h, les forces d’occupation en entrée de ville tirent des grenades assourdissantes et lacrymogènes sur la population et les maisons avoisinantes en riposte, selon elles, à des jets de pierre et à un engin explosif artisanal lancé contre un mirador.
Sa’ir : à 10h40, checkpoint à l’entrée de la ville.
Yatta : à 12h30, alors qu’il menait paitre ses moutons, Alaa Atallah Ataimat est blessé dans l’explosion d’un engin suspect abandonné par les forces d’occupation. Il est conduit à l’hôpital d’Hébron.
Gouvernorat de Jénine
Arraba : à 1h40, l’occupant envahit la ville et s’empare de Saleh Al Shamali.
Faqqua : à 13h35, patrouille au village (où l’occupant a prélevé 24 hectares pour la construction du mur).
Silat Al-Harithiya : à 1h10, les occupants assaillent le village et détiennent un habitant, Muhammad Tahainah.
Tura Al-Gharbia : le soir, les forces d’occupation attaquent le village avec leur arsenal habituel (balles en caoutchouc, grenades assourdissantes et lacrymogènes).

Zababdeh, Qabatiya, Araba et Jaba ‘Wassila al-Dhahr : à 23h30, les forces d’occupation patrouillent dans ces villes.
Zbouba : à 15h40, patrouille au village.
Gouvernorat de Jéricho :
Jéricho : de 12h30 à 15h15, checkpoint volant à l’entrée nord de la ville, suivi d’un checkpoint à l’entrée sud de 15h20 à 16h10.
Al-Auja : à 11h10, raid et patrouille au village. Quelque 225 hectares de cette municipalité ont été confisqués au profit de quatre colonies.
Gouvernorat de Naplouse
Route de Ramallah à Naplouse : à 18h10, un groupe de colons caillasse la voiture de Khamis Hashash.
Ezbet El-Tabib : à 9h45, installation d’un checkpoint volant à l’entrée du village.
Burin : à 17h40, affrontement avec les villageois sur qui pleuvent grenades assourdissantes et lacrymogènes.
Deir Sharaf et Beit Iba : à 9h, raid de l’occupant sur ces villages. Une colonie a volé 24 hectares des terres du premier, auxquels s’ajoutent 1,6 hectares confisqués par l’armée.
Madama : à 19h30, installation d’un checkpoint volant sur le pont du village.
Zawata : de 0h50 à 3h15, l’occupant envahit cette petite ville (à cheval sur les zones A, B et C, une partie de ses terres a été confisquée au profit d’une route militaire). Islam Hassan Judeh est emmené en détention.
Gouvernorat de Qalqilya
Azzun : à 9h45 et 17h45, l’occupant installe un checkpoint volant.
Kafr Qaddum : à 22h25, Aql Ramzi Jumaa est arrêté à un checkpoint militaire. Entre 2011 et 2020, 100 villageois ont été blessés à l’un des checkpoints qui les encerclent et 170 y ont été arrêtés et rackettés par l’occupant.
Gouvernorat de Ramallah
Atara : à 18h30, installation d’un checkpoint volant. C’est dans ce village qu’est tombée la doyenne de la répression : Fatima Hassan (95 ans), tuée par balles au volant de son taxi en 2002.
Deir Dibwan : à 18h30, les forces d’occupation investissent la petite ville. La protestation pacifique des habitants suscite en retour le tir de balles en caoutchouc, grenades assourdissantes et lacrymogènes.

Deir Nizam : un groupe venu de la colonie juive orthodoxe de Halamish (qui abrite une école religieuse de préparation à l’armée) expulse Munjid Al-Tamimi de sa terre qu’il était en train de labourer. Alertés, les villageois tentent de chasser les colons mais les forces d’occupation ripostent à coups de grenades assourdissantes et lacrymogènes. Dans la foulée, elles font main basse sur le tracteur du malheureux Munjid. NB – Créée sur 60 hectares volés aux habitants de Deir Nizam, Halamish est situé à proximité du village de Nabi Saleh, célèbre pour son esprit de résistance incarné par la famille Tamimi…
Kafr Malik : à 9h45, un groupe de colons envahit les terres agricoles du village et frappe sévèrement deux agriculteurs, Musa Khalil Amarna et Muhammad Musa Amarna. Contusionnés, ils sont admis à l’hôpital. Il faut savoir que deux colonies ont été construites sur des terres volées à des habitants de ce village et du village voisin de Deir Jarir, en surplomb de la vallée du Jourdain. Chose rare, l’une des deux, Mitzpe Kramim, a été reconnue illégale par la Cour suprême israélienne en août 2020. Elle a accordé un délai de 36 mois pour la démanteler. Cela n’a pas calmé les colons…

Sinjil : à 18h40, installation d’un checkpoint volant.
Gouvernorat de Salfit
Deir Ballut : à 19h, un checkpoint volant est installé à l’entrée de la ville (dont les terres servent de dépotoir à ciel ouvert pour les colonies voisines).
Deir Istiya : à 17h30, un groupe de colons pénètre sur les terres des villageois. Ils lancent des pierres sur Jihad Khaled Mansour et sa femme Amna Rahim Mansour, Pas moins de 7 colonies ont été construites sur des terres volées aux villageois.

A 20h30, à l’entrée du village, un colon tire au hasard sur les passants.
Kafr al-Dik : à 11h20, raid des occupants sur la ville qui ordonnent à Saleh Qusoul de cesser la construction de sa maison. Depuis 1995, quelque 145 hectares de terres ont été confisquées à la ville au profit de 5 colonies.
Qarawat Bani Hassan : à 10h05, checkpoint volant à l’entrée de la petite ville (dont 34 hectares ont été confisqués au profit de deux colonies).
Gouvernorat de Tubas
Tubas : à 21h30, un jeune de 15 ans se blesse et se brûle à la main et au visage en ramassant un objet suspect abandonné par les forces d’occupation deux jours plus tôt.
- GAZA :
Blocus :
Erez, l’unique passage encore autorisé au compte-gouttes à certains particuliers entre Israël et la bande de Gaza, est fermé.
Attaques des forces d’occupation :
A 12h45, les forces d’occupation postées derrière la clôture de séparation à l’est de Jabalia tirent des munitions réelles ainsi que des grenades assourdissantes et lacrymogènes.
Traduit par Philippe G. pour CAPJPO-EuroPalestine, à partir duPalestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ et de en.wikipedia pour les passages en italiques…
CAPJPO-EuroPalestine