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La Palestine au jour le jour : Semaine du 8 au 14 juillet

Un sadisme raffiné. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le comportement de l’occupant face à ces diables de Palestiniens qui refusent de se laisser chasser de leur terre…

Face à la violence meurtrière de l’occupant

Le PMG recense 123 personnes blessées ou contusionnées par l’occupant cette semaine, la plupart à l’occasion de manifestations contre le vol des terres et les exactions des colons. Mais aussi lors de l’invasion de leur maison en pleine nuit ou du fait de la violence gratuite des colons, comme c’est arrivé à Obada Baset, un enfant de 10 ans.

Arrestation à Silwan

Le dimanche 8 juillet à Silwan, quartier de Jérusalem en proie au nettoyage ethnique, Harbi Al-Rajbi (18 ans) sortait de chez lui pour se rendre à la prière de nuit quand des balles de l’occupant le blessent très grièvement dans le dos. En effet des affrontements avaient lieu depuis 21 h, en réaction au déploiement des forces d’occupation à travers le village, au bouclage de la rue principale et à l’installation de multiples points de contrôle militaire rendant tout déplacement problématique. Des résistants ont mis le feu à des poteaux portant des caméras de surveillance et tiré des fusées d’artifice vers les véhicules de l’armée et de la police, tout en les caillassant. Les affrontements se sont poursuivis jusqu’au lundi à l’aube.

Quant à Harbi Al-Rajbi, conduit à l’hôpital au mont des oliviers, il subit plusieurs interventions chirurgicales au cours desquelles on doit lui retirer un rein et une partie de la rate. Les forces d’occupation ont poursuivi Harbi jusqu’à l’hôpital mais il était évidemment intransportable. Déjà arrêté à plusieurs reprises, il avait été sévèrement battu il y a deux semaines en même temps que les autres membres de sa famille lors d’un assaut du magasin de son père. Il est à noter que ce jeune résistant souffre de diabète.

C’est dans ce même Silwan qu’une centaine de familles, soit 1500 personnes, sont sous la menace imminente d’être expulsées.

Beita est un autre haut lieu de la résistance palestinienne. Pour le seul 9 juillet après-midi (de 13 à 19h), le PMG dénombre 93 personnes atteintes par les armes de l’occupant lors d’une marche vers le mont Sobeih. Parmi les 6 blessés hospitalisés, Muhammad Hamayel n’a que 17 ans. Outre les blessés, quelque 260 manifestants sont victimes de suffocation. Les forces d’occupation tirent aussi sur une ambulance du croissant rouge, brisant ses vitres – heureusement sans faire de victime supplémentaire.

Rappelons qu’un avant-poste de colons au mont Sobeih a été évacué provisoirement… mais conservé sous la garde de l’armée en attendant la légalisation promise par Naftali Bennett (voir bilan du 24 au 30 juin). Pas dupes, les habitants continuent à exiger le démantèlement de la colonie doublement illégale (en droit international et israélien).

Le reste de la Cisjordanie n’est pas épargné. Ainsi, le 12 à 4h du matin, l’occupant envahit le camp de réfugiés de Jénine et prend d’assaut de nombreuses maisons. Les habitants protestent et six personnes sont blessées dans les affrontements, dont un jeune de 15 ans, Muhammad Al-Wafa, et une femme, Aya Al-Souqi.

Et ainsi de suite. En l’absence de réaction internationale, pourquoi se gêner ?

Soutenus par l’armée et la police, les colons squattent les maisons, agressent les gens, saccagent les propriétés

Le 10 à 18h20, à Yatta (près d’Hébron), des fanatiques de la colonie de Ma’on lancent des pierres sur Issa Awad, un jeune berger de 14 ans alors qu’il faisait paître ses moutons. Il souffre de nombreuses contusions.

Le 11 à Jalud, près de Naplouse, des voyous de la colonie d’Ahya, établie sur des terres volées au village, détruisent le réseau électrique des habitants. A Yatta, des colons de Ma’on caillassent les bergers et les font fuir sous l’oeil impassible des soldats (pour un Palestinien, lancer des pierres est passible de 15 ans de prison).

Le soir du 11, à Hébron, c’est aussi à coups de pierres qu’un colon de Ramat Yishai blesse un enfant de 10 ans, Obada Baset*.

Le 14 à 10h00, des fanatiques de la colonie de Yitzar fondent sur Burin (Naplouse) et tronçonnent 150 oliviers. Une autre bande de la colonie tire à balles réelles sur Ma’moun Nassar, du village de Madama, dont le tort était de faire paître son bétail. Atteint au pied, il est enlevé par les forces d’occupation et conduit à un hôpital en Israël… en attendant une probable incarcération.

L’occupant kidnappe hommes, femmes et enfants

Quelque 137 civils (dont une femme), coupables de ne pas être juifs, ont (re)fait connaissance avec les geôles israéliennes cette semaine. Parmi eux figure un reporter-photographe, Khaled Al-Zebda, enlevé à son domicile le 14 juillet à 2h du matin à Tulkarem. Trois autres personnes ont connu le même sort lors du même raid.

Le 14 à 2h30 de la nuit, Beita est une nouvelle fois la cible de l’occupant. Lors d’un raid, il prend d’assaut de nombreuses maisons et kidnappe 11 habitants, dont un mineur de 17 ans, Qassam ‘Adili, et deux frères de 20 et 21 ans, Ramiz et Rashed Qawariq. Cette nuit-là, les forces d’occupation ont enlevé en tout 40 civils. Mais impossible de citer tous ces innocent-e-s arraché-e-s à leur foyer !

Main basse sur Jérusalem

Il faut ju-da-ï-ser la capitale de l’hypothétique roi Salomon (dont la légende a été déconstruite par les historiens israéliens eux-mêmes) ! Donc en chasser les habitants séculaires, pour partie probables descendants… des Judéens. Ce qui, en droit international, constitue un crime de guerre.

C’est ainsi que le 8 au matin, Nasser Abu Khudeir se voit notifier l’ordre d’évacuation de sa maison de quatre étages, située dans le quartier de Shuafat. Les 10 familles et 55 occupants ont quatorze jours pour quitter les lieux. Cette démolition fait suite à une demande des habitants de la colonie voisine de Ramat Shlomo, édifiée sur des terres confisquées. Pourtant, après un premier ordre de démolition en 2005, la « Justice » israélienne était revenue sur sa décision en 2015 et l’on avait fait miroiter aux habitants la possibilité d’obtenir le précieux sésame d’un permis de construire. Ils avaient même eu le droit d’ajouter un étage et demi. Ce revirement pourrait être une punition collective, Abu Khudeir étant « dans le collimateur » des renseignements israéliens.

Cette fois, c’est l’occupant qui s’est chargé de la démolition ! A Jabel Mukaber, village au sud de la « ville sainte », Jamal ‘Ajaj a dû détruire lui-même sa maison de quatre étages en construction, qu’il comptait habiter avec sa femme. Il avait 24 heures le lundi pour s’exécuter sous peine d’une amende de 100 000 shekels (25 755 €).

De même, dans la nuit du 12 au 13, Mohammed Al-Hussani a utilisé un bulldozer de location pour démolir la maison de Silwan qui l’abritait avec sa femme, ses deux enfants, ses parents et sa sœur. Toutes ses démarches de régulation ont été vaines et les Israéliens réclamaient 200 000 shekels (quelque 50.000 euros) pour lui rendre le « service » de la démolition.

Punition collective

Le 7 à minuit, soutenues par des dizaines de véhicules militaires, les forces d’occupation envahissent Turmus Ayya, au nord-est de Ramallah. Pendant qu’elles se déploient dans le village, 30 soldats grimpent sur les toits. Tout un commando pénètre en force dans la maison familiale de Montaser al-Shalabi (44 ans) pour exécuter la décision de démolition notifiée à la famille. Motif : Shalabi, emprisonné depuis le 6 juin, aurait tué un colon et en aurait blessé deux autres à un poste de contrôle. Après l’évacuation du quartier et une première explosion à 6h15, la maison était totalement pulvérisée à 8h30. Sous les yeux de l’épouse de Shalabi et de leurs trois enfants…

Destruction d’un cimetière, d’un réservoir d’eau, de magasins, d’entrepôts agricoles…

L’occupant s’en prend aussi aux morts ! Le 8, à Al-Deira (sud d’Hébron), les villageois se voient intimer l’ordre de détruire un cimetière en pleine expansion (et pour cause) avec ses nombreuses tombes. L’occupant leur confisque également leurs deux pelleteuses. Mais où enterrer les corps des victimes de l’occupation ?

Le 11, l’occupant détruit le réservoir d’eau potable du village de Bardala.

Le 12 au matin, à Haris (près de Salfit), des bulldozers détruisent cinq hangars servant respectivement de magasin de légumes, d’atelier de réparation automobile, de magasin d’aluminium, de forge et de menuiserie. Le contenu des bâtiments disparaît sous les décombres, occasionnant une lourde perte matérielle. C’est la 5ème fois que ces hangars sont détruits… et reconstruits par leur infatigable propriétaire.

Pendant ce temps, à Bani Na’im (Hébron), l’occupant pulvérise deux bâtiments agricoles, un puits, une salle de bains et trois murs de soutènement.

A Mughayir, village près de Ramallah, c’est une opération commando de grande envergure qui frappe quatre familles le 14 juillet au matin. Véhicules militaires et civils, bulldozer, camion et pelleteuse accompagnent les soldats pour raser cinq logements (habités par 37 personnes dont 15 enfants au total) et deux étables, Des ouvriers israéliens accompagnent les soldats et s’emparent de trois tentes et d’un tracteur. Aucun préavis n’a été donné.

Au total, on compte 16 maisons démolies et 12 destructions diverses cette semaine – une semaine comme les autres.

L’occupant s’attaque aux humanitaires

Après qu’il les a mis à la rue, l’occupant continue à s’acharner sur ses victimes. Le 11, au nord de la vallée du Jourdain, l’armée empêche le Croissant Rouge de livrer secours humanitaires et provisions aux villageois dont les maisons ont été récemment détruites.

Le 11 à midi, l’occupant s’empare d’une caravane médicale qui prodiguait des soins à plus de 1200 habitants de Yatta*.

L’occupant enferme et harcèle Gaza.

Le 12, Israël annonce un léger assouplissement dans le blocus en vigueur depuis 15 ans.  Il autoriserait sous peu, dit-il, l’importation de matériel de pêche et de matières premières pour l’industrie, ainsi que l’exportation de produits agricoles et de tissus de Gaza vers Israël. Enfin, au passage « Erez » de Beit Hanoun, journalistes, personnel médical et même couples séparés du fait du blocus seraient autorisés à passer.

En attendant, la marine et l’armée israélienne continuent comme avant :

  • Les attaques contre des pêcheurs : le 9 au nord de Gaza et le 13 au large de Beit Lahia et de Jabalia. Bien que les bateaux voguent sagement à moins de 1,5 milles de la côte, ils  essuient des tirs de semonce qui les obligent à fuir. Que vaut alors l’annonce selon laquelle Israël, dans sa grande mansuétude, porterait la zone de pêche autorisée… de 9 à 12 milles, soit la limite internationalement reconnue des eaux territoriales ?
  • Les attaques contre des exploitations agricoles : notamment le 12 à minuit trente.
  • Les tirs contre des personnes : le 8 à minuit trente et le 12 à minuit quinze.

L’occupant entrave.

Aux 108 barrages militaires permanents se sont ajoutés cette semaine 82 checkpoints temporaires. C’est à l’un de ces checkpoints qu’un habitant de Naplouse a été arrêté sous le prétexte… qu’il y avait un couteau dans son véhicule. Il n’avait qu’à manger de la viande hachée  et fu fromage râpé !

Compilé et traduit par Philippe G. pour EuroPalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ et de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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