« Vous êtes ici par erreur, parce que [le premier Premier ministre d’Israël, David] Ben Gourion n’a pas terminé le travail et ne vous a pas expulsés en 1948 », a déclaré le député Bezalel Smotrich aux membres arabes du parlement israélien la semaine dernière.
« C’est la vérité, c’est la vérité », a réitéré Smotrich, demandant tout simplement qu’on supprime l’existence des des citoyens palestiniens d’Israël.
Sheren Falah Saab* s’interroge dans Haaretz : « Mais quelle est la différence, à la fois morale et pratique, entre la déclaration de Smotrich et l’omission du Premier ministre Naftali Bennett dans son discours de l’ONU sur la question palestinienne, ou le mépris de la loi de l’État-nation envers les Palestiniens, comme si la terre avait été vide lorsque la diaspora juive est arrivée ici ? «
« Tous ceux qui voient les êtres humains uniquement comme des représentants d’une chaîne historique d’événements et non comme des créatures de chair et de sang, des gens avec des droits, finiront – ou bien ses enfants le feront – par abattre des oliviers au début de la saison des récoltes.
On ne peut pas continuer à se mettre la tête dans le sable. Nous devons admettre ouvertement que du point de vue de leurs repères idéologiques, il y a une similitude entre les déclarations de Smotrich et la politique du gouvernement envers les Palestiniens. Malgré la rencontre entre les membres du parti Meretz et le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah et les photographies qui promettaient un avenir radieux, les points de discussion officiels du gouvernement restent inchangés. La question palestinienne ne sera pas à l’ordre du jour et Bennett n’est pas intéressé à résoudre le problème moral de base, qui est le contrôle par Israël de millions d’hommes et de femmes à travers une occupation militaire.
Smotrich a ouvert une boîte de Pandore qui touche au cœur de la question palestinienne – la Nakba et le droit au retour. Il existe un lien direct entre les actions du gouvernement et le silence autour des dommages causés aux Palestiniens d’une part, et la déclaration de Smotrich d’autre part. La conclusion évidente est que si Ben Gourion a fait une erreur historique, le jour viendra naturellement où elle devra être corrigée. Par conséquent, la terre doit être nettoyée des Arabes. Les remarques de Smotrich doivent être lues comme impliquant que nous avons besoin d’une deuxième Nakba.
Peut-être pas un dans le style de 1948, mais un plus raffiné et élégant. Ce ne serait pourtant pas moins dangereux. Avec la protection du gouvernement et dans l’esprit de la loi de l’État-nation, Smotrich et d’autres ont le privilège d’inciter à la haine contre les êtres humains. C’est ainsi que la réalité quotidienne en Cisjordanie – les pogroms contre les Palestiniens, le vol de leurs terres, les dommages causés à leurs biens – est tranquillement acceptée en Israël. «
Sheren Falah Saab est une collaboratrice de Haaretz.
CAPJPO-EuroPalestine
