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Palestine occupée : bilan des crimes israéliens du 14 au 20 octobre

Palestine occupée : bilan des crimes israéliens du 14 au 20 octobre

Enfance fusillée 

Encore un jeune tué par l’occupant cette semaine ! Jeudi 14 octobre vers 22h30, Amjad Abu-Sultan est victime des balles israéliennes près de Beit Jala (ville chrétienne proche de Bethléem). En l’absence de témoin oculaire, la seule version disponible est celle fournie par l’armée israélienne : Amjad et un autre jeune, Mohammed al-Arouj (16 ans tous les deux), auraient lancé des cocktails molotov sur une route de la colonisation. A supposer que cette allégation soit exacte, était-il nécessaire de tirer sans sommation pour qu’ils cessent ? Comble de cruauté envers la famille : le corps de Amjad reste détenu par l’armée. Mohammed quant à lui est détenu et toujours en vie. On ignore son état de santé. (voir https://europalestine.com/2021/10/15/les-enfants-palestiniens-une-cible-de-choix-pour-loccupant-israelien/)

Feu sur les manifestants ! 

Cette semaine, 9 Palestiniens ont été blessé-e-s par l’occupant selon le PMG, qui dénombre 37 attaques contre des manifestants et 61 raids sur des villes et villages de Cisjordanie. Le PCHR compte quant à lui 104 incursions israéliennes en Cisjordanie. Difficile de tout recenser ! Au nombre des blessés figure un adolescent de 15 ans, Ahmad Awaisa. C’est alors qu’ils sortaient de leur école, l’après-midi du jeudi 14, qu’Ahmad et ses copains du lycée d’Al-Lubban Al-Sharqiya, près de Naplouse, essuient balles métalliques, grenades assourdissantes et lacrymos. Ils auraient lancé des pierres. Qui a provoqué qui ? 

La porte de Damas à feu et à sang 

Bouclée depuis le jeudi 7 octobre, la porte de Damas, au cœur de Jérusalem, est un autre point chaud. Après les affrontements quotidiens de la semaine précédente, de nouveaux heurts interviennent au soir du 16. Les protestataires sont poursuivis dans les rues avoisinantes et essuient un tir nourri de bombes assourdissantes. Magasins, véhicules et passants sont aspergés de skunk. Police montée et chiens policiers participent à la curée. Trois mineurs sont battus et trainés par terre avant d’être conduits au poste de police. Ils s’appellent Waseem Barani (14 ans), Mustafa Salim (16 ans) et Mosab al-Abeed (16 ans). 

Lundi 18, nouvelle flambée de violence coloniale à la porte de Damas et dans les rues avoisinantes. Cette fois, ce sont les journalistes Ahmed Abu-Sbaih et Nisrin Salem, témoins gênants, qui sont renversé-e-s, battu-e-s, trainé-e-s au sol, en même temps que Lamiaa et Sajida, mère et sœur de cette dernière. Au cours de cette attaque, qui dure plusieurs heures, des dizaines de Palestiniens sont suffoqués, voire évanouis sous l’effet des gaz lacrymogènes et du liquide nauséabond. D’autres dizaines, mineurs ou majeurs, sont battus à coups de gourdin. Sept sont arrêtés en plus des deux journalistes.

Mardi 19, vers 16h, les soldats attaquent à coups de bombes assourdissantes les fidèles en pleine célébration de l’anniversaire du prophète Mohammed (voir article et photos https://europalestine.com/2021/10/20/attaque-des-forces-doccupation-israelienne-lors-de-fetes-religieuses-musulmanes/). Là encore femmes, enfants, vieillards sont coursés par la police montée, commerces et passants sont aspergés de skunk. Pendant des heures, l’armée tire à balles réelles sur les protestataires. Une femme âgée compte parmi les blessés. Rami al-Razem (20 ans) a droit à un traitement soigné : jeté au sol, les soldats déchirent ses vêtements, le tabassent et lui cassent la figure. Quelque 23 Palestiniens sont arrêtés, dont 17 mineurs. 

La toile carcérale s’étend 

Jeudi 14, à 3h30 du matin, l’armée prend d’assaut plusieurs maisons du camp de réfugiés d’Aroub, à Hébron, et enlève 8 habitants dont un mineur, Ahmad Abu Sharar, kidnappé en même temps que son père. A 5h20, autre rafle à Beita (toujours en lutte contre la colonie d’Evyatar) : parmi les trois villageois arrêtés figurent deux officiers des forces de sécurité palestiniennes. Le 16, c’est un officier de la garde présidentielle palestinienne qui est arrêté…

Le 18 à 2h du matin, l’occupant s’attaque à Beit Fajjar, au sud de Bethléem, et s’empare de Seif Taqatqah (14 ans). Mais il n’y a pas de limite d’âge ! Ahmed Katamesh, enlevé à domicile le 18 à 3h20, est un chercheur en sciences politiques et ex-détenu politique de 70 ans. Le 19, c’est Mustafa Abu Zahrah (69 ans), responsable d’une commission chargée de la protection des cimetières musulmans, qui est arrêté à Jérusalem Est. L’occupant ne veut pas plus de musulmans sous terre que sur terre ! Au total, « la seule démocratie du Proche-Orient » s’est emparée de 105 détenus politiques supplémentaires cette semaine… 

Trésors de guerre 

Le saccage des maisons et les perquisitions ne sont pas toujours effectués gratuitement. Le 20 octobre à 1h30, un commando motorisé investit Beit Ommar, au nord d’Hébron. Plusieurs maisons sont prises d’assaut. Chez Mousa Abu Dayya, les soldats font main basse sur 3000 shekels et 2000 dinars jordaniens. Chez Adam al-Khalil, après avoir consigné la famille dans une pièce, ils fouilllent méthodiquement la maison et s’emparent de 1000 shekels. Un peu plus tard, les soldats pénètrent dans Hébron. Ils envahissent la maison de Adnan Ali al-Haymouni et le font prisonnier, non sans mettre la main sur un beau butin composé de pièces d’or et de 5000 shekels. 

La loi des bulldozers 

Cette semaine, l’occupant a mené onze chantiers de démolition, soit avec ses propres bulldozers, soit en contraignant des Palestiniens à détruire eux-mêmes leurs propres biens.

Démarrage en fanfare le 14 : à 0h00, gros déploiement de bulldozers et de véhicules militaires près du checkpoint de Qalandia. Après avoir dispersé la population à grand renfort de grenades assourdissantes, les engins rasent 27 échoppes ainsi qu’un magasin de fruits et légumes et une station service avec laverie pour voitures. Il fallait faire place nette pour agrandir le checkpoint, creuser un tunnel reliant deux routes réservées aux colons, prélude à la construction de 10 000 nouveaux logements sur les terres confisquées de l’ex-aéroport. En effet, c’est sur les terres de ce village, entre Ramallah et Jérusalem, qu’était situé l’unique aéroport civil de Palestine sous le mandat britannique. Annexé en 67, l’aéroport a fermé en 2001, remplacé par une base militaire et une zone industrielle coloniale.

Plus tard, à 7h, c’est toute une communauté bédouine, installée là depuis 20 ans, qui est démantelée au nord-est de Ramallah. En un temps record, l’entreprise privée chargée du pillage transforme sept familles en sans abris, emportant tentes, baignoires, cuisines, réservoir et abreuvoir. L’occupant cible aussi la voirie. Le 16, à l’est de Tubas, les bulldozers détruisent sans prévenir une route pavée de 1600 mètres qui avait coûté 130 000 $ à l’Etat palestinien. Le 19, une autre route pavée est pulvérisée à Ya’bad, près de Jénine.

Souvent, l’occupant joue au chat et à la souris. Le 16, à Jérusalem Est, sur ordre des autorités, Hamzah et Mohammed Bazbazat démolissent la salle de séjour attenante à leur maison. La pièce a été construite en 1998 sans problème. Mais, à partir de 2005, la municipalité inflige des amendes à la famille pour cette construction « sans permis » (impossible à obtenir) : 75 000, 25 000, 15 000, 17 000 shekels, les pénalités s’accumulent pendant que la famille entreprend les démarches pour une régularisation. Soudain, en 2018, la municipalité déclare que toute régularisation est impossible. L’affaire est portée devant la « Justice » et la cour ordonne de détruire… le toit, transformant le salon en simple terrasse. Mais quand la famille s’exécute, la municipalité exige cette fois de détruire les murs. Sans toit ni murs, le salon sera moins habitable… forcément. 

Colons enragés 

Quelque 22 attaques de colons ont été signalées cette semaine : agressions contre des bergers ou des paysans récoltant leurs olives, arrachage ou élagage sauvage d’oliviers, vol de récoltes et d’outils agricoles, caillassage de maisons et de véhicules, incendie de terres agricoles et de véhicules,A cela s’ajoutent les provocations quasi quotidiennes à l’encontre des fidèles sur l’esplanade des mosquées de Jérusalem. Souvent, l’armée vient à l’appui des colons comme le samedi à l’est de Yatta, quand ces derniers ont attaqué des villageois qui tentaient de rejoindre leurs terres. Tandis que les colons « pourrissent » la vie des habitants de Cisjordanie, l’extension des colonies se poursuit sur de nouvelles terres volées. Ainsi, le samedi après-midi, des activistes de la colonie de Mafu’ut Jericho établissent un nouvel « avant-poste ». Dimanche, une autre bande de colons tente de s’emparer de terres appartenant à des bédouins entre Jéricho et Ramallah, mais l’agresseur est éconduit. Mardi, après avoir coupé des dizaines d’oliviers, des agitateurs de la colonie de Shavei Shomron construisent une route de 3 km de long sur 8 mètres de large au beau milieu de terres agricoles. Cette colonie est édifiée sur les terres de trois villages au nord de Naplouse.

 Dans Gaza assiégée 

Encerclée, soumise au blocus depuis 14 ans, sous la surveillance constante, menaçante et vrombissante des drones, privée d’eau potable, le plus souvent sans électricité… les inoffensifs bateaux de pêche ont encore subi des attaques de la marine de guerre les jeudi et dimanche. Les terres agricoles ont encore été visées samedi et dimanche. Lundi matin, véhicules militaires et bulldozers couverts par l’aviation ont pénétré à l’intérieur des terres gazaouies pour effectuer des travaux de terrassement. Au soir du vendredi, deux Gazaouis qui tentaient de s’évader du camp de concentration ont été interceptés à la frontière. L’un des deux, Amjad Abu-Jrayida, n’a que 17 ans. 

Checkpoints en Cisjordanie

Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés cette semaine 66 checkpoints volants et 6 fermetures temporaires d’axes ou carrefours stratégiques.  

Mais la résistance continue partout.

Même s’ils ne disposent pas d’armes, les Palestiniens continuent à lutter partout et par tous les moyens. Ainsi, dans le quartier de Silwan à Jérusalem, le pétards sont de sortie :

Et lors de la collecte des olives dans le village de Yasuf en Cisjordanie, le courage des Palestiniens face aux colons et à l’armée en ce mois de récolte :

(Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ , de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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