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Le vent tourne pour Israël. Si même le New York Times s’y met…

« La semaine dernière, le New York Times a publié un article important sur Israël, un récit de voyage de dix jours de Patrick Kingsley qui montrait à quel point la société est profondément corrompue par l’apartheid », rapporte Mondoweiss.

Le vent tourne pour Israël. Si même le New York Times s'y met...
Patrick Kingsley, correspondant du NYT à Jérusalem, lors d’une apparition à l’Université Harvard Capture d’écran de Youtube.

« L’article, intitulé « À qui appartient la terre promise ? Un voyage à travers un Israël divisé », commence par un kibboutznik de 86 ans disant qu’Israël « n’est pas l’enfant pour lequel nous avons prié « , et soulignant le site d’un village arabe qui a été anéanti par la création d’Israël. Kingsley se déplace ensuite vers le sud à travers Israël, et il écoute des témoignages troublants de discrimination et de malaise. D’une manière subtile et journalistique, Kingsley montre que l’apartheid s’est infiltré dans tous les recoins de la société israélienne : « Nous avons trouvé un pays encore aux prises avec des contradictions laissées en suspens à sa naissance, et avec les conséquences de son occupation. . . « 

L’article est important car il viole deux interdictions.

Premièrement, comme d’autres grands médias américains, le New York Times a fait tout son possible pour enterrer l’accusation d’« apartheid » portée contre Israël par les principaux groupes de défense des droits humains plus tôt cette année.

Kingsley connaît la vérité, et bien qu’il n’utilise le mot qu’une seule fois, il fait passer cette réalité à ses lecteurs comme un récit de voyage.

Deuxièmement, Israël et son lobby maintiennent que la question palestinienne « rétrécit », en particulier avec les accords de normalisation qu’Israël a signés avec les monarchies arabes. Les politiciens israéliens n’ont pas débattu de la question palestinienne lors de la récente série d’élections. Or, cet article souligne que la question est existentielle ; Kingsley révèle un pays défiguré par l’apartheid, avec des angoisses qui s’enfoncent à tous les niveaux de la société.

Sans surprise, le groupe de pression pro-israélien CAMERA a réagi avec colère, avec une campagne Twitter insipide insistant sur le fait que les Israéliens sont des gens heureux, pas les Israéliens « tristes » dont Kingsley parle. Et le Jerusalem Post pousse aussi désespérément l’histoire d’Happy Israel.

L’article ne concerne pas les Israéliens « tristes ». C’est un portrait magistral de la façon dont la discrimination s’est enfouie dans la vie quotidienne d’Israël. Il est partout et semble nuire à la société. Les ressentiments ne sont pas uniquement dus à la discrimination anti-palestinienne. L’une des personnes interrogées par Kingsley parle avec émotion de la façon dont certains Ashkénazes, ou Juifs d’ascendance européenne, méprisent les Juifs dont les ancêtres sont originaires du Moyen-Orient, ou Mizrahim. « Tout le monde nous traite comme des déchets», dit une femme mizrahi dont le fils s’est suicidé il y a 30 ans, « après que le père de sa petite amie ashkénaze lui a interdit de sortir avec un garçon mizrahi ».

Kingsley s’arrête dans la ville côtière de Haïfa, souvent citée comme un exemple de coexistence judéo-palestinienne, et constate qu’elle « reste aussi occupée que la Cisjordanie ». Il emprunte « des routes construites sur les ruines d’un quartier arabe démoli après la guerre de 1948 » pour rencontrer la poète palestinienne Asmaa Azaiezeh : Chaque fois qu’elle se rend en ville, les immeubles de bureaux construits dans le quartier arabe détruit soulignent son sentiment d’aliénation, lui rappelant que la plupart des habitants arabes ont fui la ville en 1948.

« Ils me disent en face que ce n’est pas à vous. Ce n’est qu’une fois que les Juifs israéliens auront reconnu que sa ville est occupée, a-t-elle dit, qu’une discussion significative pourra commencer sur l’avenir. Elle espère que l’avenir apportera un seul État pour les Israéliens et les Palestiniens, avec des droits égaux pour tous – une idée que la plupart des Juifs israéliens rejettent parce que cela signifierait la fin d’Israël en tant qu’État des Juifs.

Kingsley rend ensuite visite à un romancier israélien à Tekoa, en Cisjordanie occupée, et nous fait savoir à quel point il est difficile pour les Palestiniens de qe déplacer. Les Palestiniens peuvent passer des heures aux postes de contrôle en Cisjordanie – mais avec nos plaques israéliennes, nous avons à peine remarqué quand nous sommes entrés sur le territoire.

La romancière, Daniella Levy, n’est pas à l’aise avec l’occupation, mais dit à Kingsley qu’il est temps pour les Palestiniens de « passer à autre chose ». Il trouve évidemment ce conseil absurde : Pour les Palestiniens de l’autre côté de la vallée, dont certains ont également été rencontrés ce jour-là, la colonie elle-même est un obstacle à la confiance et un exemple de système juridique à deux vitesses qu’il compare à l’apartheid. Tekoa a été construit dans les années 1970 et 1980 après qu’Israël eût transformé le site en zone militaire fermée, bloquant l’accès aux Palestiniens qui, bien que dépourvus de titre formel sur la terre, l’avaient cultivée pendant des générations.

Les nombreuses colonies remettent en question « toute possibilité de créer un État palestinien contigu », note-t-il, une autre vérité que le New York Times a passé des années à obscurcir.

Kingsley rencontre également un rappeur éthiopien qui « a été détenu [par la police] plus de fois qu’il ne s’en souvient », et visite le village d’Arakib dans le Néguev à temps pour voir des bâtiments démolis pour la 192ème fois. Il décrit le « nettoyage ethnique » sans dire les mots : La famille al-Turi descend des nomades arabes bédouins qui ont sillonné la région pendant des siècles et se sont ensuite installés dans le Néguev avant la fondation d’Israël. Israël dit que la plupart des Bédouins n’ont aucun droit à la terre…

Le lobby ne veut pas voir la vérité. La Nakba était le péché originel de l’État juif qu’il n’a jamais accepté. Kingsley le sait, et à cette occasion de toute façon, il considère que son travail est de le dire aux Américains.

P.S. Les temps changent. Rappelons cet article du magazine du dimanche « The Unraveling of American Sionism » (L’effritement du sionisme américain), de Marc Tracy, qui fait état de cette lettre rabbinique de 93 étudiants en mai dernier ( https://docs.google.com/document/d/17iNzy0uThn6YECqiBx9t_R-WAHF7m2Kkxxiq8v0IfPA/edit ) lors de l’attaque israélienne contre Gaza, qui condamnait Israël comme un État d’apartheid.

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Mondoweiss

CAPJPO-EuroPalestine