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Soutien à Shahar, jeune refuznik israélienne qui ne se laisse pas bâillonner

Nous avions parlé, en août dernier, de cette jeune refuznik israélienne Shahar Perets, emprisonnée par Israël pour refus de servir dans l’armée d’occupation (https://europalestine.com/2021/08/29/shahar-jeune-refuznik-israelienne-nous-ecrit-pourquoi-elle-refuse-de-faire-son-service-militaire/). Elle nous écrit à nouveau parce qu’elle a été condamnée à un troisième séjour dans une prison militaire, où elle vient de célébrer ses 19 ans. Elle explique comment Israël fait tout pour réduire au silence les opposants politiques israéliens.

Soutien à Shahar, jeune refuznik israélienne qui ne se laisse pas bâillonner

Bonjour,

Je m’appelle Shahar. La dernière fois que je vous ai écrit, c’était avant d’être envoyée en prison pour la première fois pour mon refus de m’enrôler dans l’armée israélienne. Je viens de passer mon 19e anniversaire derrière les barreaux et j’ai déjà purgé deux peines de prison et passé 28 jours en prison. Jeudi dernier, j’ai été de nouveau jugée et condamnée à 30 jours de prison supplémentaires.

Je continuerai à faire face à des incarcérations récurrentes pour mon refus de coopérer avec l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Je vous écris aujourd’hui de chez moi car dans la prison militaire nous n’avons pas le droit d’écrire. Lorsque je suis arrivée à la prison militaire pour la première fois, j’ai apporté avec moi un étui à crayons, mais il m’a été retiré.

Au fil du temps, j’ai réalisé que les heures spécifiques considérées comme appropriées pour l’écriture dépendent beaucoup des caprices des gardes. Certains jours, je ne pouvais obtenir un stylo que pendant 10 minutes ; le samedi ou les jours fériés, vous ne recevez pas de stylo du tout. La vie privée est un luxe que je n’ai pas en tant que prisonnière et je n’avais pas le droit d’écrire quoi que ce soit sans que le reste des détenus, des gardes et des commandants puissent voir ce que j’écris. À la fin de ma peine de prison, je suis rentrée chez moi avec tous mes cahiers complètement vides. En prison, l’écriture est en soi une forme d’activisme. En me privant de la possibilité d’écrire en prison, les autorités pénitentiaires ont entravé ma capacité à documenter ce qui se passe derrière les barreaux, à rédiger des articles, à développer des idées. L’armée ne veut pas que j’écrive, parle ou partage mes pensées. Ils essaient de me faire taire.

La réduction au silence des opposants politiques est une petite partie d’un modèle de comportement plus violent : la réduction au silence de la lutte palestinienne pour les droits de l’homme en Cisjordanie et à Gaza. Les arrestations de Palestiniens qui parlent et agissent contre les actions militaires violentes israéliennes et les oppressions violentes par l’armée des manifestations pacifiques palestiniennes ne sont que deux exemples emblématiques d’une politique générale visant à réprimer toute parole, action, critique ou objection de la part des Palestiniens.

Et donc, il n’est pas surprenant que pour cacher la vérité sur l’occupation, Israel essaie de faire taire ceux d’entre nous qui s’y opposent. Mais c’est ce silence, cette tentative d’effacer, de cacher et de nier ce qui se passe réellement, qui me rend fière de déclarer publiquement mon refus. Bien que je ne puisse pas écrire à ce sujet depuis la prison, je suis heureuse de pouvoir partager mon message avec vous maintenant, même si c’est de chez moi, entre deux incarcérations « 

En solidarité,

Shahar

Le droit international exige le droit à l’objection de conscience au service militaire. Il s’appuie sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de confession. Mais Israël ne connait pas… comme d’habitude !

CAPJPO-EuroPalestiine