Mineurs blessés par balle
Cette semaine, plus d’une quarantaine de Palestiniens de Cisjordanie ont été blessés par l’occupant, dont 11 assez sérieusement. Six mineurs (dont le nom n’a pas été révélé) figurent parmi ces derniers.
Jeudi, à 7 h du matin, les forces d’occupation expulsent les élèves des écoles dans les villages de Al-Lubban ash-Sharqiya et As-Sawiya, près de Naplouse. Cette attaque contre le droit à l’éducation provoque une manifestation des jeunes et l’occupant répond aux pierres par des balles métalliques et des balles réelles. Un jeune de 14 ans est atteint à l’oeil gauche et un autre de 15 ans est touché à la tête par deux balles métalliques.
Vendredi, à 12 h 20, le bouclage par l’armée du village de Kafr Qaddum provoque un mouvement de protestation. Sur les 6 blessés par balles, deux mineurs sont touchés aux membres. Le lendemain, le scénario se répète et ce sont à nouveau deux mineurs qui sont blessés aux membres.
La case prison, passage quasi obligé
Quelque 850 000 Palestiniens ont connu les geôles israéliennes depuis 1967, chiffre à rapprocher des 2 160 000 Palestiniens vivant en Cisjordanie ! Pour les hommes cisjordaniens, la case prison est quasiment un passage obligé. Cette semaine, au moins 83 habitants de Cisjordanie et de Gaza les ont rejoint à l’occasion, notamment, de 156 raids et attaques de l’occupant. Quatorze incarcérés sont mineurs.
Jeudi, à 1 h du matin, l’armée pénètre dans la camp de réfugiés de Qalandia et envahit la maison des Zayed. Elle repart en emmenant Robin (18 ans) et son frère Ra’ed (17 ans).
A 2 h, 11 habitants d’al-Issawiya, haut lieu de la résistance à Jérusalem, sont enlevés au cours d’un raid. Parmi eux, deux jeunes de 16 ans : Mohammed Attiya et Tayseer Muhaisen.
Le soir, Qusai Sabarneh (17 ans) est enlevé près de la colonie de Karmi Tzur à Beit Ommar.
Vendredi à 20 h, Mohammed al-Ghoul (17 ans) est kidnappé à son domicile de Silwan, l’un des faubourgs de Jérusalem livrés à la colonisation.
Mardi à 4 h 20, trois autres habitants de Silwan sont tirés du lit et emmenés en détention, parmi lesquels Abdul Hammad (16 ans) et Mahmoud Hammad (17 ans).
Dimanche à 2 h, Jamal al-Mughrabi (17 ans) est kidnappé à son domicile du camp de réfugiés d’al-Arroub, au nord d’Hébron.
Lundi à 2 h30, Omar al-’Anati (17 ans) est enlevé dans le village dont il porte le nom. Proche de Jérusalem, Anata est presque complètement encerclé par le mur.
Mardi à 4h25, lors d’un raid sur le village de Silwad, près de Ramallah, deux adolescents sont enlevés : Abd al-Rahman Hammad (16 ans) et Mahmoud Hammad (17 ans).
A 13h30, Baha’ Tanouh (17 ans) est kidnappé par l’occupant alors qu’il rentrait du lycée à Bethléem.
Mercredi à 10 h, Bassam Abu Sbeitan (16 ans) et Ayham Abu Jum’a (17 ans) sont enlevés lors de la perquisition de leurs maisons à al-Tur, quartier de Jérusalem.
Notons aussi que jeudi, le gouverneur de Jérusalem, Adnan Ghaith, voit son assignation à résidence renouvelée pour quatre mois. Il lui est reproché d’avoir des contacts avec les leaders palestiniens et de fournir des fonds aux habitants de Jérusalem. Bref, de faire son boulot…Comble de l’humour noir : pour son mariage ce même jour, les services de renseignement adressent à Mahdi Badawna une convocation… accompagnée d’un bouquet de fleurs.
Logements à gogo pour les colons
Jeudi, les autorités d’occupation autorisent la construction de 372 nouveaux logements à Kiryat Arba. Située en bordure d’Hébron, cette colonie est un foyer d’ultra-orthodoxes. Le massacreur Baruch Goldstein en est originaire.
Mais c’est autour de Jérusalem que la « colonisation de refoulement » (pour écrire comme Henry Laurens) fait rage. Vendredi, le maire israélien annonce que le gouvernement autorise la construction de 2000 nouveaux logements dans une colonie implantée sur la « colline française ». Sur 15 hectares, les constructions comprendront des magasins et des habitations pour étudiants et jeunes couples autour de la ligne de tramway (dont Alstom s’est retiré suite à une campagne BDS).
Ordres de démolition pour les Palestiniens de Jérusalem
Pendant ce temps, les ordres de démolition continuent à pleuvoir sur les habitants de Jérusalem Est. Rien qu’à Silwan, les autorités d’occupation ont délivré 6817 de ces ordres au cours des dernières années. Dimanche, des dizaines de familles ont vu leur appel rejeté par la « Justice » israélienne et l’ordre de démolition confirmé pour 58 maisons au profit de l’extension d’une colonie. Soit 620 personnes à la rue ! Par ailleurs, 26 autres maisons doivent être détruites en vertu de la loi Kaminitz.
Adoptée en 2017, celle-ci alourdit encore les amendes et permet d’expulser les Palestiniens sans recours judiciaire possible.
Jeudi, toujours à Silwan, c’est la maison à deux étages de la famille al-Rajabi qui est dans le collimateur. Le premier étage abrite un centre médical où travaillent 26 médecins, infirmiers et administratifs, et qui dessert 6000 habitants. Les quatre appartements du deuxième étage sont occupés par 30 personnes, dont 12 enfants. Dans son combat pour sauver l’immeuble, la famille a déjà versé plus de 300 000 shekels (83 880 € – 22 fois le revenu annuel palestinien par habitant) d’amende et encore 50 000 shekels pour reporter la décision de démolition. Elle en appelle maintenant à la Cour Suprême.
Mardi, c’est encore à Silwan que la famille Zaytoun est réveillée au petit matin par un grand déploiement de forces qui massacrent à la tronçonneuse la maison de bois édifiée sur le toit du domicile familial. Cette même semaine, deux habitants des environs de Jérusalem ont dû démolir eux-mêmes leur maison sous peine d’amende.
Détruire l’économie palestinienne
Lundi, dans la zone industrielle d’Anata, les bulldozers s’attaquent aux installations de l’entreprise Ziad, comportant hangars, véhicules de chantier et matériaux de construction. La perte est estimée à 600 000 shekels.
A Beit Hanina, autre village voisin de Jérusalem, ce sont les bureaux et les magasins d’un revendeur de dattes qui sont pulvérisés (sans préavis) avec leur contenu par les forces spéciales et la police des frontières. Même les camions de livraison, les outils et… les arbres alentour y passent. Le saccage est effectué en dépit de la décision du tribunal de district de suspendre l’avis d’expulsion. Raison invoquée : la « loi des absents », qui permet à Israël de faire main basse sur les propriétés des Palestiniens expulsés ou ayant fui les massacres. Douze familles se retrouvent privées d’emploi.
La vallée du Jourdain fait aussi partie des zones dont il faut faire partir les habitants par tous les moyens. Dimanche, à l’est de Tubas, l’occupant détruit au bulldozer une canalisation irriguant les cultures palestiniennes. Mercredi, 4 camions grues et 42 véhicules de l’administration sont mobilisés pour dépouiller des paysans que l’on veut expulser de la vallée : les occupants repartent avec leurs 6 tracteurs, 3 camions, 5 voitures et 4 citernes.
Provocations coloniales
Les colons de leur côté ne restent pas inactifs. Outre leurs injures quasi quotidiennes proférées sur l’esplanade des mosquées sous haute protection policière, jeudi, la fête de Hanouka est prétexte à de nouvelles provocations. Ainsi, dans le quartier de Sheikh Jarrah, une bande de colons vandalise les peintures murales qui ornent la maison de Nabil al-Kurd, père de Mohammed et de sa soeur Muna. Ces héros de la résistance du quartier sont même cités par le Time Magazine dans le top 100 des personnalités les plus influentes de l’année 1921. Cette popularité déplait fort aux sionistes qui, pour se venger, tentent de dresser devant la maison un chandelier à sept branches géant devant la maison. Malgré la protection des soldats, c’est raté : les habitants ne se laissent pas faire !
A Nabi Samuel, véritable « village gaulois » palestinien encerclé par les colonies, la fête de Hanouka est aussi le prétexte pour ériger un chandelier géant… sur le toit de la mosquée. A ras-al-Amud (sur le mont des oliviers, à Jérusalem), une bande joue les cowboys en tirant indistinctement sur les passants. Au nord de la vallée du Jourdain, un autre colon – cowboy écrase… trois vaches. A Al-Lubban Al-Sharqiya (près de Naplouse), jeudi soir, les colons bloquent l’entrée du village avec leurs voitures. Mardi, ils profèrent insultes et provocations et les soldats viennent en renfort pour tabasser les villageois. Que fait la police ? Mercredi, des colons s’en prennent à la clôture qui protège la tombe supposée de Loth, personnage de la Génèse vénéré des trois monothéismes. En Palestine, le fusil voisine souvent avec la Bible…
La Cisjordanie entravée
Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés une soixantaine de checkpoints temporaires et au moins 5 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie. Quatre Palestiniens ont été enlevés à ces checkpoints.
Dans Gaza assiégée
A Gaza, du fait du blocus, le taux de chômage atteint 45%, 53% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 62% souffre d’insécurité alimentaire (source : ONU). Parallèlement, les violations israéliennes du cessez-le-feu sont quotidiennes.
– Alors qu’ils naviguent à moins de trois milles des côtes (la limite autorisée par les accords d’Oslo est de 20 milles), d’inoffensifs bateaux de pêche ont encore été attaqués par la marine de guerre les jeudi, vendredi, dimanche. Vendredi, au large de Rafah, un garde-côtes arraisonne un bateau de pêche, le confisque, et fait prisonniers ses cinq occupants, membres de la famille Rajab al-Hesi, parmi lesquels Mohammed (15 ans). Ils seront relâchés le lendemain mais le bateau ne leur sera pas rendu.
– Des terres agricoles ont encore été visées par des soldats campés derrière la ligne de démarcation les jeudi, dimanche et mardi.
– Des engins de chantier couverts par des véhicules militaires et des avions de reconnaissance ont pénétré mardi en territoire gazaoui pour se livrer à des travaux de « terrassement ».
– Lundi, au passage d’Erez, unique point de communication avec Israël pour les personnes, la police des frontières arrête un négociant qui disposait pourtant d’une autorisation de se rendre en Israël dans le cadre de ses activités.
Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ .
CAPJPO-EuroPalestine