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Palestine occupée : Les crimes israéliens du 9 au 15 décembre

Nouveaux assassinats de manifestants 

Il s’appellait Jamil Abu ‘Ayyash. Il avait 32 ans et faisait partie de ces villageois qui résistent par des manifestations non violentes, chaque vendredi, au vol d’une partie de leurs terres par des colons fanatiques d’Evyatar, sur le mont Sobeih. Il est le neuvième en 8 mois assassiné par les sbires de l’envahisseur. Le meurtrier en uniforme l’a touché d’une balle DERRIERE la tête, tirée à 50 mètres, alors que sa victime s’éloignait. Les manifestants, qui se contentaient d’agiter des drapeaux et de chanter des slogans, ont été surpris par des soldats postés qui ont immédiatement lancé des lacrymogènes avant de passer à des projectiles mortels quand les manifestants ont riposté par des cailloux. 

Palestine occupée : Les crimes israéliens du  9 au  15 décembre

Quatre autres villageois ont été blessés et 52 suffoqués par les gaz lors de ces affrontements. Mais Beita résiste toujours…Dimanche, peu avant minuit, un raid nocturne contre des maisons dans la vieillle ville de Naplouse tourne au drame. Les protestataires essuient toute la panoplie de la répression, dont des balles réelles qui blessent à mort Jamil Kayal (31 ans). Deux autres manifestants sont écrasés par une jeep de l’armée. Leurs jours ne sont pas en danger. Au total, 14 Palestiniens de Cisjordanie ont été blessés par l’occupant cette semaine, dont 10 le vendredi, jour férié propice aux manifestations. Ainsi, à l’entrée de Kafr Qaddoum, les balles métalliques de la répression causent six blessés, dont deux mineurs. Le lendemain, au même endroit, deux autres habitants sont blessés, dont un mineur. Les habitants protestent contre la fermeture, depuis 2003, de la route qui relie leur village à Naplouse, obligeant les fermiers à traîner à pied leur matériel agricole. 

Dimanche, lors d’un raid sur Qalqas, près d’Hébron, deux habitants sont emmenés en détention. L’un d’eux, Ahmed Salhab, est passé à tabac au moment de son enlèvement et doit passer par la case hôpital. Mardi, près de la colonie Einaf, dans le gouvernorat de Tulkarem, pour une raison inconnue, les soldats tirent sur Yamen Belbeisi (15 ans) et le blessent. 

Haro sur les universités 

La rage d’enfermer les autochtones a été particulièrement virulente cette semaine. Ils sont 124 à avoir rejoint les plus de 4600 prisonniers politiques palestiniens que détient « l’Etat nation du peuple juif ». Quatre d’entre eux sont mineurs, notamment Abdul Rahman (16 ans), de Turmusaya, intercepté dimanche à un checkpoint, et Ziyad Jabara (16 ans), piégé le lendemain au même endroit !

Outre les mineurs, les étudiants sont dans le collimateur. Jeudi à 1h du matin, Israël marque son amour de l’éducation en arrêtant chez eux six étudiants de l’université nationale An-Najah à Naplouse. Leurs âges s’échelonnent entre 21 et 25 ans. Selon Wikipedia, cette université « rivalise avec les meilleures universités au niveau international ». Pas de quoi ravir l’occupant…Mardi, vers 4h du matin, un autre déploiement de militaires prend d’assaut l’université de Birzeit. Les assaillants forcent les cinq membres de la sécurité à donner leurs portables et à déverrouiller les portes. Un agent récalcitrant, Ahmed Hamdan, a droit à un tabassage en règle. Les soldats s’emparent de matériel scientifique. 

Deux heures plus tard et non loin de là, à Kafr Ni’ma, c’est une unité des Mista’arvim, célèbres « escadrons de la mort », qui stationnent incognito près de la mosquée pour arrêter l’étudiant et ancien prisonnier Osaid Abu ‘Adi. 

Enlèvements à répétition 

A 3h30, à al-Issawiya, faubourg de Jérusalem, l’armée enlève notamment un cadre du Hamas, Abdul Karim Ayyad, en même temps que son fils. Le soir, dans le quartier de Shu’afat, toujours à Jérusalem, un homme de 80 ans Abdul Latif Ghaith, figure parmi les cinq hommes arrêtés. Les autres ont entre 58 et 65 ans. Relâché au bout de quelques heures, il se voit assigné à résidence.

Dimanche à 1h du matin, grand déploiement de militaires au sud d’Hébron : Israël déclare la guerre à la famille Salhab. Les membres de la fratrie sont regroupés chez Mahmoud (54 ans), dont le fils Ibrahim (14 ans) est jeté à terre. Les soldats s’acharnent à coups de crosse sur Oussama (25 ans) et Mohammed, qui tente d’intervenir, est frappé à son tour. Finalement Oussama, la tête en sang, perd connaissance et est conduit en ambulance vers un centre de soins en Israël. Ahmed (26 ans) et Anas (25 ans) sont emmenés en détention. Les autres blessés sont conduits à l’hôpital local.

Un peu plus tard, à al-Issawiya, Medat al-Issawi (48 ans) est tiré du lit pour rejoindre un endroit qu’il connait bien : ayant purgé 26 ans d’emprisonnement, il n’était sorti que depuis quatre mois ! Lundi, à 2h30, deux autres anciens prisonniers sont ré-arrêtés lors de la perquisition de leurs maisons à Beitunia : Hasan Dar Khalil (66 ans), cadre du Hamas, et Nour al-Qadi (31 ans). Mardi à 3h40, à Deir Abu Masha’al, près de Ramallah, ce sont encore trois anciens prisonniers qui sont raflés à domicile : Mohammed Zahran (41 ans), Nidal ‘Atta (33 ans) et Mahdi al-Barghouthi (26 ans)

Lundi à 1h, un camion-grue escorté par des véhicules militaires s’attaque à la maison de Kamal Ghaith à Hébron. Ils font sauter la porte, s’emparent d’un matériel d’impression d’une valeur de 100 000 shekels et enlèvent le propriétaire dont ils n’apprécient pas les écrits.

A 2h, les occupants perquisitionnent la maison des al-Fakhouri dans la vieille ville de Jérusalem. Ils tombent sur une photo du père d’Eman, tué les armes à la main lors d’une fusillade à Sheikh Jarrah. Insultée par les troufions, Eman réplique, ce qui lui vaut d’être conduite dans une pièce voisine en vue d’être fouillée à nu par l’élément féminin du commando – ce à quoi elle s’oppose énergiquement. Rami, son mari, tente de voler à son secours et récolte une volée de coups pour sa peine. Finalement, le jeune couple (30 et 22 ans) est emmené en détention sous le regard paniqué des enfants. 

Nettoyage ethnique à Jérusalem 

Pendant ce temps, l’invasion coloniale se poursuit. Jérusalem en est la cible principale. Samedi, la famille Nassar doit détruire elle-même ses trois maisons mitoyennes dans le quartier de Silwan. Vingt personnes, dont 13 enfants, se retrouvent à la rue. Mardi matin, dans le même quartier, les bulldozers israéliens détruisent la maison de Majd al-Helisy avec tout ce qu’elle contient, sans prévenir et sans tenir compte du délai qui venait de lui être accordé. Dans la vieille ville, Eyad Burqan croyait avoir fait ce qu’il fallait pour échapper à l’amende de 400 000 shekels en détruisant lui-même sa maison de deux étages. C’est raté. Finaude, la municipalité a envoyé les bulldozers détruire… les fondations.

Lundi, à Sheikh Jarrah, 47 ares de terrain sont réquisitionnés sans indemnités. Ce n’est qu’un épisode de plus dans la dépossession des familles Jarallah, Odeh, Obaidat et Mansour qui, pour leur malheur, résident sur des terrains jugés « d’utilité publique ». L’utilité en question consiste en l’accueil de colons religieux, venant notamment se recueillir sur la tombe supposée de Simon le Juste (3ème siècle avant Jésus-Christ) – rabbin célèbre notamment pour avoir consacré deux vaches rousses, alors que Moïse n’en aurait consacré qu’une seule. Pour être aussi juste que Simon, il faut reconnaître que des familles juives habitaient là avant 1948 mais, si elles veulent réintégrer les lieux, encore faudrait-il rendre aux familles de Sheikh Jarrah les terres dont elles ont été dépossédées et chassées pendant la Naqba ! La Cour Suprême israélienne elle-même a reconnu que ces terrains appartiennent bien aux quatre familles depuis plus de 70 ans mais le tribunal de district n’en tient aucun compte. Etrange démocratie, décidément… 

Colons déchaînés à Sheikh Jarrah 

Evidemment, les colons ne restent pas inactifs. Jeudi soir, toujours à Sheikh Jarrah, une bande armée se rassemble pour casser les vitres des voitures des habitants. La dernière fois, ils s’étaient attaqués aux pneus. La police arrive sur place… et ne fait rien. Vendredi, une autre bande caillasse les voitures roulant aux alentours de Burin, près de Naplouse.

Le soir, non loin de là, une autre bande venue de la colonie de Yitzhar s’en prend aux maisons de Madama. Les miliciens qui les accompagnent tirent à vue sur les villageois qui tentent de s’opposer.

Samedi, non loin de là, une autre bande arrache 600 oliviers et amandiers à Deir Sharaf.

Dimanche en pleine nuit, dans le centre de Jérusalem, rue de Naplouse, un gang de plus d’une trentaine de colons masqués caillasse voitures et fenêtres des maisons en proférant des menaces de mort. Ce n’est pas la première fois et, évidemment, cela ne concerne pas la police.

Mercredi matin, les colons jettent leur dévolu sur la maison de Fatema Salem à Sheikh Jarrah. Alors qu’elle s’apprête à sortir de chez elle avec son fils, elle voit débouler plus d’une trentaine de fanatiques qui plantent des barbelés autour du logis et installent des caméras ! Bientôt, des dizaines d’habitants du quartier viennent au secours de la famille assiégée. On passe des insultes aux coups et Fatema est battue. Loin de faire respecter le peu de droits qu’il reste aux Palestiniens, la Justice s’aligne après coup sur les appétits des colons en déclarant une semaine après que la maison de Fatema leur appartient. 

La Cisjordanie entravée 

Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés cette semaine-là 66 checkpoints temporaires et 6 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie

Dans Gaza assiégée 

Les violations du cessez-le-feu par Israël continuent d’être quotidiennes, routinières. Tant que les Gazaouis ne ripostent pas, qui s’en émeut ? Ainsi, cette semaine :

– Alors qu’ils naviguent à moins de trois milles des côtes (la limite autorisée par les accords d’Oslo est de 20 milles), d’inoffensifs bateaux de pêche sont encore attaqués mardi, dimanche, lundi et mardi par la marine de guerre. Vendredi, deux jeunes pêcheurs venus relever leurs filets sont arretés par un garde-côtes et emmenés en détention. Ils sont relâchés plus tard mais le bateau, leur unique moyen de subsistance, est confisqué.

– Des terres agricoles sont encore visées par des soldats campés derrière la ligne de démarcation dimanche, lundi et mercredi.- Des chasseurs à proximité de la ligne de séparation essuient des coups de feu vendredi, samedi et lundi. Pour une ville assiégée, la chasse n’est pas qu’un simple loisir…- Lundi, au nord-est de Beit Hanoun, des engins de chantier couverts par neuf véhicules militaires pénètrent en territoire gazaoui pour se livrer à des travaux de terrassement, endommageant de bonnes terres agricoles.

– Jeudi, deux jeunes Gazaouis qui tentaient de fuir leur camp de concentration, Ali et Yaser Sunima (20 et 22 ans), sont interceptés à la frontière. 

 Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-EuroPalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ .

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