A l’occasion d’une nouvelle étape de l’acharnement des lobbies israéliens, Olivia Zémor a comparu pendant 11 heures (oui, 11 heures !) jeudi devant la Cour d’Appel de Lyon, pour avoir relayé une action de la campagne « Teva j’en veux pas ! » remontant à 2016.
On rembobine le film : en novembre 2016, les militants du Collectif Palestine 69 avaient organisé une action d’information devant une grande pharmacie de Lyon, avec distribution de tracts informant la population sur la nature et les agissements du laboratoire israélien Teva. Mais des années plus tard, Olivia Zémor, en sa qualité de directrice de publication du site europalestine.com, était mise en examen pour, avoir rendu compte de l’action de nos camarades lyonnais, de « diffamation » du fabricant de génériques et d’incitation à la « discrimination à raison de l’appartenance à la nation israélienne » de l’entreprise visée.
Derrière le plaignant Teva, on retrouvait sans surprise les officines israéliennes habituelles, le mal nommé « Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme (BNVCA) du fameux Sammy Ghozlan, et les deux entités de l’avocat d’extrême-droite et défenseur habituel des voyous de la Ligue de Défense Juive (LDJ), Gilles-William Goldnadel, à savoir les associations France-Israël et Avocats Sans Frontières.
Malgré l’arrêt historique de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) du 11 juin 2020, qui consacré le droit citoyen à la campagne de Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) contre le régime de l’apartheid, et condamné l’État français à verser 100.000 € à des militants de Mulhouse injustement sanctionné des années plus tôt, l’acharnement a continué.
En mars 2021, Olivia comparaissait ainsi devant le tribunal correctionnel de Lyon.
Manque de chance pour les partisans de la censure, le 18 mai suivant, elle était relaxée, les juges ne voyant rien à redire à l’action devant la pharmacie de Lyon et la relation de celle-ci sur le site d’EuroPalestine.
Qu’à cela ne tienne !
Ils faisaient aussitôt appel, et l’audience s’est tenue jeudi toute l’après-midi jusque tard dans la nuit (quand nous sommes sortis du tribunal il était minuit passée !). Avant le début de l’audience, un rassemblement de solidarité avec Olivia Zémor et pour la défense de la campagne BDS avait regroupé plusieurs dizaines de militants, de Lyon et de la région principalement, mais aussi certains venus de nettement plus loin (voir l’album photos)
Que retenir de cette audience-fleuve ?
D’abord, le caractère interminable et mensonger des interventions des parties civiles : pour les besoins de son dossier, l’avocat des laboratoires Teva a cherché, tout au long de sa plaidoirie, à faire croire contre toute évidence que son client était une simple société commerciale française, n’ayant pas de rapport, mais alors pas du tout, avec Teva Pharmaceutical Ltd, la société-mère israélienne dont il est pourtant une filiale à 100 % ! On passera sur les insultes et menaces à répétition lancées par les avocats des officines, notamment celui du BNVCA qui verrait bien Olivia derrière les barreaux d’une prison pendant un an !
Côté défense, M° Dominique Cochain et Grégory Thuan avaient la tâche, lourde, de démonter une à une les incohérences de ce dossier pénal, et l’inanité des reproches qui pouvaient être faits à leur cliente. Il s’en sont acquittés avec persévérance, en déplorant entre autres que le ministre actuel de la « justice », Dupont-Moretti, avait décidément du mal à se plier à l’arrêt, pourtant définitif, de la juridiction européenne.
Heureusement, tous les magistrats n’ont pas le petit doigt sur la couture du pantalon quand la Place Vendôme exige quelque chose, et le Procureur a estimé, dans ses réquisitions, que le dossier présentait tellement d’incohérences qu’il ne voyait pas comment il pourrait requérir une quelconque condamnation de la militante.
L’arrêt, mis en délibéré, sera rendu le 5 mai 2021.
CAPJPO-EuroPalestine.