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Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée  du 20 au 26 janvier 2022 

 Si les balles de l’occupant causent fréquemment des morts dans les rangs de manifestants pacifiques, on aurait tort de croire que ses lacrymogènes, d’une formule spécialement virulente, sont inoffensifs. A chaque répression de manifestation, on ne compte plus le nombre de citoyens suffoqués et traités sur place. Et parfois, le drame arrive. Lundi à 11h30, les forces d’occupation font irruption dans le camp de Qalandia et les lacrymos pleuvent sur les habitants. Un homme de 57 ans, Fahmi Hamad, succombe à l’inhalation de ces gaz. Six autres protestataires sont blessés et l’un emmené en détention. Rattaché à Jérusalem sur décision de l’occupant, le camp abrite plus de 10 000 réfugiés ou descendants de réfugiés de la Nakba. Après la guerre de 1967, ils ont décidé de ne pas fuir plus loin et de rester sur place, ce qui est une forme de résistance. Ils en paient souvent le prix.


Photo Le maire de Jérusalem, « roi » du nettoyage ethnique Cette semaine encore, Sheikh Jarrah a été l’épicentre du nettoyage ethnique en cours à Jérusalem. Jeudi, une manifestation est durement réprimée. Un habitant du quartier, Mahmoud Salhia, se voit interdire d’y pénétrer sous peine d’une amende de 5000 shekels (environ 1200 euros). Quatre ex-détenus politiques subissent la même interdiction. Vendredi, la police pose des barbelés autour du terrain des Salem, prélude à une expropriation au profit d’un certain Silver Stein. Plus tard dans la journée, l’expulsion commence. Appuyé par d’autres colons et par la police, Silver Stein bouscule Fatema, la matriarche de 73 ans née dans cette maison, et la précipite à terre. 

Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée  du 20 au 26 janvier 2022
Fatima Salem, au centre, durant la visite du chef de a mission de l’UE en Palestine le 20 décembre dernier


Pendant ce temps, policiers et colons s’affairent à tabasser, à distribuer des coups de pieds aux autres membres de la famille jetés à terre. Parmi les agresseurs, le moins acharné n’est pas Arieh King, le maire de Jérusalem, surnommé « l’agent immobilier de la colonisation », digne successeur de celui qu’avait reçu en grande pompe Mme Hidalgo lors de l’inauguration de la place de Jérusalem à Paris. Ibrahim, fils de Fatema, rapporte que King a lancé une pierre sur une femme de la famille qui, blessée à la main, doit être conduite à l’hôpital. Suite aux protestations internationales, un tribunal israélien avait fait sursoir à l’expropriation le 23 décembre mais le répit fut de courte durée. La famille qui vivait ici compte onze personnes, dont 4 enfants, abandonnés à l’hiver glacial. 

Fusillades et tabassages 

Les autres quartiers de Jérusalem ne sont pas épargnés. Lundi matin, un grand déploiement de soldats boucle les entrées du camp de réfugiés de Qalandia. L’armée photographie les lieux sous toutes les coutures et distribue généreusement les avis de démolition tout en faisant main basse sur les voitures garées le long de la route de Ramallah. Des affrontements s’ensuivent avec les jeunes du camp. L’un d’eux est tabassé et détenu pendant un moment dans un véhicule militaire. Trois autres jeunes sont blessés et conduits dans un hôpital de Ramallah.Au total, les forces israéliennes ont conduit cette semaine 122 incursions en Palestine occupée, lors desquelles 18 habitants de Cisjordanie ont été blessés plus ou moins gravement par balles, grenades ou passages à tabac, sans parler des victimes de suffocation. Deux mineurs et un journaliste figurent parmi les victimes.Notons aussi que mercredi, on a appris qu’un prisonnier a été retrouvé mort, allongé dans un couloir de la prison de Nitzan, au sud d’Israël. Atteint de schizophrénie, Jamil al-Tamimi, âgé de 63 ans, purgeait une peine de 18 ans de prison pour le meurtre d’une Anglaise. Si l’OLP le considère comme un prisonnier de droit commun, autrement dit un simple criminel, les circonstances de sa mort n’en restent pas moins à éclaircir. La police israélienne va enquêter avec toute l’objectivité qu’on lui connaît… 

Ratonnades coloniales 

Le PMG recense en tout 24 attaques de colons cette semaine.Lundi, partis d’un checkpoint militaire au sud-est de Naplouse, plus d’une quinzaine de colons attaquent la rue principale du village d’Huwara. Trente minutes durant, sous les yeux approbateurs des soldats qui les protègent, ils brisent les vitres des voitures, les vitrines des restaurants et boutiques, semant la panique parmi les villageois, et tout particulièrement les enfants. Les voyous s’en prennent notamment à un jeune de 16 ans, Montaser Damadi qui, souffrant de contusions multiples, doit être conduit à l’hôpital.Mardi, une milice de colons armés pénètre dans la vieille ville d’Hébron et lance des pierres sur les vitrines et sur les gens. Les poteries d’une boutique de souvenirs sont en miettes et un passant doit être hospitalisé. Non loin de là, à Yatta, des bergers sont bastonnés et chassés à coups de pierre. Là encore, nombre d’entre eux finissent à l’hôpital.Mercredi à 9h, une autre bande attaque la maison d’Ahmed Ghazal à Sebastia, près de Naplouse. Plusieurs membres de la famille aspergés de gaz poivre souffrent de brûlures au visage. A 10h45, un autre villageois de Sebastia est sévèrement battu et envoyé à l’hôpital. 

Colons contre rabbins 

La violence coloniale s’exerce aussi… contre les rabbins, du moins ceux qui estiment que le sionisme est un pêché et les exactions contre le peuple palestinien contraires aux principes du judaïsme. C’est le cas des courageux « Rabbins pour les Droits Humains » qui participent à la plantation d’oliviers aux côtés des paysans du cru. Vendredi matin à Burin, au sud-est de Naplouse, des fanatiques d’une colonie voisine s’attaquent à huit de ces rabbins. Ils les tabassent avant d’incendier leurs véhicules reconnaissables… à leur plaque d’immatriculation israélienne. D’habitude, ce sont les plaques vertes des Palestiniens qui sont la cible !Les colons, quant à eux, ne plantent pas d’oliviers, ils les arrachent : pour le seul vendredi, 90 oliviers sont déracinés aux alentours de Salfit, 300 km à l’ouest de Naplouse. Vandales mais aussi provocateurs. Quasi quotidiennement, des ultra-orthodoxes font leur tournée matinale sur l’esplanade des mosquées en hurlant des injures à l’adresse des fidèles musulmans. Ils ne risquent rien : les forces d’occupation les protègent.Provocateurs mais aussi voleurs : mercredi, à Kafr ad-Dik, près de Salfit, des colons s’approprient un terrain de 6 hectares en l’entourant de barbelés et en bouchant la route qui y donne accès. Sur un panneau, les squatters sionistes avertissent les propriétaires autochtones qu’il leur est interdit d’approcher de leur champ.  

Aller et retour en prison dans la journée 

La liste des prisonniers politiques de Palestine occupée s’est encore enrichie de 104 noms cette semaine !Vendredi, c’est un adolescent de quinze ans, Mousa Tawafsha, qui est kidnappé au milieu de la nuit à son domicile de Sinjil, près de Ramallah.Lundi, à 4h du matin, un adolescent de 13 ans est arraché à son lit dans le quartier d’al-Tur à Jérusalem. Non loin de là, à Hizma, un autre adolescent de 13 ans est enlevé à son domicile après avoir subi un tabassage en règle.** Ce même lundi, à 18h, une rafle est organisée au domicile des al-Zaghel dans le quartier de Silwan, autre haut lieu du nettoyage ethnique à Jérusalem. Ahmed, le père (53 ans), les deux fils, Hussein (23 ans) et Ibrahim (17 ans), ainsi qu’un de leurs amis, Adam al-Joualni (16 ans) sont emmenés en détention. Leur crime : avoir voulu fêter la libération d’Ibrahim, qui vient de passer dix mois en prison. Comme il est sorti le matin même, sa place est sûrement encore chaude…Mardi à 2h du matin, à Beit Fajjar, au sud de Bethléem, un nouveau raid nocturne de l’occupant aboutit à l’enlèvement à domicile d’un adolescent de 17 ans, Mohamed Taqatqah, et de quatre autres jeunes gens : Ahmed Taqatqah (26 ans), Rami Taqatqah (24 ans), Ayed Taqatqah (26 ans) et Eyad Taqatqah (28 ans). Le PCHR ne précise pas s’il existe un lien de parenté…


La Cisjordanie entravée 

Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés 46 checkpoints temporaires et 7 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie. Cinq citoyens de Cisjordanie ont été enlevés à l’un de ces checkpoints. 

Dans Gaza assiégée et inondée 

En cette quinzième année de siège, pas de changement pour les 2 millions de Palestiniens soumis au blocus dans la bande. Un enfermement toujours émaillé de violations du cessez-le-feu :- Alors qu’ils naviguent à moins de trois milles des côtes, d’inoffensifs bateaux de pêche sont attaqués mardi. Officiellement, la zone de pêche accordée par la puissance assiégeante est comprise entre 6 milles au nord et 15 milles au sud. La limite autorisée par les accords d’Oslo était de 20 milles.- Des terres agricoles sont encore visées par des soldats campés derrière la ligne de démarcation jeudi, vendredi, samedi et mercredi.- Mardi, à l’est de Rafah, deux hommes de 21 ans qui tentaient de s’évader du ghetto de Gaza sont interceptés et emmenés vers une destination inconnue. 

* Source : en.wikipedia.org

** A en croire le PCHR, tous deux répondraient au nom (complet) de Salah al-Deen Mohammed al-Hadra. Homonymie ou étourderie ?


(Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ .)

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