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Interdiction de deux groupes de solidarité avec la Palestine : la France risque d’être à nouveau condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme

Nous reproduisons ci-dessous l’article d’Electronic Intifada qui souligne que la France, en annonçant la dissolution de deux groupes de solidarité avec la Palestine, non en fonction de leurs actes, mais de leurs opinions, et notamment de la dénonciation de la politique israélienne, risque une nouvelle condamnation de la CEDH pour atteinte à la liberté d’expression.

Une annonce qui, malgré l’attention générale centrée sur la Russie et l’Ukraine, ne passe pas aperçue dans le reste du monde, à un moment où tous les commentateurs opposent les « démocraties » aux « régimes autoritaires ».

Interdiction de deux groupes de solidarité avec la Palestine : la France risque d'être à nouveau condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme
Manifestation à Lyon contre le blocus de Gaza et les bombardements de la population civile, le 22 mai 2021, alors que toute manifestation était interdite dans la capitale.

« Gérald Darmanin a tweeté jeudi qu’« à la demande » du président Emmanuel Macron, il proposerait la dissolution de Palestine Vaincra (Palestine Will Win) et du Comité Palestine Action. Le ministre de l’Intérieur a inclus un lien vers un reportage d’Europe 1 avec plus de détails sur son action :

« Sous couvert de soutien à la cause palestinienne, le gouvernement accuse les groupes de promouvoir la haine d’Israël », indique Europe 1.

Citant Darmanin, Europe 1 indique que Palestine Vaincra est interdite pour « appel à la haine, à la discrimination et à la violence ». La France l’accuse également de liens avec le Front populaire de libération de la Palestine, un parti politique et une organisation de résistance qu’Israël et la France considèrent comme « terroriste ».

Notamment, les allégations de liens avec le FPLP sont le même prétexte qu’Israël a donné en octobre pour désigner six associations palestiniennes renommées de défense des droits de l’homme comme organisations « terroristes ». Certains de ces groupes étant financés par l’Union européenne et ses États membres.

Selon Europe 1, Darmanin accuse Palestine Vaincra de prétendre que les musulmans du monde entier sont opprimés par « l’impérialisme et le sionisme mondial » et de « propager l’idée qu’il existe une islamophobie au niveau mondial ».

Palestine Vaincra dit qu’il « soutient la lutte du peuple palestinien contre le sionisme, l’impérialisme et les régimes réactionnaires arabes pour la libération de toute la Palestine, de la mer Méditerranée au Jourdain ». L’une de ses campagnes en cours vise à soulever la question de la Palestine lors des élections présidentielles françaises prévues le mois prochain.

Par ailleurs et toujours selon Europe 1, l’administration Macron interdit le Comité Action Palestine pour « avoir relayé les communiqués du Hamas et du Jihad islamique en Palestine et du Hezbollah [au Liban] et pour avoir rendu compte de leurs actions ».

Le Comité Action Palestine se décrit comme un groupe qui « œuvre pour la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien, en particulier le droit à l’autodétermination et le droit au retour des réfugiés, c’est-à-dire la libération de la terre arabe de Palestine. »

Lors de l’attaque contre Gaza en mai, lorsqu’Israël a anéanti des familles entières dans leurs maisons, le Comité Action Palestine a soutenu le droit des Palestiniens à s’engager dans une résistance militaire contre les forces d’occupation israéliennes.

Darmanin peut rejeter de telles opinions, mais la décision de la France d’interdire les groupes pour leurs opinions politiques est une suppression flagrante de la liberté d’expression, note Electronic Intifada.

Europe 1 note que l’année dernière, l’administration Macron a interdit deux organisations, le CCIF, un groupe qui lutte contre les discriminations envers les musulmans, et BarakaCity, une organisation caritative musulmane, les accusant de « séparatisme ».

La nouvelle décision semble être la première fois que le gouvernement français veut dissoudre des organisations spécifiquement axées sur la Palestine.

Cela marque une escalade alarmante dans la répression continue du pays contre la liberté d’expression et d’expression politique en faveur des droits des Palestiniens.

Lors du bombardement israélien de Gaza en mai dernier, les autorités françaises ont interdit tout rassemblement de solidarité avec les Palestiniens à Paris, et arrêté Bertrand Heilbronn, le président de l’Association France-Palestine Solidarité, juste après qu’il aeût quitté une réunion au ministère des Affaires étrangères à Paris.

En 2020, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que les poursuites pénales engagées par la France contre les militants de la solidarité avec la Palestine violaient leurs droits politiques.

Cependant, Paris a annoncé qu’il ignorerait effectivement la décision et poursuivrait sa répression.

La décision du ministre français de l’Intérieur d’interdire les deux groupes a été annoncée le jour où le président Macron devait s’adresser au gala annuel du CRIF, le principal lobby français d’Israël et groupe communautaire juif. Mais avec la crise croissante en Ukraine, Macron a décidé d’envoyer son Premier ministre à la place. »

Source : https://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/france-outlawing-two-palestine-solidarity-groups?utm_source=EI+readers&utm_campaign=dc95f87464-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_e802a7602d-dc95f87464-290649781

A noter également que le gouvernement français qui s’attaque à des associations parfaitement pacifiques, s’est toujours refusé à dissoudre la LDJ (« Ligue de Défense Juive »), un groupe d’extrême-droite qui pratique ouvertement la violence, a tué et blessé de nombreuses personnes en France, saccagé des locaux, et dont plusieurs membres ont été condamnés en France pour des actes criminels, parmi lesquels l’un s’est enfui en Israël pour échapper à la justice !

CAPJPO-EuroPalestine