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Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 10 au 16 mars

Depuis que le gouvernement israélien leur a accordé le droit de tirer les premiers, sans sommation, sur tout manifestant censé les menacer, les forces d’occupation (FOI) sont plus que jamais à la fête ! Cette semaine, deux nouveaux assassinats ont été commis en Cisjordanie, et un troisième à l’encontre d’un bédouin du Naqab (Négev). Quelque 23 habitants de Cisjordanie ont été blessés, dont deux mineurs et deux journalistes, 92 kidnappés, dont 5 mineurs. Ces exactions ont été commises à l’occasion de 127 raids contre villes et villages de Cisjordanie et 45 attaques de manifestants. 

Tirés comme des lapins 

Mardi 15 à 6h30, deux adolescents juchés sur une moto empruntent la rue de Jérusalem, près du camp de réfugiés de Balata, à l’est de Naplouse. Là, ils tombent nez à nez avec un grand déploiement de soldats armés jusqu’aux dents. Surpris, ils tentent de s’éloigner en les contournant par la gauche. Mais les soldats font feu sans sommation. Les garçons tentent de s’échapper dans une descente près de leur école où les tireurs continuent à les canarder. Quand les vaillants soldats israéliens retournent enfin à leur caserne, ils laissent derrière eux le corps de Nader Haitham Fathi Rayan (16 ans), transpercé d’une balle entrée par le ventre et sortie par le cou, et d’une autre balle dans la cage thoracique (voir photos : https://europalestine.com/2022/03/15/assassins-des-sanctions-contre-israel/).

Une demi-heure plus tôt, une unité dite « anti-terroriste » des « Yamam » s’était infiltrée dans la rue à bord d’une camionnette Volkswagen immatriculée en Palestine. Ils s’étaient positionnés devant la maison d’Amar Arafat (22 ans), bientôt rejoints par les forces auxiliaires de l’armée. Tandis que les Yamam emmenaient triomphalement leur prisonnier, les soldats se déployaient dans le camp où ils étaient accueillis par des jets de pierres de la part des jeunes du quartier. Les balles réelles des soldats blessaient trois résistants, dont un mineur, Mustafa Ahmad Masha (17 ans). C’est là que Nader s’est trouvé au mauvais endroit… 

Fusillés sans sommation 

Le même mardi 15, à 7h30, d’importantes forces militaires assaillent par deux côtés le camp de Qalandia, au nord de Jérusalem Est. Pendant que des tireurs d’élite se déploient sur les toits, les soldats prennent d’assaut plusieurs maisons. Ils enlèvent Wissam Atta Abu Latifa et Mohammed Hassan Abu Latifa. Des dizaines de jeunes du quartier ripostent en se déployant dans les rues et sur les toits, d’où ils lancent des pierres et des bouteilles vides sur les occupants. C’est toujours le même combat inégal. Les balles réelles de l’armée blessent six habitants du camp. Un septième, Alaa Mohammed Shaham, âgé d’une vingtaine d’années, est criblé de balles à la tête et dans le corps. Il succombe à ses blessures tandis que les six blessés, dont l’état est stationnaire, sont hospitalisés à Ramallah. Il est le seizième Palestinien de Cisjordanie tué depuis le début de l’année.

Enfin, ce même jour, un autre Palestinien est assassiné, fusillé sans sommation par la police secrète à Rahat, l’une des sept « townships » bédouines autorisées dans le Naqab (Negev) rattaché à Israël en 1948. Il s’agit de Sanad al-Harbed (27 ans). 

Funérailles massives dans le Neguev
Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 10 au 16 mars

Journalistes ciblés 

A Beita, la répression de la manifestation du vendredi contre la colonie d’Evyatar a encore fait trois blessés. L’un d’eux est mineur.

Le même jour, Mamoun Wazouz, un journaliste arborant le signe « Press » bien visible, est visé et blessé de deux balles métalliques à la taille et à la main droite alors qu’il couvrait les affrontements dans le quartier de Bab Al-Zawiya, au centre d’Hébron.

Le 12, c’est la culture palestinienne qui est dans le collimateur : à côté de l’université d’Hébron, la librairie Al-Isra est détruite et son contenu saccagé lors d’un raid nocturne. 

Le 13, lors d’affrontements à l’entrée de la colonie de Psagot, construite dans la banlieue est d’Al-Bireh (capitale administrative de l’Etat de Palestine), Raed Naji Daoud est blessé. Il n’a que 15 ans. Au soir du 15, les FOI escortent une troupe de colons venus occuper la tombe supposée du patriarche Joseph, vénérée par les trois religions monothéistes. Cette provocation entraîne des échauffourées au cours desquelles cinq protestataires sont blessés et une quinzaine suffoqués par les lacrymos. Parmi les blessés figure le journaliste Abdullah Al-Bahsh, transféré à l’hôpital.  

Comme au Far West… 

A la violence des forces d’occupation s’ajoute celle des colons. Le 11, au sud de Yatta, une bande de fanatiques tire indistinctement sur des bergers faisant paître leur bétail. Une attaque du même genre a lieu le 14 près de Jéricho. Le 12, une autre bande caillasse les voitures palestiniennes sur la route Qalqiliya – Salfit.

A Kisan, au sud de Bethléem, trois villageois sont aspergés de gaz poivre sur la figure. Presque la routine pour les habitants de ce village de 600 habitants encerclé par de nombreuses colonies qui ne cessent de s’étendre ! 

Caméras installées à l’extérieur du village de Kisan pour surveiller l’arrivée des colons qui agressent régulièrement ce village au sud de Béthléem

Le 13 au matin, un ultra tire une balle réelle sur une salle de classe de Tekoa alors que les écoliers sont en cours, semant la panique qu’on peut imaginer. 

Le 15, un gang de colons vole du bétail à un éleveur de Kafr Malik, près de Ramallah. A l’entrée de Burqa, une bande attaque la maison d’un habitant avec l’appui des forces « régulières », qui se déchaînent contre les villageois récalcitrants.

Sans compter les pneus crevés, les oliviers arrachés ou les troupeaux des colons qui se repaissent des cultures palestiniennes. Soit 14 attaques au total… 

Kidnappings en série 

La passion carcérale d’Israël s’est particulièrement déchainée le 10 mars : 30 nouveaux habitants de Cisjordanie ont été kidnappés à leur domicile, arrêtés à un checkpoint comme Samih Sabah et Uday Haniyeh, ou, comme Dia Sbeitan, retenu après une convocation des services de sécurité. Au petit matin, à Jaba, près de Jénine, l’occupant a raflé cinq villageois, dont les quatre frères Imad, Rashad, Muhammad et Ghazi Ghannam. A Azzun, près de Qalqiliya, ce sont sept villageois qui ont été enlevés au saut du lit à 5 h du matin. A l’aube du 13, un jeune de 17 ans, Ahmad Taqatqa, est arraché à sa famille à Beit Fajjar, au sud de Bethléem. Le 15, lors d’un raid sur Beita (l’un des pôles de la résistance palestinienne), l’occupant kidnappe Faris Shamsa (16 ans). Le 16 à 11h45, les troupes stationnées dans la rue principale de Qalqiliya s’emparent de Anas Salim (15 ans). A 20h00, les forces qui occupent la vieille ville d’Hébron raflent trois mineurs : Amir Al-Salaymeh (15 ans), Samer Al-Salaymeh (17 ans) et Tamer Al-Salaymeh (15 ans). 

Fièvre bâtisseuse des colonies 

Pendant ce temps, la grand remplacement colonial se poursuit. Le 12, les autorités d’occupation de Jérusalem approuvent un plan de construction de 730 nouveaux logements destinés à étendre la colonie de Psgat Ze’ev, construite sur des terres volées à Beit Hanina, au nord de la Ville Sainte. Le 13, les colons de Shdmot Michola, implantée au nord de la vallée du Jourdain, commencent la construction de nouveaux logements. Le 14, les forces d’occupation envahissent le village de Beit Safafa et nivellent 3,8 hectares destinés à abriter une nouvelle colonie comportant logements, garderie et temples. Quelque 198 hectares de ce village à cheval sur la « ligne verte » au nord de Jérusalem ont déjà été confisqués au profit de trois colonies. Pendant ce temps, dans la vallée du Qana, au nord de Salfit, les forces d’occupation aplanissent des terres palestiniennes en vue d’étendre la colonie d’Amma Noel. Le 15, l’occupant aplanit 3,8 hectares du village de Beit Safafa, au sud de Jérusalem Est, aux fins d’extension de la colonie “Giv’at HaMatos”. 

La Palestine comme prison 

A Gaza, prison à ciel « ouvert » (aux avions et aux drones), il n’y a toujours « en temps normal » que deux passages ouverts pour des personnes triées sur le volet et un passage à Rafah pour quelques marchandises (nourriture, matériaux de construction, fuel, en quantité limitée). Mais ces trois passages sont également fermés le samedi, sabbat oblige.

Pour assaisonner le tout, la puissance assiégeante a encore commis cette semaine 18 violations du cessez-le-feu conclu le 21 mai dernier : attaques contre des bateaux de pêche les 10, 14 et 15 ; attaques contre des terres agricoles les 10, 13, 14, 15 et 16 ; attaques contre des habitants les 13, 14, 15 et 16 ; et le 14, incursion de bulldozer et véhicules militaires avec soutien aérien pour procéder à des travaux de terrassement à l’intérieur du territoire gazaoui. 

La liberté de circulation n’est guère plus grande en Cisjordanie où, aux 108 checkpoints permanents se sont ajoutés 52 checkpoints « volants », comme autant de pièges où deux habitants se sont faits enlever, et 20 bouclages temporaires de carrefours ou axes stratégiques. 

En outre, de nouvelles restrictions ont été édictées contre les enseignants et étudiants d’université étrangers. Les conditions d’obtention d’un visa et d’un permis de travail sont encore plus draconiennes pour celles et ceux qui aspirent à fréquenter l’enseignement supérieur palestinien et leur nombre a été réduit à 100 enseignants et 150 étudiants par an. Les colonisateurs n’ont jamais aimé gouverner des peuples trop instruits… 

Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/

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