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Bilan des crimes israéliens du 31 mars au 6 avril 2022

Encore huit Palestiniens de Cisjordanie tués au cours de cette semaine par l’occupant : deux manifestants, dont l’un âgé de seulement 17 ans, un autre homme accusé d’avoir lancé des pierres en direction des soldats, trois victimes d’une exécution extra-judiciaire, deux accusés d’attaque au couteau. Violents ou non violents, ils sont morts pour leur pays, motivés non par la haine mais par une soif légitime de liberté. Comme d’autres résistants en France, voici 80 ans…

Huit morts, et combien de blessés ! Au moins 83, dont 7 mineurs, selon des décomptes forcément incomplets. Ces exactions ont été commises au cours de plus de 160 répressions « musclées » de manifestations non violentes et d’une centaine de raids nocturnes, au cours desquels des maisons ont été prises d’assaut et des villageois tirés du lit pour rejoindre les plus de 5000 prisonniers politiques enfermés dans les geôles israéliennes.

Cette semaine, ils sont 135 à avoir été ainsi kidnappés chez eux, dans une manifestation, dans la rue ou à un checkpoint.

Pendant ce temps, la virulence des colons n’a pas faibli, avec plus d’une vingtaine d’attaques. L’occupant s’est ingénié à ensanglanter le ramadan en harcelant les fidèles sur le chemin d’Al-Aqsa.

Enfin, aux 108 points de contrôle permanents, qui rendent tout déplacement problématique, se sont ajoutés 94 checkpoints temporaires et 23 bouclages d’axes ou carrefours stratégiques. Onze Palestiniens ont été piégés à ces checkpoints.

Toujours sous blocus depuis plus de 15 ans, la bande de Gaza a subi plus d’une vingtaine de violations du cessez-le-feu de la part de l’assiégeant : attaques de civils depuis la ligne de démarcation (le 5), attaques de bateaux de pêche (les 31 mars, 2, 3, 4, 5 avril), tirs contre des terres agricoles (les 31 mars, 1er, 2, 3, 4 avril). 

Victoria, première réfugiée ukrainienne à Gaza. Elle y a rejoint son époux…

Meurtres en série 

Le jeudi 31 mars, à 6 h du matin, l’armée d’occupation envahit le camp de réfugiés de Jénine et encercle la maison de la famille d’un certain Suhaib Mer’ie. Des soldats se déploient sur les toits environnants. Des heurts éclatent en plusieurs endroits du camp et autour de la maison, opposant les pierres et les cocktails Molotov des habitants au déluge de balles de l’occupant. Les soldats ne font pas de quartier. Deux protestataires sont tués : Sanad Abu Attia, foudroyé d’une balle dans la poitrine, n’a que 17 ans ; Yazid al-Saadi, criblé de balles à la tête, dans le ventre et dans la poitrine, en a 27. Voir photos des victimes : https://europalestine.com/2022/03/31/encore-3-jeunes-palestiniens-assassines-ce-jeudi-en-palestine/

Trois autres manifestants, frappés à la poitrine, sont dans un état critique : Muhammad Abhara, Qais al-Atoum et Malid Warei. Douze autres, dont trois mineurs, sont également blessés, quoique moins grièvement. Tous sont hospitalisés à Jénine. L’armée d’occupation allègue qu’elle a essuyé des tirs sporadiques mais l’enquête du PCHR établit que les victimes ne possédaient pas d’arme à feu. 

Le même jour, Nidal Jaafara, un Palestinien de 30 ans, est tué par un colon près de la colonie de Gush Etzion, à l’ouest de Bethléem. Selon la version israélienne, Jaafara aurait attaqué le passager d’un bus avec un couteau avant d’être tué par un autre passager. Il n’y a pas de témoin palestinien de cette affaire.

Le 1er avril, dans la vieille ville d’Hébron, Ahmad Al-Atrash (28 ans) est assassiné d’une balle dans la poitrine sous le prétexte qu’il aurait lancé des pierres en direction des forces d’occupation. Voir https://europalestine.com/2022/04/01/encore-un-jeune-palestinien-assassine-ce-vendredi/

Samedi 2 avril, à 1 h 35 du matin, une voiture circule à l’entrée d’Araba, près de Jénine. Les soldats la mitraillent sans préavis. Les trois hommes à l’intérieur sont tués sur le coup : Khalil Tawalbeh (24 ans), du camp de Jénine, Saeb Abahra (30 ans), de la ville de Yamoun, et Saif Libdeh (25 ans), du camp de Nour Shams à Tulkarem. Le Times of Israel assure que cet assassinat ciblé visait trois membres du Jihad islamique méditant un attentat. Condamner à mort des gens soupçonnés de préparer un mauvais coup, c’est le nec plus ultra de la sécurité d’Israël ! Il y aurait pourtant un moyen simple d’assurer cette sécurité : stopper l’occupation et donner aux non juifs les mêmes droits qu’aux juifs… 

Un vendredi de tous les dangers 

Le 1er avril, comme tous les vendredi, les habitants de nombreux villages de Cisjordanie manifestent et subissent en retour les balles, grenades assourdissantes et lacrymos de l’occupant. 

A Kafr Qaddoum, la manifestation contre la fermeture de l’entrée est du village, qui dure depuis plus de dix ans, connait encore une répression sanglante : parmi les 9 victimes des balles israéliennes figurent trois mineurs, dont un enfant de 14 ans, Khalifa Riad Shteiwi.

A Beita, la répression de la manif’ contre la colonie d’Evyatar, cause quant à elle 13 blessés. 

A Beit Dajan, on proteste contre les attaques de colons et le vol des terres. Bilan : deux blessés, dont un journaliste.

A Bil’in, où les protestations contre le mur qui traverse le village durent depuis 2005, un manifestant est blessé, s’ajoutant à une très longue liste de victimes.

A Qaryut, le même jour, des villageois s’opposent à l’invasion de leurs terres par des colons. Appelées à la rescousse, les forces d’occupation blessent douze habitants et en suffoquent 25 autres avec les lacrymos. 

Sus aux fidèles pour le ramadan ! 

Pour l’occupant, ramadan ou pas, pas question de permettre le moindre rassemblement de fidèles musulmans à la porte de Damas, principale entrée de la vieille ville de Jérusalem ! Samedi 2, premier jour du ramadan, toutes les routes menant à ce point névralgique sont sous contrôle des forces d’occupation et la vieille ville est encerclée par des dizaines de barrières métalliques, qui s’ajoutent aux trois checkpoints permanents plantés autour de la porte. Un PC de surveillance est installé, alimenté par un surcroit de caméras et de projecteurs. En soirée, alors que les fidèles affluent en direction d’Al-Aqsa, soldats et policiers se déploient sur les escaliers qui y conduisent. Plusieurs accès sont fermés, provocation qui déclenche les premiers lancers de bouteilles vers les forces d’occupation, et les premières arrestations. Dimanche, vers 22 h, les occupants passent à tabac de jeunes Palestiniens qui reviennent de la mosquée après la prière du soir.

Bilan des crimes israéliens  du 31 mars au 6 avril 2022

S’ensuivent des affrontements au cours desquels Abed Barbar est blessé d’une balle métallique à la mâchoire et hospitalisé. Des dizaines d’autres manifestants subissent blessures, contusions et suffocations dues aux matraquages et au gaz poivre. Douze sont arrêtés, dont deux moyennant un détour par l’hôpital. Lundi soir, des jeunes se rassemblent par centaines pour chanter et crier des slogans. La police réagit violemment, terrorisant les femmes et les enfants du quartier, et arrête encore neuf manifestants après les avoir copieusement tabassés.Voir photos : https://europalestine.com/2022/04/05/provocations-israeliennes-et-repression-a-jerusalem-en-ce-debut-de-ramadan/

Colons déchainés 

Pendant ce temps, les colons continuent de harceler les « autochtones » dont ils aimeraient achever le remplacement, aidés en cela par les forces « régulières » de l’occupant. Au programme :

– Attaque à la voiture bélier à Fasayel : le villageois Omar Abu Qous est hospitalisé.

– Tirs à balles réelles en direction des habitants à Burin, à Deir Istiya, au camp de réfugiés de Jalazone et à l’ouest de Salfit.

– Tirs à balles réelles contre des véhicules palestiniens sur la route Bethléhem–Hébron.

– Passage à tabac de paysans à Fasayel. Une partie de ce village encerclé de quatre colonies est habitée par des bédouins expulsés du Naqab (Neguev).

– Attaque à une station du tramway de Jérusalem, conduisant à l’hospitalisation d’un passager.

– Jets de pierres contre des maisons à Hébron et Al-Mughayer. C’est dans ce dernier village qu’un enfant de 13 ans a été abattu en décembre 2020 lors d’une protestation pacifique.

– Caillassage de véhicules à al-Bireh, Al-Khan Al-Ahmar, Burqa, près de Jalazone (presque quotidiennement) et sur la route Ramallah– Naplouse.

– Troupeau de vaches envoyé brouter la récolte de Palestiniens à Umm al-Qaba, au nord de la vallée du Jourdain. 

– Le 1er avril, une bande de colons envahit les terres agricoles du village de Al Mazraa Al Gharbia. Quand les habitants tentent de s’opposer, les forces d’occupation interviennent et détiennent temporairement deux jeunes de 15 ans : Yousef Ladawa et Firas Ladado. 

– A Qaryut, les forces d’occupation venues à la rescousse des colons envahisseurs de terres blessent 12 villageois et en suffoquent 57 avec leurs lacrymogènes.

 Enfants kidnappés 

Le 31, à 3 h 40 du matin, l’occupant lance un raid contre Bethléem et les localités voisines de Beit Jala, Al-Obeidiya, Husan et le camp d’Aida. Bilan : six habitants raflés, dont Ezz Adib Shousha (16 ans). A 20 h 15, les forces d’occupation s’attaquent au village d’al-Lubban al-Sharqiya et rapportent en guise de butin un adolescent de 15 ans : Muhammad Owais. 

Le 1er avril, à 4 h du matin, l’occupant envahit la ville de Sinjel et s’empare de Qassam Shabana (14 ans). Au même moment, lors d’un raid sur Beit Rima, un père et son fils (Musharraf et Laith Al-Rimawi) sont au nombre des personnes emmenées en détention. Et lors d’un raid sur Yamoun, ce sont trois frères, Adel, Ali et Amir Al-Jabari, qui sont raflés en même temps.

Au soir du 3, Qusai Amer (17 ans) est kidnappé près du checkpoint de Jaljulia. Pendant ce temps, trois autres mineurs sont raflés lors d’un raid sur le village de Husan : Anas Hamamra, Muhammad Sabateen et Abd al-Rahman Hamamra. 

Le 5, à 4 h 10 du matin, un raid sur Beit Fajjar aboutit à l’enlèvement de Karim Taqatqa (16 ans). Anas Al-Harbawi, kidnappé à l’aube à Hébron, a pour sa part 17 ans. Pour ne prendre que quelques exemples… 

Mainmise sur Jérusalem Illégalement annexée,

Jérusalem est soumise à l’arbitraire du plus fort. Ainsi, le 4 avril, les autorités d’occupation annoncent qu’elles reconduisent l’interdiction de 28 institutions et associations palestiniennes actives à Jérusalem-Est. Leur crime : être parrainées par l’Autorité Palestinienne, violant ainsi la prétendue souveraineté israélienne sur le supposé « territoire uni » de Jérusalem. Selon le journal Yedioth Ahronoth, la principale de ces institutions est la Maison d’Orient, considérée comme le siège non officiel de l’Autorité palestinienne à Jérusalem. De même, le 5 au matin, la police perquisitionne la maison du gouverneur Adnan Ghaith, dans le quartier de Silwan. Arrêté et conduit au redoutable centre d’interrogatoire de Moscovia, Ghaith se voit remettre une interdiction renouvelée de pénétrer en Cisjordanie, et en particulier dans le gouvernorat palestinien de Jérusalem dont il est censé avoir la charge. C’est ainsi qu’Israël fait cas de « l’Autorité » Palestinienne… 

Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR)*, du Palestinian Monitoring Group (PMG)**: http://www.nad.ps/ et de www.en.wikipedia.org.

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