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La calligraphie arabe inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco

Dans le flot des événements qui affectent les Palestiniens, nous avions omis de publier cette nouvelle intéressante : Tradition millénaire dans le monde arabe et islamique, la calligraphie arabe est entrée dans la liste du patrimoine culturel immatériel établi par l’UNESCO.

Seize pays du monde arabo-musulman (‘Arabie saoudite, l’Algérie, le Bahreïn, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Oman, la Palestine, le Soudan, la Tunisie, les Émirats arabes unis et le Yémen) se sont réunis afin de porter cette candidature.

Le patrimoine culturel immatériel demeure, plus que jamais, « un facteur important de maintien de la diversité culturelle face à une mondialisation croissante. », a déclaré le 14 décembre l’UNESCO

“Symbole du monde arabo-musulman”

« La calligraphie arabe est la pratique artistique de l’écriture manuscrite en arabe de manière fluide pour transmettre l’harmonie, la grâce et la beauté », explique l’UNESCO pour définir cette pratique, entre culture, artisanat et religion. « La fluidité de l’écriture arabe offre des possibilités infinies, même au sein d’un seul mot, car les lettres peuvent être étirées et transformées de nombreuses façons pour créer différents motifs », ajoute encore l’institution internationale.

Calligraphie sur pierre. Grande Mosquée, Xi’an. dans la province de Shaanxi, Chine. (Crédits : Kandukuru Nagarjun (CC BY 2.0))

« Cette pratique, qui peut être transmise tant par l’éducation formelle et informelle, utilise les vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, rédigé en écriture cursive de droite à gauche. Conçue à l’origine pour rendre l’écriture claire et lisible, elle s’est progressivement transformée en un art arabe Islamique utilisé dans les œuvres traditionnelles et modernes. Les techniques traditionnelles utilisent des matériaux naturels, tels que des tiges de roseau et de bambou pour le calame, un outil d’écriture. L’encre est fabriquée à partir d’ingrédients naturels tels que le miel, la suie et le safran. Le papier est fabriqué à la main et enduit d’amidon, de blanc d’œuf et d’alun. La calligraphie moderne utilise fréquemment des marqueurs et des peintures synthétiques et de la peinture en bombe spray est utilisée pour les calligraffiti peints sur les murs, les panneaux et les bâtiments. Les artisans et les designers ont aussi recours à la calligraphie arabe pour réaliser des ornementations artistiques, par exemple sur le marbre, les sculptures sur bois, la broderie et la gravure sur métal. La calligraphie arabe est largement répandue dans les pays arabes et non Arabes et est pratiquée par des hommes et des femmes de tous les âges. Les compétences sont transmises de façon informelle ou via des écoles officielles ou des apprentissages.« , peut-on lire sur le site de l’UNESCO.

Un art né au VIIIe siècle 

Dans la culture islamique, la calligraphie est perçue comme un art de la plume et comme une expression du sacré. Motivée historiquement par  la contemplation et le respect religieux, elle est une expression alternative devant l’interdiction, dans l’islam, de la représentation figurative des formes. L’expression artistique en terre d’islam s’est ainsi fixée sur la langue écrite devenue ornement. Décorer la parole sacrée du Coran sera d’ailleurs cette fois-ci soutenu par les traditions religieuses de l’Islam.

Historiquement, l’écriture arabe a également subi différentes réformes, ainsi que des influences de styles d’écriture régionaux et d’époque – principalement à la suite de conquêtes et de conversions à l’islam. Aujourd’hui, les principaux styles ont été classés en six types. 

Parmi ses types de calligraphies, la plus ancienne semble avoir été l’écriture coufique, du nom d’une ville en Irak, Kufa, apparue à la fin du VIIIe siècle, avant l’apparition du Naskhi développé au IXe siècle. Ce dernier style, connu comme l’écriture utilisée pour le Coran, est le plus célèbre. Par conséquent, il est parfois considéré à tort comme l’écriture arabe type.

On peut également citer le Thuluth, développé au Xe siècle comme une écriture d’affichage pour décorer des objets scripturaires, le riq’ah, mélange de Thuluth et Naskhi, le divanî, développé au Xe siècle et qui atteint son apogée au XVIIe siècle grâce aux ottomans, ou encore le Tal’iq, issu de la culture persane préislamique.

Lampe de mosquée avec inscriptions en écriture thuluth, début XIVè siècle, époque mamelouke Egypte ou Syrie, verre avec décor émaillé et peinture d’or 34 cm de haut, Musée d’art islamique de Berlin (Crédits : Jean-Pierre Dalbéra (CC BY 2.0))

Parmi les grandes figures de cet art de la ligne et de la conception, on peut citer l’un des premiers, Ibn Muqla, calligraphe du début du Xe siècle de l’époque abbasside, ou plus récemment, l’irakien Hassan Massoudy, né en 1944, et considéré par l’écrivain français Michel Tournier comme le « plus grand calligraphe vivant ». Il vit actuellement à Paris.

La calligraphie arabe inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco
Calligraphie de Hassan Massoudy (Compte Facebook)

par Hocine Bouhadjera

CAPJPO-EuroPalestine