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Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 14 au 20 avril

Non content d’avoir légalisé la torture, Israël a légalisé le crime. Les soldats ont le droit de tuer des Palestiniens même s’ils ne présentent aucune menace immédiate pour leur précieuse santé. Cette présomption de légitime défense, c’est l’ouverture de la chasse. Le 8 avril, le Premier Ministre et leader des colons, Naftali Benett, a réaffirmé son plein soutien aux exactions des forces dites de « sécurité ». Résultat : encore cinq civils de Cisjordanie assassinés cette semaine en toute impunité, dont un jeune de 17 ans et une femme ! Le nombre de blessés s’établit à 254 pour cette seule semaine. Quant à la case prison, passage obligé pour 20% des Palestiniens (et 40% de ceux de sexe masculin), elle a « accueilli » encore 565 habitants cette semaine, dont au moins 54 mineurs. Un triste record !

Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 14 au 20 avril

Il faut dire que la coïncidence dans le temps entre le ramadan et la Pâque juive ne présageait rien de bon et le gouvernement Bennett n’a rien fait pour arranger les choses. A l’aube du vendredi, à l’heure de la prière, la mosquée d’Al-Aqsa était prise d’assaut et les fidèles impitoyablement battus, blessés, kidnappés. Mais il y a quand même des limites à la provocation : suite, peut-être, aux protestations internationales, l’armée a empêché les colons de célébrer la Pâque juive dans la mosquée en y égorgeant des moutons ! La société palestinienne s’était largement mobilisée pour empêcher cette ineptie annoncée.

Quant aux colons, leur plus bel « exploit » de la semaine est peut-être d’avoir renversé avec une voiture un gosse de neuf ans, Hassan Suleiman, près de Bethléhem.

En guise de protestation, Gaza a lancé vers Israël un missile plutôt symbolique et essuyé en retour trois bombardements – sans compter les 41 attaques menées contre les pêcheurs et les terres agricoles. Les engins de mort n’ont pas fait de victime, de part et d’autre.  

Cinq assassinats avec impunité assurée 

Jeudi 14, vers 7 h du matin, l’armée d’occupation lance un raid sur Kafr Dan, au nord-ouest de Jénine. Plusieurs maisons sont prises d’assaut. La principale cible est la famille de Ayham Kammaji, l’un des six évadés de septembre dernier, ré-incarcéré depuis. Trois de ses frères, Muharram, Majd et Imad, sont emmenés le rejoindre en prison. Les villageois résistent avec « les moyens du bord », pierres contre véhicules blindés, et essuient en retour des tirs nourris. Sept sont blessés, dont deux grièvement. Shas, un quatrième frère Kammaji, succombe dès son arrivée à l’hôpital. Leur forfait accompli, les assaillants évacuent le village vers 9 h 15. C’est alors que l’on découvre un autre homme à terre, Mustafa Abu Arub, atteint d’une balle dans la poitrine. Lui aussi succombe dès son arrivée à l’hôpital. Faute de témoin, on ignore les circonstances exactes de sa mort. Quant à Shawkat Kamal Abed (17 ans), grièvement touché lors de la manifestation, il succombe le lendemain à 4 h 35. 

Le même jeudi, à 14 h 35, Fawaz Ahmed Saleh Hamayel (45 ans) décède à l’hôpital des balles dans la poitrine reçues la veille en réponse à des jets de pierres. Il vient allonger l’interminable liste des résistants de Beita tombés sous les balles de l’occupant.

 Al-Aqsa sous les feux de l’ennemi 

Le soir du 14, les gardes d’Al-Aqsa parviennent à contrecarrer une tentative d’intrusion menée par trois colons. Ce ne sont que les prémisses…Vendredi 15 à 0 h 20, la police envahit l’esplanade. A l’aube, les portes de la mosquée s’ouvrent en grand et des milliers de fidèles affluent. Les forces d’occupation sont omniprésentes, en particulier sur les toits du Dôme de la Chaîne et de la Porte des Maghrébins. A l’heure de la prière, des centaines de soldats fondent sur la mosquée. Un commando escalade le toit dont il brise les fenêtres, offrant aux tireurs une vue plongeante sur l’intérieur. De là, les snipers arrosent indistinctement la foule à coup de balles métalliques, de grenades de désencerclement et de lacrymogènes. Peu après, d’autres soldats forcent la porte, obligent les fidèles à s’allonger et se livrent à un tabassage en règle, sans distinction d’âge ni de sexe. Les blessés se comptent par dizaines et les arrestations par centaines.

A l’extérieur, la nasse s’est refermée : l’occupant a bouclé tous les accès et empêche les secours d’intervenir. Le personnel médical est menacé et les soldats vont jusqu’à confisquer les clés des ambulances ! Quant aux dizaines de blessés qui reçoivent les premiers soins à la clinique de la mosquée, ils sont aspergés de gaz lacrymogène. A travers toute l’esplanade, les fidèles ainsi piégés sont pourchassés, tabassés, arrêtés, tandis que de jeunes résistants opposent leurs projectiles improvisés à l’arsenal de l’envahisseur. Vers 10 h, les forces d’occupation emmènent des centaines de civils menottés. Une nouvelle fois, elles violent l’enceinte sacrée de la mosquée pour en expulser brutalement les derniers fidèles présents, femmes comprises – provoquant une nouvelle riposte des jeunes résistants.

Pendant cette seule journée, les hôpitaux du quartier recueillent 152 blessés des deux sexes et de tous âges, dont au moins trois soignants, trois journalistes et deux gardiens de la mosquée.

Plus de 400 fidèles arrêtés sont conduits en bus au centre d’interrogatoire de Matsuda Adumim. La plupart d’entre eux ont été enlevés alors qu’ils faisaient leur retraite spirituelle (i’tikaf) dans la chapelle du Qibli (point indiquant la direction de la Mecque), à l’intérieur de la mosquée. Malgré cela, 2000 fidèles ont quand même réussi à faire leur retraite sur fond de tirs et de lacrymogènes !

Passé cet assaut du vendredi, Al Aqsa reste sous la menace constante des forces d’occupation. Lundi à 19 h, deux femmes sont rouées de coups et doivent être hospitalisées. Elles se prénomment Khadija et Hanadi.

Les 18 et 19 à l’aube, les soldats envahissent à nouveau la mosquée, attaquent à nouveau les fidèles avec l’arsenal habituel pour les forcer à sortir et encerclent les femmes rassemblées près du Dôme du Rocher. Le 20, changeant de stratégie, ils forcent les fidèles à ré-intégrer la mosquée pour les y enfermer. Tout ça pour permettre aux colons extrémistes d’effectuer en toute tranquillité leur petite tournée quotidienne sur l’esplanade des mosquées !

Il va de soi que les autres quartiers de Jérusalem ne sont guère plus sûrs pour qui n’appartient pas au « peuple élu ». Pour ne prendre que ces exemples, le 14 au soir, Muhammad Taha (14 ans) est kidnappé à la porte de Damas. Le 20, à Sheikh Jarrah, Nadine Al-Sa`u est tabassée et raflée pour une raison inconnue. Voir aussi : https://europalestine.com/2022/04/16/israel-attaque-la-mosquee-al-aqsa-et-declenche-la-colere-des-palestiniens/ et https://europalestine.com/2022/04/18/israel-prend-dassaut-la-mosquee-al-aqsa-et-frappe-des-fideles-palestiniens-pour-faire-place-aux-colons-juifs/

Attaqués sur leur lit d’hôpital ! 

Citer toutes les atteintes aux droits humains accomplies cette semaine remplirait une encyclopédie mais mentionnons toutefois :

Des dizaines de mineurs blessés, comme Malik Khalil (13 ans), Khaled Tariq Farraj (14 ans), Ahmed Jibril, Muhammad Tarayrah (15 ans tous les deux), Khaled Tariq Farraj, Rashad Halaika, Qusai Jamal, Noureddine Al-Amarin (16 ans tous les quatre), Mazen Daghra, Malaz Arar (17 ans tous les deux) 

Des gamins kidnappés, comme Athal Al-Azza, Muhammad Taha (14 ans tous les deux), Omar Adili (16 ans), Qusai Sabatine (17 ans), etc.

Des attaques contre le secteur de la santé. Le 17 à 2 h du matin, les soldats envahissent l’hôpital Al-Makassed de Jérusalem pour arracher à leur lit Omar Shweiki et Haitham Al-Jabari, deux des victimes de l’assaut contre Al-Aqsa, et les traîner en prison. Le 18, dans la vieille ville de Jérusalem, le soignant Muhammad Taha est sévèrement battu et doit être hospitalisé. Le 20, l’armée tire sur un véhicule du ministère palestinien de la santé qui transporte du personnel médical et des médicaments.

Une punition collective. A Yabad, un ordre de démolition frappe la maison familiale des Diyaa Hamarsha, dont un des membres a commis un attentat en Israël (il y a laissé la vie).

Au milieu de tout cela, le vol des terres se poursuit implacablement dans la vallée du Jourdain, conformément au « plan Trump ».

Le 14, l’armée y confisque 26 hectares de terres de deux villages sous prétexte d’en faire des terrains de manœuvres.

A Khirbet Al Hadidiya, une bande de colons jette son dévolu sur des terres appartenant à des Palestiniens et y construit les routes menant à une future colonie. Le 18, à ​Khirbet al-Farisiyah, une autre bande armée d’un bulldozer procède à des travaux de terrassement en vue d’installer les mobil homes d’un futur avant-poste. A l’inverse, l’armée confisque un bulldozer du village de Bardala pendant qu’il oeuvrait à une extension du réseau d’assainissement… 

Enfermés comme dans une colonie pénitentiaire 

A côté de Gaza, sous blocus depuis quinze ans (ce qui est un crime de guerre), la Cisjordanie, derrière son mur de l’apartheid, est engluée dans une toile de 108 checkpoints permanents auxquels se sont ajoutés cette semaine 99 points de contrôle temporaires, où 9 civils Palestiniens se sont faits arrêter.

Comme si cela ne suffisait pas, entre le vendredi à 16 h et le dimanche à l’aube, Israël a bouclé complètement la Cisjordanie et Gaza en raison de la Pâque juive : l’enfermement des uns pour mieux commémorer la libération des autres, un vrai condensé du deux poids deux mesures !

Ainsi, l’occupant fait subir à l’occupé un environnement kafkaïen. Les balles, les enlèvements, les confiscations, les brimades surviennent de façon arbitraire, imprévisible. Dans ce contexte, le fatalisme que l’on prête aux Orientaux devient un bouclier. Les colons peuvent bien arracher oliviers et amandiers, les paysans les replantent. C’est cela le sumud, l’esprit de résistance. Littéralement, les Palestiniens sont indéracinables. Au grand dam des colons… 

Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR)*, du Palestinian Monitoring Group (PMG)**: http://www.nad.ps/ et de www.en.wikipedia.org.

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