Le blogueur et figure de la révolution égyptienne Alaa Abdel Fattah, qui purge une peine de cinq ans de prison, est en grève de la faim depuis 124 jours. Sa santé se dégrade de manière plus qu’inquiétante. Amnesty International appelle à la libération de cet informaticien de 40 ans qui proteste contre les conditions de détention dans les geôles égyptiennes.

“Vous devez abandonner l’idée de me sauver. Je vais mourir ici. Concentrez-vous sur le fait que ma mort entraîne le coût politique le plus élevé possible pour le pouvoir, avait-il dit à sa soeur Mona Seif, qui avait pu le voir brièvement et constater sa considérable perte de poids et la dégradation de sa santé.
Le 24 juillet, c’est la mère d’Alaa Abdel Fattah, qui était allée lui rendre exceptionnellement visite à l’occasion d’une « trêve de l’AÏd », mais n’avait pas pu le voir après avoir attendu pendant des heures. Elle vient enfin de pouvoir le rencontrer cette semaine et rapporte qu’Alaa, placé à l’isolement dans la prison de Wadi el-Natrun, sans nouvelles du monde extérieur, est désespéré et veut mourir.
Alaa Abdel Fattah a été incarcéré pendant plus de deux ans avant d’être finalement jugé et condamné en décembre 2021, à cinq ans d’emprisonnement, pour « diffusion de fausses informations » et son ancien avocat Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim, alias Oxygen, de quatre ans. Condamnés par un tribunal d’exception, ils n’ont pas le droit d’interjeter appel. Seul le président Abdel Fattah Al-Sissi peut annuler la peine.
Fin avril, en amont de la fin du ramadan, Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé accorder la grâce présidentielle à des dizaines de prisonniers politiques, mais un seul journaliste a pu en bénéficier : Hossam Moanis. Ce qui a provoqué une révolte à l’intérieur de la prison et des mesures punitives en représailles.
Alaa Abdel Fattah, qui a obtenu la nationalité britannique en avril, s’est déclaré prêt à renoncer à sa nationalité égyptienne si ce geste lui permettait d’être libéré. Selon le site d’information indépendant Mada Masr, depuis la révolution du 25 janvier 2011, le blogueur a passé un plus de 7 ans en prison.
Deux de ses livres ont récemment été publiés en arabe, et il a été nominé « l’un des 50 Intellectuels les plus marquants de 2022 » par Prospect magazine, rapporte Al Jazeera.
Le pays compte 60 000 détenus d’opinion, dont, selon Amnesty International, « des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association ».
Parmi eux figure l’ancien candidat malheureux à l’unique présidentielle démocratique d’Égypte, en 2012, Abdel Moneim Aboul Foutouh, un ancien dirigeant des Frères musulmans – organisation déclarée « terroriste » par le pouvoir. Sa famille a indiqué dans un communiqué qu’il avait « subi le 23 mars une agression barbare menée par un officier » dans sa prison d’un faubourg du Caire, tenant « le régime pour responsable de sa vie et de sa santé physique et mentale ».
Quand on sait que la prochaine Cop 27, conférence internationale sur les changements climatiques, doit se dérouler à Charm el-Cheikh, au bord de la Mer Rouge en Egypte en novembre prochain, on voit une nouvelle fois à quel point nos gouvernants sont attachés aux droits de l’Homme !
CAPJPO-EuroPalestine