« Quelle est la seule chose qui peut surmonter les querelles internes parmi les Juifs ? La réponse est la sécurité. « Sécurité » est un mot magique qui signifie généralement le sang palestinien, écrit Hanin Majadli dans Haaretz.
« Par conséquent, ce qui s’est passé à Naplouse mercredi a un énorme potentiel pour apaiser les tensions internes entre Juifs. Et cela sans même mentionner la possibilité que des missiles soient tirés depuis la bande de Gaza. Dans ce cas, il n’y aura absolument pas d’autre choix – après tout, c’est une menace pour la sécurité, une peur existentielle – que de mettre momentanément de côté la « réforme juridique » pour créer un front uni dans la guerre contre le terrorisme », commente ironiquement le journaliste.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu sait très bien que le moyen pour lui de s’allier au parti de l‘Unité nationale de Benny Gantz, et peut-être même à Yesh Atid de Yair Lapid, passe par une question de sécurité. Gantz n’a en tout cas jamais cessé d’être chef d’état-major de Tsahal ou ministre de la Défense. Et Lapid a été invité à un briefing sur la sécurité avec Netanyahu mardi dernier. Purement par hasard.
Était-ce un geste planifié, délibéré et manipulateur ? Pas nécessairement. Israël agit ainsi presque automatiquement. Les Palestiniens, le Hezbollah, la menace iranienne : chaque fois que des problèmes intérieurs surviennent, ils mettent l’un ou l’autre dans la ligne de mire. C’est déjà devenu un réflexe.
Seuls les Arabes peuvent unir les Juifs. Quand un gouvernement de centre-gauche est au pouvoir, il doit les tuer pour prouver qu’il n’est pas faible, obséquieux et de gauche. Quand un gouvernement de droite est au pouvoir, il doit les tuer parce que sinon, que veut dire « droite » ?
Bref, que feriez-vous sans nous ? Vous vous dévoreriez l’un l’autre.
Voici donc un scénario possible pour les jours à venir : le Hamas tire des missiles depuis Gaza en représailles ; des attaques de vengeance sont également menées depuis Jénine et Naplouse. En réponse, Tsahal lance une opération mineure « pour rétablir la dissuasion ». Et puis Netanyahou prononce un discours à 20 heures, juste à temps pour les nouvelles du soir : « Pendant que nos fils et nos filles combattent l’ennemi, nous devons nous calmer et nous unir ».
Je dis cela pour tous ceux qui se demandent pourquoi nous, les Arabes (israéliens, NDRL), ne rejoignons pas les manifestations. »
Par par Hanin Majadli
Source : Haaretz
CAPJPO-EuroPalestine
