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Le document policier qui sert à interdire nos manifestations

Nous reproduisons ci-dessous copie du document qui a servi de prétexte au Tribunal Administratif de Partis pour confirmer l’interdiction de notre rassemblement de jeudi Place de la République à Paris (interdiction sans grand effet, soit dit en passant, puisqu’au moins 4.000 personnes, jeunes et moins jeunes, y ont exprimé leur colère contre le massacre de la population de Gaza et la complicité criminelle de la France avec le régime d’apartheid israélien).

Mais revenons à ce fameux document.

Il s’agit de ce que la presse appelle « une note blanche », et que la préfecture appelle « note des services spécialisés ». 

Deux feuillets A4 ne comportant  ni en-tête, ni logo, ni signature de leurs auteurs ! 

Dans des conditions normales d’exercice de la justice, la production de dénonciations anonymes ne devrait pas avoir plus de poids qu’une lettre de corbeau, et aller directement à la poubelle.

Mais non ! Pour le juge des référés du tribunal administratif qui a rejeté notre requête, le tissu de mensonges et affabulations de la « note blanche » vaut parole d’évangile et a bien été le socle de la décision liberticide.

Le papier commence par lister les manifestations annoncées et présentées comme dangereuses : celles du jeudi 12 (par CAPJPO-EuroPalestine et l’AFPS sur cette même place de la République) ; un rassemblement , en général de proportions modestes le 13, dans le XXème arrondissement de la capitale pour la libération de Georges Abdallah ; un autre rassemblement samedi 14 octobre Place de la République à 15 heures à l’initiative de l’Association de Palestiniens en Île-de-France, et, tenez vous bien, UN CONCERT DE RAP PALESTINIEN à l’Institut du Monde ARABE (IMA) !

« Des appels à la violence contre les juifs, des slogans antisémites voire faisant l’apologie du terrorisme pourraient également y être relayés, en plus des « habituels » (sic) ‘À mort Israël » selon nos anonymes. 

Les preuves, ou à tout le moins quelques indices concordants ?  Il n’y en a pas. 

La Préfecture a eu beau joindre à son mémoire quelques coupures de presse -relatant des allégations du ministère de l’Intérieur, on n’est jamais si bien servi que par soi-même n’est-ce pas ? – elle n’en a pas trouvé. 

Ah si, quand même ! Dans son mémoire en défense (document de 14 pages que nous ne reproduisons pas pour ne pas alourdir la lecture, mais qui reprend principalement la « note blanche »), le chef du service des affaires juridiques et du contentieux de la Pref’ se prend d’une passion pour les antipodes : il répète à trois reprises que des cris antisémites ont été entendus lors d’un rassemblement …. à Sydney, la métropole australienne à 20.000 kilomètres de chez nous ! 

Vient ensuite le danger que pourrait représenter l’adjonction, au public répondant aux appels d’EuroPalestine et de l’AFPS, de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Celui-ci a eu le malheur d’écrire, c’est souligné en gras par les auteurs « Offensive de Gaza nous sommes toutes et tous des Palestinien.ne.s » Plus antisémite que ça tu meurs, non ?

La France Insoumise (LFI), Révolution Permanente, le PIR sont également désignés comme fauteurs de trouble supplémentaires, bien que, à la connaissance des auteurs, ces organisations n’aient pas annoncé leur présence Place de la République.  L’accent est d’ailleurs mis sur la présence potentielle d’élus LFI (qui ne semble pas s’être concrétisée hier à République), laquelle serait un facteur « d’exacerbation de la colère » !

L’Action Antifasciste Paris Banlieue est elle aussi pointée du doigt, notamment parce qu’elle est proche -horreur !- « des jeunes des quartiers sensibles »

Les auteurs se prennent pour des experts, chiffrant le potentiel de chaque association, pour aboutir à une estimation maximale de 1.200 à 1.300 manifestants : encore raté, Mesdames et Messieurs de la Préfecture. Il y avait hier, malgré l’interdiction, 4 fois plus de monde, de 4.000 à 5.000 personnes !

Ils font référence de manière mensongère à des interdictions antérieures (en 2014 et 2021) pour dire, en creux, que la solidarité avec le peuple palestinien ne peut pas s’exprimer lorsque celui-ci en a le plus besoin (lors des attaques les plus sanglantes de l’occupant israélien).

Enfin, la préfecture évoque la possibilité pour « la mouvance ultra-sioniste » de s’attaquer aux rassemblements de soutien à la Palestine, avec des effectifs de … « plusieurs dizaines de personnes ». Pas un mot bien sûr pour rappeler que le contribuable paye la police pour qu’elle garantisse la liberté de manifester, et qu’elle a assurément les effectifs (on l’a vu hier soir encore Place de la République) suffisants pour tenir à distance quelques dizaines de trublions fanatiques du régime israélien.

Le gouvernement français, -pour qui les exactions contre des civils israéliens commises lors de l’offensive du Hamas été une véritable aubaine-  a choisi de s’aligner servilement sur les bourreaux du peuple palestinien. 

Et il décide officiellement d’interdire toute manifestation de soutien, comptant sur le fait qu’il trouvera partout dans le pays des magistrats aussi compréhensifs qu’à Paris en cas de recours.

Mais comme on a pu le voir depuis le début de la semaine, que ce soit à Lyon, à Paris, à Grenoble et dans bien d’autres cités, on ne pourra pas nous réduire au silence. 

CAPJPO-EuroPalestine