4 septembre (rédac CAPJPO) – Le journaliste Daniel Mermet, animateur et réalisateur de l’émission « Là-bas si j’y suis » sur France-Inter, est à nouveau la cible d’une tentative d’intimidation judiciaire de la part d’éléments sharoniens, dans des conditions aussi dénuées de fondement sinon plus que lors de son dernier procès.
On se rappelle que Daniel Mermet a comparu au mois de juin, sous l’accusation d’incitation à la haine raciale, après la diffusion d’une série de reportages sur le conflit israélo-palestinien. Les plaignants étaient des organisations se réclament de la lutte contre l’antisémitisme ou du judaïsme, comme la LICRA, ou L’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), mais qui se font jour après jour les relais, en France, de la politique du gouvernement israélien.
Le véritable enjeu de ce procès était de savoir, pour reprendre l’intitulé de la pétition de soutien à Daniel Mermet, « si on a encore le droit de critiquer Sharon ». Les plaignants ont été déboutés dans cette affaire, mais ils ont fait appel.
« Le problème, c’est que même si on obtient raison devant le tribunal, ce genre d’attaques laisse des traces. L’opinion oublie souvent très vite l’issue d’un procès. D’ici quelques mois, vous aurez des gens qui diront, parfois même de bonne foi : ‘Daniel Mermet ? Mais n’est-ce pas lui qui a été accusé d’antisémitisme par des organisations juives ?’. Tel est bien évidemment le but de la manœuvre », nous déclare le journaliste, qui passe mardi 10 septembre à 13h30 devant la XVIIème Chambre du tribunal correctionnel de Paris. Il est défendu par M° Jean-Yves Halimi.
D’un point de vue judiciaire, l’affaire est abracadabrante :
En 1998, à la suite d’un article paru dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Daniel Mermet interviewe le nommé Hans Munch, dernier médecin SS d’Auschwitz encore en vie, qui avait été acquitté par un tribunal polonais au lendemain de la deuxième guerre mondiale, et avait depuis lors été laissé tranquille dans son Allemagne natale.
Le journaliste découvre alors avec une certaine stupéfaction que face au micro, Hans Munch ne renie rien, n’exprime aucun remords, et parle avec complaisance de ses crimes : « il y avait tout, les Juifs et les Tziganes traités de sous-hommes, le grand intérêt des expérimentations nazies sur leurs corps, etc. etc. », se souvient Daniel Mermet.
« Je passe donc le reportage, bien entendu en le présentant comme il faut aux auditeurs, et j’alerte les organisations dont l’objet est de lutter contre le racisme, comme le MRAP et la LICRA, sur la nécessité de réprimer des propos aussi scandaleux », ajoute-t-il.
Une plainte est déposée, et Daniel Mermet témoignera au procès contre le Munch en question. Cependant, l’ancien médecin nazi n’est pas condamné, sa défense ayant réussi à faire prévaloir qu’il était devenu sénile, et n’était donc pas responsable de sa parole.
Les plaignants font appel : au nouveau procès, en 2001, ils parviennent à démontrer que Munch était encore lucide au moment où il avait parlé à la radio, et obtiennent une condamnation (avec dispense de peine, compte-tenu de la sénilité frappant désormais le coupable).
« A l’antenne, je fais donner le résultat du procès, et, pour illustrer l’affaire, je fais repasser des extraits de l’interview initiale », rappelle Daniel Mermet.
Mais peu de temps après, l’avocat Gilles-William Goldnadel, qui s’est lui aussi fait une spécialité de ce genre de mauvaises causes, bientôt rejoint par la LICRA (qui n’est pas à une incohérence près), attaque Daniel Mermet pour …. Incitation à la haine raciale !!!
« C’est à dormir debout, bien entendu. Car si on n’a plus le droit de diffuser des documents relatifs à l’horreur nazie, il faut tout de suite saisir toutes les copies et cassettes de films aussi importants que ceux du procès Eichmann ou le film Shoah de Claude Lanzmann. Mais je sais bien que ce ne là aussi qu’un prétexte pour m’intimider et me faire taire », s’insurge Daniel Mermet.
CONTRE TEMOIGNAGE CHRETIEN
Le même M° Goldnadel, président de l’association dite « Avocats sans Frontières » (mais cette appellation lui est contestée en justice par les animateurs d’une autre association « Avocats sans Frontières », qui estiment que leur identité a été usurpée) a parallèlement porté plainte contre le magazine « Témoignage Chrétien ».
Il réclame à celui-ci un « Droit de Réponse », après la sortie d’un article relatant la radicalisation pro-israélienne d’une série d’institutions juives en France.
« Témoignage Chrétien a passé deux Droits de réponse, assez substantiels, après la publication de l’article. De M° Goldanel, nous avons reçu un texte, non seulement d’une longueur extravagante, près de 4 pages, mais qui contenait en outre des insultes à l’encontre la journaliste. Nous lui avons donc dit que son texte n’était pas passable en l’état », nous indique l’avocat de Témoignage Chrétien.
L’affaire passe en référé la semaine prochaine, également au tribunal de Paris.