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APPEL AU SECOURS DES UNIVERSITAIRES PALESTINIENS

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11 novembre – Lors d’une rencontre entre universitaires palestiniens et universitaires français organisée le 9 novembre à l’Unesco sur le thème « L’avenir de l’enseignement supérieur palestinien », les 8 Palestiniens présents ont lancé un véritable appel au secours, et les universitaires français ont pris plusieurs engagements à leur égard.


Une motion a été adoptée à l’issue d’une journée qui a permis à 8 universitaires palestiniens venus de Birzeit, Naplouse, Bethléhem et Gaza de décrire la situation catastrophique de l’enseignement supérieur en Palestine depuis la deuxième Intifada.

Le Professeur El Marki de l’Université de Birzeit a souligné les conséquences désastreuses liées aux difficultés d’accès physique à l’université pour les étudiants. « Cette université visait auparavant à regrouper des étudiants de tout le pays et à créer un sentiment de citoyenneté nationale. Désormais, seuls les étudiants habitant tout près de Birzeit peuvent se rendre, au prix d’efforts considérables, à la faculté, et l’on assiste de ce fait à l’instauration d’une loyauté locale aux dépens d’une loyauté nationale, ce qui est très grave », a-t-il mis en garde.

A l’Université de Béthléem , les problèmes financiers liés au chômage massif et à l’absence de financement par l’Autorité palestinienne de plus en plus démunie, entraînent une baisse significative de la qualité de l’enseignement. Non seulement, il faut fonctionner avec 1.000 dollars par an et par étudiant alors que la prise en charge est normalement de 3.000 dollars par an, mais la baisse générale du niveau dans l’enseignement secondaire, où l’on peut difficilement payer leurs salaires aux enseignants, se répercute sur celui des étudiants. Ceci dans un pays où l’éducation a toujours été vécue comme une priorité.

A l’université An Najjah, à Naplouse, première université laïque créée en Cisjordanie en 1919, la répression (plus de 50 morts, des centaines de blessés, des professeurs en détention), le manque de moyens et la campagne de diffamation orchestrée par les médias israéliens contre cette université présentée systématiquement comme « une base arrière des terroristes », ne peuvent que renforcer les groupes les plus extrémistes, face au sentiment d’abandon ressenti par l’ensemble des étudiants, a souligné le Professeur Shafei.

Naplouse est devenue « la grande prison ».et l’accès à l’université est interdit à toutes les localités voisines, soit 90 % de l’effectif de l’établissement. Un étudiant vivant à 5 km de l’université doit passer 4 à 5 h en transport pour y accéder par des chemins détournés, et à ses risques et périls.
La ville de Naplouse est coupée en deux,. Sa partie Est, celle qui comprend 3 camps de réfugiés ainsi que la zone industrielle, et qui subit une répression encore plus dure, est complètement coupée de la partie Ouest de la ville.
L’université An Najjah a été bombardée à plusieurs reprises par l’armée israélienne, puis fermée un mois d’affilée. En raison des couvre-feux incessants, l’enseignement a couramment lieu, en cachette, dans des caves et des appartements dans les localités avoisinant l’université. « Et cela au 21ème siècle », souligne le Pr. Shafei. Les examens de 2001-2002 ne sont toujours pas terminés et l’on assiste à la mort lente de toute vie culturelle, éducative et sociale.

La bande de Gaza, région la plus densément peuplée du monde, a été coupée en trois segments par les occupants et l’Université Al-Ahzar, située dans la section Nord est le plus souvent inaccessible aux étudiants et aux enseignants, en raison des nombreux barrages installés tout le long de la bande.
Gaza, totalement isolée, souffre d’un taux de chômage tel que les étudiants ne peuvent plus payer leurs droits d’inscription. Les subsides en provenances d’autres pays sont quasiment inexistants.

Dans ces conditions d’asphyxie totale, ont souligné les universitaires palestiniens présents (après un voyage épuisant de plusieurs jours et de multiples détours pour parvenir en France), la coopération internationale est du ressort de « l’imaginaire ».
Outre le fait que les universitaires israéliens ne manifestent aucune solidarité à leur égard, « et se taisent devant le crime », celle des universitaires européens est essentiellement une « solidarité sentimentale », ont-ils souligné.
« On a besoin que vous veniez sur place », « on a besoin que vous escortiez les enfants pour qu’ils puissent se rendre à l’école », « on a besoin de financements pour l’enseignement à distance et les équipements », « il faut faciliter l’accès des universitaires palestiniens à l’étranger en faisant pression par des courriers offciels auprès des autorités israéliennes, mais aussi jordaniennes et égyptiennes, qui nous empêchent de franchir les frontières ». Mais il faut avant tout, ont-ils déclaré, « faire passer le message du droit à l’éducation ». « L’éducation est un droit ; l’occupant ne peut pas l’interdire à sa guise ».

Motion adoptée à l’unanimité :

Les universitaires français et étrangers, représentant divers établissements d’enseignement supérieur, réunis au siège de l’UNESCO à l’appel du Comité de Solidarité de Solidarité avec l’Université de Birzeit et du Collectif Interuniversitaire pour la Coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP), avec le soutien de la Direction des Sciences Sociales et Humaines de l’UNESCO, pour accueillir la délégation des Universités palestiniennes en visite en France et en Europe :

– ont pris connaissance avec émotion et indignation des conditions scandaleuses dans lesquelles l’occupation israélienne place l’éducation en général et l’enseignement supérieur en particulier en Palestine, qui tendent à en anéantir la possibilité même ;

– ont reconnu, en accord avec nos collègues de Palestine, l’importance des programmes de coopération scientifique, pédagogique et culturelle, fondés sur la réciprocité et l’échange des connaissances, et appelle à leur intensification ;

– exigent la levée des obstacles à l’éducation en palestine, ainsi que l’arrêt des destructions et la réparation par Israël des dommages causés ;

– demandent au gouvernement français, à l’Union Européenne, aux organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales d’exercer une pression sans relâche, par tous les moyens à leur disposition y compris la suspension des accords de coopération culturelle avec Israël, pour faire respecter le droit fondamental à l’éducation du peuple palestinien et de ses enfants.

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