Header Boycott Israël

PROCES DE CHAMBERY : LA LCR PERSISTE ET SIGNE : SHARON = ASSASSIN !

18 juin (envoyé special CAPJPO) – Après le MRAP et le journaliste Daniel Mermet, tour à tour accusés d’antisémitisme par des institutions juives, la LICRA a récidivé lundi à Chambéry avec des poursuites judiciaires contre un militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire accusé « d’incitation à la haine et à la violence envers le peuple israélien » pour avoir collé des affiches indiquant « Sharon, assassin ! Un Etat pour les Palestiniens ».


Cette fois-ci, c’est le Parquet de Chambéry qui avait pris cette initiative, puis appelé la LICRA à la rescousse. Et, copie conforme des précédentes plaidoiries de ses collègues, l’avocat de la LICRA, Me Jacubowicz s’est employé à montrer « la gravité des glissements sémantiques ». On commence par critiquer le sionisme et on finit par brûler des synagogues.

Pas gêné de s’en prendre une fois de plus à un militant antiraciste notoire en la personne de Sébastien Jolivet, l’avocat de la Licra nous a servi le plat désormais unique : un cours sur la naissance de l’Etat d’israël liée à la Shoah, des vitupérations contre José Bové pour avoir affirmé, de retour de Ramallah, que les attentats antisémites étaient liés à la politique d’Ariel Sharon , ce pauvre « Sharon , injustement traité de boucher », alors qu‘à Sabra et Chatila, il ne s’est pas directement sali les mains, mais a juste laissé faire les milices phalangistes chrétiennes » (sic), puis une condamnation du « consensus mou de l’appareil judiciaire français face à la montée de l’antisémitisme », et enfin le même étonnement que les Finkelkraut et autres Cukierman du fait que « Israel, seul gouvernement démocratique de la région, soit autant attaqué ici, alors qu’on ne dit rien sur ce qui se passe en Algérie, au Soudan où dans d’autres pays où sont commis des actes condamnables ».

S’en prenant aux « runes » (caractères gothiques ou scandinaves) des « S » du mot « ASSASSIN » qui pouvaient évoquer le sigle « SS » sur certaines des affiches collées à Chambéry, il a accusé Sébastien Jolivet de « faire de l’antisémitisme comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ».

« Ce qui est grave, ce sont les conséquences », a-t-il répété après ses compères, en citant les « thèses » de Taguiev sur « la nouvelle judéophobie », ainsi que les récents articles, dans le Monde, de Françoise Giroud ou encore du journaliste Xavier Termisien, affirmant (sans prendre la peine de démontrer) que des propos antisémites circulaient dans des pamphlets musulmans.
Refrain désormais connu : « Bien sûr, ce n’est pas Sébastien Jolivet qui brûle les synagogues, mais ce sont des écrits tels que le sien qui conduisent à ces effets déplorables ». Et d’insinuer qu’il risquait de « dévoyer nos enfants » en sa qualité d’enseignant !

Quant au substitut du procureur, après s’être ridiculisé en demandant une condamnation pour « dégradation de biens publics », alors que la municipalité de Chambéry a pour sa part conclu à l’absence de préjudice, les affiches incriminées ayant été collées sur des panneaux d’affichage, il s’est définitivement distingué par cette brillante formule : « La muraille est le papier de la canaille » (à méditer).
Après cet édifiant constat, qui donne une assez bonne idée du niveau et de l’esprit du Parquet de Chambéry, il a tout de même montré ses capacités politiques en affirmant que puisque Sharon a été « démocratiquement élu », « l’attaquer revient nécessairement à attaquer le peuple israélien ».

Curieuse conception d’une « démocratie » dans laquelle toute opposition est par définition condamnable.
Autant dire que les avocats et les témoins de la défense ne se sont pas gênés pour retourner ces accusations et démontrer leur mauvaise foi.

Après Richard Wagman, président de l’UJFP (Union Juive française pour la Paix) venu dire à la barre que de nombreux juifs français étaient, comme lui, d’accord avec la qualification d’assassin ou de criminel concernant Ariel Sharon, Roselyne Vachetta, député LCR européen, a rappelé que le mot « SS » avait été maintes fois utilisé pour qualifier d’autres hommes politiques comme Pinochet ou Nixon (dont le X central avait souvent pris des allures de croix gammée pendant la guerre du Vietnam), sans compter les slogans de CRS = SS de mai 68, qui étaient certes exagérés, mais n’avaient rien d’antisémite.

La dirigeante de la LCR, qui s’est rendue quatre fois en Palestine, a par ailleurs témoigné des crimes de guerre perpétrés à Jénine, des civils massacrés, des maisons détruites. « C’est le gouvernement israélien qui remet en cause la sécurité de son propre peuple, ce ne sont pas les inscriptions ou les cris de Sharon, assassin !, a-t-telle conclu.

Eyal Sivan, cinéaste israélien a bel et bien « cloué le bec » à la partie civile en témoignant en tant qu’Israélien « qui ne se sentait absolument pas agressé par un tel slogan », et en soulignant que de nombreux Israéliens eux-mêmes recourent, dans leurs manifestations, à de telles formulations. Traduisant de l’hébreu quelques slogans des récents manifestants de la paix en Israel, il a ainsi cité : « Ben Eliezer, combien d’enfants as-tu tué aujourd’hui ? » . Il a rappelé que la croix gammée et l’uniforme nazi avaient déjà été utilisés en Israel par des protestataires pour vilipender certains de leurs dirigeants, et que le salut nazi avait été fait à la Knesset, dans le même esprit, par l’un des députés, qui pour toute sanction a été amené à sortir du parlement israélien.
« Le peuple israélien est loin d’être homogène et il est assez fort pour se défendre lui-même », a-t-il fait remarquer.

Enfin, Florence Girard-Madoux et Antoine Comte, les deux avocats de la défense ont vigoureusement pris à partie le Parquet et la Licra.

« Si on ne dénonce pas ce que fait le gouvernement israélien, on se rend complice ! ». « L’Etat d’Israel n’est pas le représentant des Juifs », « Il n’y a pas un seul peuple israélien, ni une pensée israélienne unique », « Vous essayez de promouvoir une nouvelle intolérance, en interdisant toute critique et en faisant du Tribunal un champ d’expérimentation ». « La LICRA a été gagnée par un nouveau cancer, celui de l’obsession du complot et du délire des amalgames ». « Elle ment outrageusement en prétendant que les militants qui critiquent la politique israélienne ne se sont pas élevés contre d’autres massacres, en Algérie et ailleurs. Ils le font constamment ». « Les autres associations des droits de l’Homme, telles que le MRAP et la Ligue des Droits de l’Homme , ne vous suivent d’ailleurs pas et condamnent votre attitude »

Quatre heures d’audience qui ont tout de même permis de « remettre quelques pendules à l’heure ». Le jugement doit être rendu le 15 juillet prochain.

Olivia Zémor (CAPJPO)