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LA REPONSE DE GUSH SHALOM A GEORGE BUSH

26 juin – Voici le communiqué publié par les militants pacifistes de Gush Shalom, après le discours de George Bush (traduit de l’anglais par Olivier Six)


Le discours : de jolis mots pour contourner une moche réalité

Des réformes démocratiques, une démocratie active basée sur la liberté et la tolérance, un système législatif efficace, une justice indépendante, la séparation des pouvoirs, une nouvelle constitution – autant de choses roses présentées aux Palestiniens par le président des Etats-Unis, dans son discours sur le Proche-Orient tant attendu.

D’une façon ou d’une autre, tout au long de son discours, George W. Bush a réussi à éviter toute mention de la situation actuelle dans le même coin de terre où toutes ces merveilleuses choses doivent se matérialiser. Il n’est pas fait mention du fait que toutes les villes de Cisjordanie sont envahies par les forces armées israéliennes; du fait que des centaines de milliers d’habitants sont emprisonnés chez eux par un strict couvre-feu, et que les civils qui vont dans les rues de leurs villes courent le risque que des chars leur tirent dessus au canon (pendant que ce discours était prononcé à Washington, les soldats Israéliens prenaient le contrôle d’Hébron, tuant trois policiers palestiniens dans l’opération); pas fait mention du fait qu’avant même cette invasion les villes et villages où Bush voudrait voir prospérer une économie de marché sont coupés les uns des autres par des checkpoints, des blocus et des sièges, avec des habitants qui remplacent leurs voitures par des ânes capables de négocier les étroits chemins de montagne.

Comment les Palestiniens pourraient-ils implémenter une quelconque sorte de réforme dans ces conditions ?
Comment pourraient-ils réformer une Autorité Palestinienne systématiquement étranglée jusqu’à élimination ?
Comment des élections pourraient-elles être organisées « avant la fin de l’année » sans un retrait des forces israéliennes et une assurance de non-interférence ?

Et que dirait le président Bush si les électeurs palestiniens, exerçant leur droit démocratique de choisir, ré-élisaient Yasser Arafat comme leur chef ? Ce choix démocratique serait-il mis de côté par une nouvelle invasion armée ? Et même si « de nouveaux dirigeants » étaient élus, remplissaient les critères démocratiques de Bush, et tentaient de « combattre le terrorisme » comme le demande avec insistance le président, seraient-ils assurés que les conditions de base pour le faire leur seraient accordées ? Est-ce que leurs efforts ne seraient pas continuellement contrecarrés par Sharon, comme le sont ceux de l’actuelle direction Palestinienne ? Dans la bande de Gaza, le seul morceau de territoire où l’Autorité Palestinienne exerce encore un certain contrôle et où elle a dans les derniers jours essayé de prendre quelques mesures contre le Hamas, les forces israéliennes ont commis hier la provocation d’assassiner un des principaux dirigeants du Hamas (avec cinq membres de sa famille qui voyageaient dans le même taxi que lui, et qui ont été tués par le même missile).

La cause profonde du terrorisme et des attentats-suicide (ou « attentats-homicide » comme le président a insisté pour les appeler) a été presque totalement ignorée : la situation des jeunes Palestiniens sous une occupation toujours plus dure, qui se voient oppressés et spoliés, privés de tout espoir et attente pour le futur, abandonnés par le monde, et qui atteignent le point où ils décident de se faire exploser pour tuer des Israéliens choisis au hasard. On ne peut attendre aucune fin à ce terrorisme si on n’offre pas un espoir tangible à ces gens, pour supprimer le phénomène de l’attentat-suicide à la source;

Le discours du président Bush, signifiant de stridentes exigences au plus faible, et présentant de vagues requètes au plus fort, ne contribue que faiblement à cette cause. Pas étonnant que Sharon exprime une immense satisfaction à propos du discours – mais les deux peuples, enlacés dans ce terrible combat payent le prix de l’arrogance, le manque de vision et de résolution du locataire de la Maison Blanche.

Adam Keller, porte-parole de Gush-Shalom