Header Boycott Israël

SABRA ET CHATILA : SHARON ECHAPPE AUX POURSUITES EN BELGIQUE

26 juin (rédac CAPJPO) – Un tribunal belge a déclaré mercredi irrecevable la plainte de survivants du massacre dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila (à Beyrouth, Liban) contre Ariel Sharon, ministre de la Défense en 1982, dont la responsabilité dans ces crimes de guerre a pourtant été établie en Israël même.


Le renoncement des juges belges s’appuie sur le fait que, selon eux, on ne peut pas poursuivre, pour des crimes de guerre commis à l’étranger, un Premier ministre étranger en exercice qui ne se trouverait pas lui-même sur le territoire belge.

Cette décision de la justice belge était généralement attendue, même si elle est susceptible de faire maintenant un recours devant la Cour de Cassation.

Elle n’est pas surprenante non plus quand on voit que les plus grandes puissances du monde dit « démocratique », à commencer par les Etats-Unis mais aussi des pays bien plus importants que la Belgique sur la scène internationale (France, Grande-Bretagne, etc.) laissent ce même Ariel Sharon écraser jour après jour le peuple palestinien et violer le droit humanitaire international sans réagir, et même en applaudissant dans le cas de Bush.

Pour autant, les victimes de Sabra et Chatila ont eu raison d’explorer toutes les voies de droit pour tenter d’amener Ariel Sharon a répondre publiquement de ses crimes, ne serait-ce que parce que cette action en justice a permis de rappeler, au grand jour, les états de service passés de celui qui symbolise aujourd’hui la politique criminelle d’Israël à l’encontre du peuple palestinien.

Mais même sur le seul « front juridique », s’il ne faut pas se faire d’illusions excessives, Israël aurait tort de pavoiser trop tôt.

Le procureur qui avait conclu que Sharon ne peut pas être poursuivi en Belgique parce qu’il est Premier ministre a en effet estimé que cette règle ne s’appliquait pas à d’autres responsables israéliens, eux aussi impliqués dans le massacre de Sabra et Chatila, qui pourraient par conséquent être poursuivis.

Cela concerne entre autres l’ancien chef d’Etat-major Rafael Eytan, l’ancien général de division Amos Yaron (aujourd’hui directeur général du ministère de la Défense), et l’ancien commandant Nord de l’armée, le major-général Amir Drori.

Le massacre dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila a fait entre 1.000 et 2.000 morts en deux jours de carnage, en août 1982, à un moment où les combattants palestiniens ayant été chassés de la ville par une offensive de l’armée israélienne, la population civile palestinienne était restée complètement sans défense.

Ce massacre a été perpétré par les Phalanges libanaises, des milices d’extrême-droite, alliées de l’armée d’Israël, qui occupait à ce moment-là Beyrouth.

Le massacre avait soulevé l’indignation du monde entier, y compris en Israël où des centaines de milliers de manifestants avaient exprimé leur honte, et réclamé le châtiment des coupables. La justice israélienne avait pour sa part estimé que Sharon avait fait preuve de « négligence » en laissant se dérouler le massacre ; il n’était cependant pas passé en jugement, se contentant de démissionner de son poste de ministre. Vingt ans plus tard, le même homme dirige son pays, et les « Grands » de ce monde lui serrent la main.