27 septembre – Nous reproduisons ci-dessous un appel de Radio Tarik Al Mahabbeh 97.7, la radio locale de Naplouse, qui a un besoin urgent de soutien financier. Du fait du couvre-feu imposé par l’armée israélienne, la radio reste pratiquement le seul moyen de communication en direction des habitants. Le directeur de la radio, Amer Abdelhadi, fait état d’un besoin immédiat de 5.000 euros.
Notre association CAPJPO envoie tout de suite un chèque de 1.000 euros, mais nous aimerions pouvoir envoyer davantage grâce à vos contributions. Merci d’avance. Vous pouvez envoyer un chèque en Palestine, ou bien passer par notre intermédiaire (voir les modalités du soutien au bas du texte)
« Chers amis,
Salutations de Naplouse qui dépérit sous un couvre-feu continu imposé par les militaires israéliens depuis le 20 juin, avec quelques interruptions sporadiques de quelques heures tous les quinze jours ou presque.
Tous les aspects de la vie sociale, économique, culturelle et humaine ont été désagrégés. Et maintenant, nous venons d’être frappés par la dernière agression israélienne contre toute la ville de Naplouse, où de nombreuses personnes ont été tuées, un bien plus grand nombre blessées, des maisons démolies, et l’histoire de notre ville ancienne bien aimée rayée de la carte. On ne peut s’opposer à ces attaques contre notre passé, notre présent et notre futur qu’avec le soutien des personnes éprises de liberté, de paix et de justice dans le monde.
C’est d’ici-même sous bouclage et couvre-feu – avec la nourriture et les médicaments presque épuisés, l’eau coupée et les générateurs électriques détruits, les enfants terrorisés, les écoles fermées, et les vies sociale, économique et politique atrophiées – que nous lançons un appel à vous tous parce que vous êtes notre seul et dernier espoir. Nous vous demandons d’intervenir et d’employer les moyens à votre disposition pour obliger Israël à lever le couvre-feu sur Naplouse et les autres communautés Palestiniennes prises en otage des lubies de Sharon et de son gouvernement sanguinaire.
Nous essayons désespérément d’accomplir notre mission de journaliste et d’informer notre public à Naplouse des développements sur le terrain. Mais comme vous le savez peut-être, notre travail est dangereux et compliqué. En Avril, Israël a décidé de réoccuper toutes les villes et villages de Cisjordanie. A cette époque là, notre station a été mitraillée, ce qui a failli tuer deux de nos reporters qui refusaient de quitter la station et insistaient pour donner à la population de Naplouse les nouvelles de ce qui s’y passait. Malheureusement, les armes de gros calibre ont fracassé nos studios, détruisant complètement deux émetteurs et autres matériels d’une valeur de plus de 50.000 euros.
Déjà avant la récente Intifada, les militaires Israéliens avaient saisi nos émetteurs au sommet de la montagne Jerzim sous prétexte de s’opposer au piratage de stations de radio israéliennes. Et bien que l’Autorité Palestinienne ait clairement exposé à la partie Israélienne que nous étions une station de radio légitime et pleinement habilitée, nous émetteurs n’ont jamais été rendus ni remboursés. Nous avons installé un vieil émetteur de rechange ailleurs, mais nous ne pouvions plus émettre sur toute la Palestine et nous devions nous limiter à Naplouse et au nord de la Cisjordanie. Pendant l’incursion d’avril, l’armée israélienne est venue sur ce lieu d’émission et a causé un choc électrique sur les émetteurs, les détruisant complètement. Nous avons installé un autre jeu d’émetteurs que nous utilisions avant pour les émissions en extérieur mais les militaires Israéliens sont venus s’en emparer le 4 septembre. Notre couverture se limite maintenant à la ville de Naplouse ce qui empêche nos services vers les villages et villes avoisinantes.
Nos pertes sont de plus de 150.000 euros depuis avril cette année (cette somme peut sembler peu aux gens aux USA et en Europe mais c’est un investissement énorme pour nous ici). Nous sommes menacés par l’occupation israélienne d’un côté et par le manque de fonds de l’autre.
Les choses empirent de jour en jour. Contrairement à d’autres journalistes dans le monde, notre mission n’est pas seulement de rapporter les nouvelles. Nous n’exagérons pas quand nous disons que nous sommes la bouée de sauvetage de cette communauté. Avant avril et la réoccupation directe de Naplouse par les Israéliens, nous donnions un bulletin tous les quarts d’heure sur la « situation routière » pour informer les gens des voies détournées à prendre pour amener les malades et les blessés aux hôpitaux ou pour permettre de faire avancer des dossiers importants (parfois les gens hors de Palestine ne réalisent pas que personne ne pouvait faire un voyage et passer un checkpoint israélien si ce voyage n’était pas absolument nécessaire. Ce n’est pas seulement le danger inhérent à un tel voyage, mais aussi les souffrances de marcher sur de longues distances au risque d’être renvoyé en arrière et surtout le coût démesuré quand les gens n’ont pas d’argent pour se nourrir, se soigner, ou pour les factures d’eau et d’électricité). Ces bulletins étaient entendus par la population de Naplouse et des villages environnants, et des camps de réfugiés de Balata, Askar, et Ein. Nous émettions des bulletins spéciaux chaque fois que quelqu’un apercevait une patrouille israélienne près d’une route libre et appelait via Jawwal (le réseau Palestinien de téléphonie mobile) pour nous prévenir.
Maintenant que les routes sont complètement bloquées et que personne ne peut entrer ni sortir de Naplouse, nous sommes la seule source d’information pour annoncer avec tristesse les noms des martyrs pour permettre aux gens d’assister aux funérailles et présenter leurs condoléances – seule sorte de soutien social que les gens peuvent offrir les uns aux autres dans une situation de couvre feu 24 heures sur 24.
Le mode de vie a changé pour tout le monde en Palestine. Les examens finaux des collèges finissent normalement à la mi-juin. A Naplouse, les examens Tawjeehi ont été repoussés à fin juillet.
Les délais pour faire passer les épreuves, noter et communiquer les résultats des examens (6 août) ont déjà privé les élèves palestiniens du temps nécessaire pour faire les demandes et obtenir l’accord d’inscription aux universités palestiniennes et/ou arabes étrangères. Normalement, les journaux et les écoles affichent les résultats des examens. Mais à cause du couvre-feu, aucun journal n’a atteint Naplouse depuis pas mal de temps.
Les écoles sont l’autre endroit où les étudiants peuvent trouver leurs résultats. Mais la plupart des écoles de Naplouse ont maintenant été occupées par les militaires et transformées en postes armés. Du fait de ces obstacles, nous avons décidé de garder notre radio en activité pour annoncer les noms de chaque étudiant et les notes finales qu’il/elle a reçu. Malgré que cette décision nous a coûté de l’argent que nous n’avions pas, sans parler des risques pris en allant à la station pour faire ces annonces, nous avons été plus qu’heureux d’apporter quelques bonnes nouvelles à notre auditoire qui n’avait entendu que des nouvelles pires les unes que les autres jour après jour. Les étudiants nous appelèrent pour nous remercier et les parents fêtaient les succès de leurs enfants; ceci a compensé le risque pris.
La nouvelle année scolaire a aussi été interrompue; les étudiants de Naplouse n’ont été à l’école que le premier jour, le couvre-feu a été réimposé, mettant 60.000 élève sans enseignement rien qu’à Naplouse. Nous avons présenté des programmes et des débats qui ont finalement poussé le ministère de l’Education à ouvrir des écoles et les parents à y envoyer leurs enfants – malgré le couvre-feu -. Mais comme tous les étudiants ne pouvaient pas se rendre dans les écoles sans risque, nous avons commencé une nouvelle série de programmes éducatifs pour aider les élèves à rattraper un peu de leur retard scolaire.
Nos services ont aussi reçu des appels de gens malades demandant des médicaments ou des avis médicaux. Quand nous recevons de tels appels, nous contactons des médecins, des voisins ou des infirmiers pour fournir de l’aide à ceux qui ne peuvent pas l’avoir autrement. Nous avons aussi appelé ou été appelés par des familles prises en otage par les militaires Israéliens. Par exemple, le 4 août, nous avons appelé M. Nidal Shafiee, qui était bouclé avec 97 autres proches et voisins qui vivent dans l’immeuble Freitekh de la vieille ville de Naplouse. M. Shaffiee expliquait sur les ondes que ces 98 personnes n’avaient ni eau ni électricité ni lait maternisé. Nous avons contacté les organismes de secours qui ont été capables de passer le bouclage militaire pour apporter de l’aide.
Bien que nous ayons réduit nos programmes quotidiens au strict minimum, certains programmes subsistants ont dû être supprimés parce que le couvre-feu empêche les quotidiens d’arriver à Naplouse. Malgré le coût élevé des émissions, nous continuons les programmes pour enfants à cause de la nécessité d’aider les enfants face aux anxiétés et au traumatismes causés par le couvre-feu et la présence militaire permanente.
Tous nos services sont gratuits. Nous sommes enregistrés en tant que radio commerciale. Nous avons débuté comme média dédié à la justice sociale et aux droits de l’homme. Nous proposions des analyses culturelles et sociales et nous couvrions toutes les nouvelles locales et nationales. Nous avions des sponsors pour des divertissements, surtout de gens voulant de la publicité pour leurs affaires. Mais depuis le début de l’Intifada Al Aqsa, nous n’avons pas pu collecter de fonds pour payer nos salariés, couvrir les frais du téléphone, du fax, des portables ou d’Internet. Nous avions une liaison avec Internet pour émettre en direct mais nous avons dû l’interrompre par manque d’argent.
Par conséquent nous lançons un appel à vous tous pour nous aider dans notre mission. Continuez et augmentez vos efforts pour mettre fin à l’occupation de notre terre et pour que nous puissions vivre librement et pacifiquement comme tous les peuples sur terre, nous ne méritons pas moins que les autres êtres humains. Nous vous demandons aussi de lever des fonds pour soutenir cette station qui est vraiment la seule corde de survie des gens de Naplouse. Nous promettons que nous continuerons à résister à toutes les tentatives de nous déloger de notre terre et d’effacer notre identité. Nous espérons que vous pouvez offrir le soutien nous permettant de maintenir nos sacrifices.
Nous avons réduit nos coûts au minimum; nos lignes téléphoniques sont réduites à 4 au lieu de 13, notre équipe a accepté de se priver de 50% de son salaire, et nous avons réduit les dépenses courantes en nous limitant à l’essentiel des besoins quotidiens pour continuer à fonctionner tel que papier d’imprimante, location de ligne Internet.etc.
Pourtant, nous avons désespérément besoin de 5000 euros pour couvrir les dépenses indispensables. Nous devons aussi acheter deux autres jeux d’émetteurs pour remplacer celui endommagé dans nos studios centraux et celui confisqué dans notre station de réémission.
Pour la Justice, la Paix et une Palestine libre,
Amer Abdelhadi
Directeur Général
Tariq Al-Mahabbeh 97.7 FM
Naplouse sous couvre feu
Ci-dessous les coordonnées bancaires:
Nom du compte: Amer Abdelhadi
Nom de la banque: Bank of Palestine
Compte numéro: 177080
Numéro de la banque: 89
Numéro d’agence: 457
Swift Code: palsps22
Palestine
Mon adresse postale:
Amer Abdelhadi
P. O. Box 1524
Al Adel Street
Nablus, Palestine
NOTE IMPORTANTE : vous pouvez également envoyer un chèque à CAPJPO, 16bis rue d’Odessa, boîte 37, 75014 – Paris, à l’ordre de CAPJPO, mais en mettant impérativement « pour Radio Naplouse » au dos du chèque. Nous nous chargerons alors de la transmission.