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BOYCOTT DES PRODUITS ISRAELIENS : UNE TRIBUNE SCANDALEUSE DE PARLEMENTAIRES UMP/UDF DANS LE FIGARO

13 novembre – Nous publions ci-dessous le texte, diffamatoire, d’un groupe de 20 députés UMP et UDF appelant à la répression de la campagne de boycott des produits israéliens. Nous publions de même la réponse collective faite à ces députés par une dizaine d’entre nous. Il est pour le moins ironique de remarquer que parmi les députés qui se drapent aujourd’hui du blanc manteau de la lutte contre le racisme, figure au moins un ancien militant d’un groupe antisémite avéré : il s’agit d’Alain Madelin, membre du groupuscule néo-nazi Occident dans les années 1960. Les nazillons d’Occident s’étaient entre autres illustrés, en juin 1967 à Paris, par des provocations à l’encontre d’un cortège juif, faisant le salut hitlérien à son passage et agressant physiquement des manifestants.


1/ LA TRIBUNE PARUE DANS LE FIGARO DU 1ER NOVEMBRE 2002

Débats/Opinions / ARTICLE
ISRAËL
Boycott scandaleux

[01 novembre 2002]

 » Le boycott des produits israéliens et des sociétés accusées de sionisme ou de collaboration avec Israël (dont la liste infâme est désormais publique, comme marquée d’une étoile jaune économique), lancé l’été dernier dans notre pays par des personnalités et des associations diverses, doit faire légitimement réagir.

Peu efficace en général sur le plan économique (on se rappelle des appels infructueux contre Danone), la démarche insidieuse qui consiste à utiliser le boycott au nom des droits de l’homme contre certains secteurs économiques marchands mondiaux n’a pas de sens. Il s’agit en réalité d’un contre-effet économique et politique, puisqu’au nom de la solidarité le procédé contribue en fait à augmenter un peu plus les difficultés d’une région du monde déjà parcourue par la violence et le terrorisme, aggravant les conditions de vie économiques de ceux, Israéliens ou Palestiniens, que l’on fait semblant de défendre.

Nous n’aurions pas relevé cette manipulation classique si elle n’était une occasion supplémentaire de conforter des idées racistes et antisémites dont la France ne parvient pas à se débarrasser. On peut ne pas être d’accord avec la politique de l’Etat d’Israël, mais l’amalgame commis entre Sharon, Israël, les juifs et le capitalisme international a des consonances historiques trop fortes pour qu’on le laisse se développer en toute impunité.

Le gouvernement actuel a décidé de réagir contre la dérive raciste et antisémite qui parcourt la France depuis le retour de l’intifada. C’est la raison pour laquelle nous, parlementaires de l’UMP et de l’UDF, demandons avec fermeté au ministre de la Justice, garde des Sceaux, d’appliquer la loi française sur la pratique et l’appel au boycott dans toute sa rigueur (article 225-2, 2° du Code pénal, article 23 de la loi du 29 juillet 1881). Nous demandons que la chancellerie déclenche l’action publique auprès des procureurs généraux à l’encontre des personnes et associations, quelle que puisse être leur notoriété, à l’origine de ce boycott favorisant la haine : aucune tolérance ne peut être admise contre ceux qui sont les adversaires de la tolérance.

Claude GOASGUEN, Jacques-Alain BENISTI, Roland BLUM, Bernard BROCHANT, Charles COVA, Olivier DASSAULT, Daniel GARD, Jean-Pierre GIRAN, Pierre HERIAUD, Maryse JOISSAINS, Geneviève LEVY, Alain MADELIN, Hervé MARITON, Josette PONS, Eric RAOULT, Jérôme RIVIERE, Rudy SALLES, Michèle TABAROT, Jean-Sébastien VIALATTE, députés.

2/ NOTRE REPONSE, ADRESSEE A CHACUN DES PARLEMENTAIRES

Paris, 13 novembre 2002

Madame la Députée, Monsieur le Député,

En réponse à votre article paru dans le Figaro du 1er novembre, concernant le boycott des produits israéliens, la CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) et l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix), deux associations parmi des dizaines en France, et des centaines dans le monde, à appeler au boycott des produits israéliens, s’étonnent de la manière dont vous volez au secours du gouvernement israélien, un gouvernement qui viole le droit international et affiche son racisme au quotidien.

Que des hommes poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, fassent partie de ce gouvernement, que des fanatiques, les mêmes qui ont fait assassiner Itzhak Rabin et qui proclament aujourd’hui qu’ « Un bon arabe est un arabe mort », que ceux en comparaison desquels Le Pen est un modéré, mènent le peuple palestinien et le peuple israélien à l’abattoir, ne vous préoccupe apparemment pas.

Contrairement à ce que vous affirmez, le boycott des produits israéliens, lancé cet été, n’a jamais fait le moindre amalgame entre Israël et les Juifs. Des institutions juives, de mauvaise foi, ont voulu engager des poursuites sur ce terrain, et ont été déboutées par la justice récemment, car il est clair que notre action de boycott se place justement dans le cadre de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Vous ne semblez pas vous rendre compte, en outre, que vous traitez d’antisémites toutes les personnes d’origine juive de par le monde qui ont appelé à ce boycott, ainsi que tous les pacifistes israéliens qui appellent à boycotter les produits israéliens, les institutions israéliennes et toute forme d’investissement en Israël.

Sachez qu’il y a parmi nous, parmi ceux qui appellent au boycott de l’Etat d’Israël, comme ils ont appelé au boycott de l’Afrique du Sud il y a 20 ans, des rescapés de camps de concentration, des enfants et des petits-enfants de déportés, qui n’ont pas à recevoir de leçons sur ce qui est bon ou pas pour les Juifs et qui sont prêts à témoigner face aux tribunaux devant lesquels vous menacez de les traîner.

Que doivent faire les citoyens français, européens, américains, israéliens, après avoir épuisé divers recours, après s’être heurtés à la lâcheté de leurs gouvernements, qui renoncent à faire respecter les engagements qu’ils ont pourtant signés, qu’il s’agisse des conventions de Genève ou des résolutions de l’ONU ?

Que doivent-ils faire quand le parlement européen vote la suspension de l’accord économique d’association entre l’Europe et Israël, en raison des violations des droits de l’homme par ce pays, et qu’une telle décision n’est toujours pas appliquée, depuis avril dernier, par nos gouvernements ?

Doivent-ils assister avec la même lâcheté que leurs dirigeants au nettoyage ethnique d’un peuple, à une occupation sanglante qui dure depuis plus de trente-cinq ans, à une situation d’apartheid qui va jusqu’à construire, dans les territoires occupés, des routes exclusivement réservées aux Juifs et interdites aux Palestiniens ?

Rudolph Bkouche, Mireille Cherchevsky, Liliane Cordova-Kaczerginski, Robert Kissous, Maurice Rajsfus, Nicole Schnitzer-Toulouse, Léon Schwartzenberg, Pierre Stambul, Gérard Toulouse, Richard Wagman (président de l’UJFP), Olivia Zémor (présidente de la CAPJPO).