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EN SUIVANT LE PARLEMENT EUROPEEN, PARIS 6 DEFEND LES DROITS DE L’HOMME ET LE DROIT A L’EDUCATION POUR TOUS

L’UNIVERSITE PARIS VI (JUSSIEU) VOTE POUR L’ARRET DE LA COOPERATION AVEC ISRAEL

5 janvier –
Le Conseil d’administration de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6, Jussieu) a voté à une large majorité, il y a quinze jours, en faveur du non renouvellement de l’accord d’association Union Européenne/Israël, en particulier en matière de recherche.


Il a en effet constaté qu’Israël, de par sa politique d’occupation et d’oppression généralisée du peuple palestinien, viole les dispositions mêmes de cet accord, en particulier son article 2, qui conditionne la collaboration entre les signataires au « respect des Droits de l’Homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales, et qui constitue un élément essentiel du présent accord ».

Pour les mêmes raisons, le Parlement européen a, lui aussi, dès le 10 avril dernier, voté pour la suspension de l’accord d’association euro-israélien.

La motion du Conseil d’administration de Paris 6 s’inscrit dans la droite ligne de la résolution du Parlement européen. Et les administrateurs (qui ont adopté la motion par 22 voix pour, 4 contre, 6 abstentions et un refus de vote), n’ont fait que leur devoir, car l’Université a précisément le devoir de crier lorsque les Droits de l’Homme sont bafoués : naguère dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, aujourd’hui en Palestine occupée.

LE DROIT A L’EDUCATION REFUSE AUX PALESTINIENS

Israël s’emploie désormais à miner systématiquement l’accès de la jeunesse palestinienne à l’éducation, alors même qu’en dépit d’immenses difficultés, les Palestiniens avaient réussi jusqu’à maintenant à assurer un des taux de scolarisation les plus élevés de la planète.

Cela vaut tout particulièrement pour les Universités, et c’est la raison pour laquelle la motion de Paris 6 appelle également l’ensemble du monde universitaire français à mettre en œuvre tous les moyens pour porter secours aux universités palestiniennes asphyxiées.

Au-delà des actions les plus violentes de l’armée d’occupation (plusieurs dizaines de professeurs, membres du personnel et étudiants tués comme « terroristes » ou « dommages collatéraux », des centaines blessés, des centaines d’autres maintenus indéfiniment en détention arbitraire), les universités palestiniennes sont en effet mises dans l’incapacité totale de travailler.

Mais laissons sur ce point la parole à Ilan Pappé (Université de Haïfa), l’un des historiens les plus brillants d’Israël.

« A l’Université de Bir Zeit en Cisjordanie, le personnel et les étudiants sont contraints de parcourir, à pied, un long chemin sous la pluie et le vent hivernal. Mais avant de pouvoir emprunter la route qui mène au campus, ils sont à la merci de soldats qui ont la facétieuse habitude de sélectionner certains d’entre eux, au hasard, et de leur démander ce qu’ils ‘préfèrent’ : un coup de pied dans les jambes, ou bien une gifle, ou encore la confiscation de leur carte d’identité. Et cela dure souvent des heures.

« Lorsque le Pr Salim Tamari, de l’Université de Bir Zeit, a essayé de faire passer en Cisjordanie quelques exemplaires des Cahiers de Jérusalem, la revue de référence de l’Université Al-Qods, les soldats ont saisi le paquet, et l’ont ensuite détruit.

« Voilà un très bref aperçu du traitement subi aujourd’hui par les Universités palestiniennes », conclut Ilan Pappé sur ce point.

LA SCIENCE AU DESSUS DU DROIT ? UN PRETEXTE POUR FERMER LES YEUX

Comme un petit nombre de ses collègues universitaires israéliens, Ilan Pappé est un partisan déclaré de sanctions contre Israël, y compris dans la sphère académique, et malgré tout ce que la perspective d’une interruption, même temporaire, des relations entre les chercheurs israéliens et le reste de la communauté scientifique internationale peut avoir de pénible. Sa collègue Tanya Reinhart, malgré les menaces que lui valent ses prises de position, est de même convaincue qu’il est désormais indispensable d’exercer une pression de l’extérieur sur l’opinion publique israélienne, universitaire comprise, pour lui faire prendre conscience qu’elle doit imposer un autre cours à la politique de son pays.

Et elle dénonce, comme hypocrites, tous ceux qui veulent que l’Université reste muette sur le conflit israélo-palestinien, au nom d’une neutralité à géométrie variable.

De fait, la motion de Paris VI a suscité pas mal de réactions dans les rangs des organisations favorables à la perpétuation de la situation actuelle, c’est-à-dire à la destruction de la société palestinienne.

Un appel à manifester lundi place Jussieu a ainsi été lancé par une série d’organisations se réclamant du judaïsme, parallèlement au lancement d’une pétition.

La suspension des accords euro-israéliens serait injuste, disent-ils, car l’université israélienne reste un oasis de paix et de dialogue, qui aurait su maintenir des collaborations avec les universitaires palestiniens, lesquels seraient par conséquent les premières victimes de la mesure.

Il s’agit là d’un mensonge grossier.

Au niveau institutionnel en tout cas, il ne s’est pas trouvé un seul conseil d’université israélien pour formuler, en 35 ans d’occupation, la moindre motion, remettant un tant soit peu en cause les violences dont ont été victimes les universités palestiniennes. Même la terrible escalade à laquelle s’est livrée l’armée israélienne au cours des deux dernières années n’a pas arraché un mot de compassion de la part des autorités universitaires israéliennes.

Les collaborations universitaires israélo-palestiniennes ? Nouveau mensonge, là encore.

Les maigres échanges, institués non sans condescendance de la part des Israéliens pendant les années suivant les accords d’Oslo en 1993, ont été quasiment réduits à néant par l’offensive militaire israélienne : les déplacements d’universitaires palestiniens en Israël sont devenus quasiment impossibles, et les chercheurs israéliens, tout comme le reste de leurs compatriotes, n’ont pas le droit de se rendre dans les territoires occupés (sauf dans les colonies, bien sûr), sans que cela ait soulevé de protestation dans les milieux universitaires israéliens.

Le boycottage, par Israël, des universités palestiniennes, vaut y compris pour l’Université Al-Qods. Cette dernière présente la particularité d’être située à Jérusalem (Jérusalem Est occupée depuis 1967), annexée comme on le sait et faisant donc partie, actuellement, du territoire israélien. Mais Jérusalem, y compris Jérusalem-Est, est interdite aux Palestiniens des territoires occupés, et ces derniers n’ont donc pas le droit de venir étudier dans l’Université de la ville. C’est également vrai pour des milliers d’habitants de Jérusalem qui, à l’occasion d’un déplacement hors de leur ville, se voient retirer leur permis de résidence par l’autorité israélienne, et y sont ensuite interdits de séjour. Quant au président de l’Université Al-Qods, Sari Nusseibeh, dont les prises de position sont des plus modérées côté palestinien -il a, entre autres, parrainé un large appel de l’intelligentsia palestinienne demandant l’arrêt des attentats contre les civils israéliens-, il est constamment en butte à des brimades et discriminations de la part du gouvernement d’Ariel Sharon, sans que, là encore, la moindre institution universitaire israélienne vienne à son secours.

Et puis, tous ces bons apôtres, qui prêchent leur fantomatique collaboration universitaire palestino-israélienne, ne se sont évidemment pas demandé ce qu’en pensaient les universitaires palestiniens eux-mêmes. Il se trouve que pas un seul universitaire palestinien de Cisjordanie ou de Gaza ne s’oppose à la remise en cause du statut exceptionnel dont Israël bénéficie par rapport aux institutions européennes. Et on peut admettre qu’ils aient, eux aussi, le droit d’être partie prenante au débat. Non ?

LE CHANTAGE A L’ANTISEMITISME : UNE ARME DANGEREUSE, MANIEE PAR DES IRRESPONSABLES

Exploitant de manière honteuse la mémoire du génocide nazi, les adversaires de la motion adoptée par l’Université Pierre et Marie Curie développent également, encore et à nouveau, le chantage à l’antisémitisme à l’encontre de tous ceux qui critiquent la politique criminelle du gouvernement israélien.

Cette « arme » est nauséabonde, et elle est même très dangereuse, car dénoncer les adversaires de Sharon comme des ennemis des Juifs est le plus court chemin pour susciter, précisément, de l’antisémitisme.

Nous devons savoir que le procédé a été utilisé, tout au long de l’année 2002, par ceux-là mêmes, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy ou l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) qui aujourd’hui attaquent, de manière tout aussi calomnieuse, la décision souveraine et citoyenne de Paris 6.

La furie de ces pompiers pyromanes a donné lieu l’an dernier à pas moins de 7 procès, notamment ceux intentés par les mêmes au journaliste Daniel Mermet. Il faut savoir qu’ils ont été dans chacun des 7 procès condamnés ou déboutés, la justice commençant à en avoir assez de cette instrumentalisation du génocide du peuple juif pour une si mauvaise cause.

En privant les Palestiniens de leur terre, de leurs maisons, de tout déplacement et de toute activité économique et sociale, au point que la faim s’installe maintenant à Gaza et en Cisjordanie comme viennent de le dénoncer les Nations-Unies, Ariel Sharon ne livre pas, contrairement à ce qu’il prétend, une « guerre au terrorisme ».

Tout au plus se nourrit-il de ces attentats criminels contre des civils israéliens, que sa propre politique contribue à susciter, pour frapper encore plus fort tout un peuple, lui imposant aujourd’hui un régime d’apartheid, en attendant de pouvoir l’expulser définitivement.

Paris, le 4 janvier 2003

COORDINATION DES APPELS POUR UNE PAIX JUSTE AU PROCHE-ORIENT (CAPJPO)
16bis rue d’Odessa, 75014 – Paris
http://www.paixjusteauproche-orient.asso.fr
tel : 01.45.48.40.38

(ne pas jeter sur la voie publique)