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HOMMAGE A NOTRE AMI STANISLAS TOMKIEWICZ

5 janvier – C’est avec une très grande tristesse que nous apprenons la mort de Stanislas Tomkiewicz, dans la nuit de samedi à dimanche, à l’âge de 77 ans.  » Tom », comme l’appelaient tous ses amis, était un être hors du commun, engagé sur de multiples fronts, et ayant gardé, malgré les malheurs et les ans, une fraîcheur, un sens de l’humour et de l’auto-dérision, eux aussi peu communs.


Intervention de Stanislas Tomkiewicz

Né en 1925 en Pologne, il fut enfermé dans le ghetto de Varsovie jusqu’à l’insurrection de celui-ci en 1943, puis réussit à sauter en marche d’un convoi vers la mort et à se cacher quelque temps à Varsovie avant d’être déporté au camp de Bergen Belsen, dont il ne fut libéré que le 7 avril 1945, épisodes douloureux qu’il raconte de manière très émouvante dans sa biographie « Mon adolescence volée » (Hachette Littérature).

Devenu orphelin de père et de mère, il choisit de venir étudier la médecine à Paris et réussit, entre les hôpitaux de l’Assistance publique et les « sana » où ses poumons sont soignés de manière approximative, à passer son bac et à obtenir ses diplômes de psychiatre et de pédiatre..

Il n’aura ensuite de cesse de s’occuper d’enfants et d’adolescents, rejetés par tous . Enfants polyhandicapés, abandonnés et considérés à l’époque comme des « légumes », attachés dans des lits à hauts barreaux, croupissant dans des salles d’hôpitaux psychiatriques lugubres. Il se porte volontaire à St Vincent de Paul, puis à la Roche-Guyon et entame un combat de longue haleine contre la « démence asilaire » et la « violence institutionnelle », qui lui rappellent l’univers concentrationnaire.

De l’anorexie des nourrissons auxquels ses « miaou » redonnent l’envie de s’alimenter, aux enfants alors qualifiés d’ «encéphalopathes » avec lesquels il réussit à établir une communication non verbale et faire ainsi
progresser, il ne s’accorde aucun répit.

Parallèlement, il s’occupe de 1960 jusqu’à sa fermeture en 1983 du Centre familial des Jeunes de Vitry, un foyer de semi-liberté pour les jeunes délinquants considérés comme irrécupérables. Des méthodes basées sur le volontariat, une relation affective stable avec les thérapeutes, permettent à ces adolescents de retrouver confiance en eux et de repartir, pour beaucoup, d’un bon pied.

Systématiquement du côté des faibles et des opprimés, il s’engage aux côtés des Palestiniens, intervenant dans les réunions publiques, dans les médias et ne ménage pas, là encore sa peine, malgré les séquelles de sa maladie qui constituent un handicap de plus en plus lourd.

Au meeting des médecins et des scientifiques organisé à Paris par notre association, la Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient, le 13 février 2002, Stanislas Tomkiewicz déclare à la tribune :

« Il y a beaucoup de peuples qui souffrent de l’oppression à travers le monde. Mais si je me mobilise plus particulièrement pour les Palestiniens, c’est bien parce que leur tourmenteur est l’Etat d’Israël, un pays qui a quelques accointances, si vous me permettez l’expression, avec mes propres origines de juif . On n‘a pas le droit en 2002 de justifier les saloperies contre tout un peuple en s’abritant de manière frauduleuse derrière la Shoah ».
Il ajoute :
« La guerre de 1967 a été d’emblée une guerre coloniale des forts contre les faibles. Depuis 1967 je n’ai pas changé mais je suis de plus en plus engagé.(…) Au mois de mai 2000 je suis allé en Palestine pendant 15 jours. J’ai pu voir les conditions réellement schizophréniques que l’occupation israélienne fait régner sur les populations israéliennes (…) surtout sur Hébron, avec des colons là-haut qui jettent des ordures sur les Palestiniens qui habitent au rez-de-chaussée (..)
C’est le devoir de tout Juif en tant que Juif de lutter pour que l’Etat d’Israël accepte au plus vite de rendre complètement les 22% de la Palestine historique aux Palestiniens avec Jérusalem Est, avec l’eau et tout ce qui leur appartient. »
Et de conclure :
« Je suis contre les attentats tournés vers les populations civiles, mais pour moi, quand on arrache des vies, quand on détruit des maisons quand on tire sur des enfants quand on emprisonne des mineurs et des enfants quand on torture dans les prisons, c’est du terrorisme d’Etat – même si c’est un Etat israélien surtout si c’est un Etat israélien habité par quelques juifs, c’est encore pire.»