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SALUT DE TEL AVIV A LA DECISION DE PARIS 6

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15 janvier – Les nombreuses contre-vérités proférées à l’occasion de la motion de l’Université Paris 6 appelant au non renouvellement de l’accord euro-israélien dans le domaine de la recherche ont inspiré ces quelques réflexions à Oren Medicks, militant de la paix israélien (association Gush Shalom), résidant à Tel Aviv.

Les voici :


“Chers amis,

L’une des attaques les plus souvent entendues, à propos de la courageuse décision de Paris 6, est qu’Israël est une démocratie, et qu’on devrait par conséquent laisser ce pays régler le conflit qu’il a avec la Palestine par les voies démocratiques, sans interférence extérieure.

On vous a également dit que les Univerités, sanctuaires de la diffusion du savoir et des valeurs humanistes, ne pouvaient être tenues responsables des actions du gouvernement israélien.

Cette argumentation me semble pourtant extrêmement fragile.

Car dans une démocratie, les citoyens, qui ont élu le gouvernement, sont par définition responsables de la politique de ce dernier, gardien de leur volonté commune. Et l’on devrait poser la question suivante à cette même opinion publique : “avez-vous eu recours à tous les moyens mis à disposition par votre démocratie, pour contester la politique de votre gouvernement ?”

La vérité oblige à dire que les universités israéliennes, à l’exception de tout petits groupes de pacifistes courageux, n’ont pas protesté contre l’occupation, qui dure maintenant depuis 35 ans.

Elles ne descendent pas, et ne sont pas descendues dans la rue quand on a confisqué les terres des Palestiniens, et qu’on a construit les colonies sur ces terres volées. Les centaines de milliers de professeurs, chercheurs et étudiants que compte notre communauté universitaire ne se sont pas opposés non plus aux destructions massives de maisons palestiniennes.

Non, conférences et travaux dirigés ont suivi leur cours, sur les concepts de liberté et de démocratie à travers les âges, par exemple. Mais en même temps, notre communauté universitaire accomplissait normalement ses périodes de réserve dans l’armée, étudiants et enseignants étant les soldats et les officiers de la force d’occupation.

Non qu’il n’y ait pas de contestation ni de luttes dans les universités israéliennes. Mais pour quelles causes ? Parfois pour une baisse des frais d’inscription, comme on le voit sous des latitudes plus sereines, ou alors pour une amélioration de la solde pendant le service militaire, ou encore pour réclamer la conscription obligatoire des ultra-religieux (qui en sont dispensés).

Mais pas un mot contre le fait qu’Israël refuse à 3 millions d’êtres humains les droits élémentaires dont ils jouissent eux-mêmes.

Ce silence, cette collaboration à l’effort d’occupation, interdit aux institutions académiques israéliennes de pouvoir se réfugier derrière des valeurs morales qu’elles n’ont pas.

Les nouvelles du jour, maintenant : ce mardi 15 janvier, Israel annonce la fermeture de deux établissements d’enseignement supérieur à Hebron. Le premier est l’Ecole polytechnique de la ville, l’autre un “College” (établissement conduisant à l’obtention d’un DEUG) islamique. Je n’ai entendu aucune protestation à ce propos en Israël.

Le troisième établissement visé –la nouvelle n’a pas encore été officiellement annoncée- est l’Université An-Najjah à Naplouse.

On sait que le gouvernement israélien attend et surveille l’impact de la fermeture des deux établissements cités plus haut, avant d’en fermer le troisième, puis un quatrième, et un cinquième, et de les fermer tous, définitivement.

Cela fait partie d’une politique déjà à l’œuvre de “transfert”, consistant à exercer une pression tellement forte sur les Palestiniens, qu’ils “choisiront” de quitter leur patrie. Cela s’appelle le nettoyage ethnique.

On a de la peine, ici, à imaginer qu’on puisse arrêter le processus en ayant uniquement recours aux forces de la société israélienne. En tout cas pas ses universités, qui ont manifesté la plus totale indifférence pendant des décennies.

Oui, je pense que seule une pression extérieure peut arrêter le processus de nettoyage ethnique. Une pression extérieure, qui aidera la société israélienne à comprendre que la politique criminelle de ses dirigeants finit par avoir des conséquences, de lourdes conséquences.

L’équation aujourd’hui se pose en termes malheureusement simples : d’un côté des crimes de guerre qui prennent la forme du nettoyage ethnique, ou de l’autre des pressions extérieures visant précisément à empêcher de tels crimes.

A cette aune, il m’apparaît très clairement que l’Université Paris 6 a pris une décision juste.

Enfin, on peut se demander si la rupture des accords d’association aura l’effet souhaité sur les universités israéliennes. Etant donné que la majorité des personnels enseignants et chercheurs des universités israéliennes ont une haute conscience de leurs propres intérêts, on peut gager que la perspective d’une remise en cause de leurs liens avec des universités à l’étranger, les amènera à se repencher sur la question de l’occupation de la Palestine.

Salut à tous, Oren Medicks

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