Header Boycott Israël

MARWAN BARGHOUTI : UN SIMULACRE DE PROCES

19 janvier – Nous publions ci-dessous un article de Françoise Germain-Robin, du journal L’Humanité, sur la reprise du procès Barghouti, dimanche après-midi.


Un simulacre de procès
Enlèvement doublement illégal
Reprise dimanche 19 janvier 2003 du procès contre Marwan Barghouti
Une audience importante du procès de Marwan Barghouti, le chef du Fatah en
Cisjordanie, doit avoir lieu dimanche 19 janvier 2003 après midi au tribunal
de Tel-Aviv. C’est en effet à l’issue de cette nouvelle séance que les juges
décideront s’ils sont ou non compétents pour juger le dirigeant palestinien,
arrêté en avril dernier à Ramallah, la ville palestinienne autonome dans
laquelle se trouve aussi le siège de l’Autorité palestinienne où Yasser
Arafat est assiégé depuis maintenant plus d’un an. Marwan Barghouti, qui est
depuis lors emprisonné en Israël, a toujours dénoncé cette arrestation comme
un enlèvement doublement illégal : selon la quatrième convention de Genève
qui interdit à une puissance occupante de transférer les habitants des zones
occupés et selon les accords d’Oslo qui interdisaient à l’armée israélienne
de faire la police dans les territoires autonomes palestiniens.

Marwan Barghouti, qui continue de contester la compétence de n’importe quel
tribunal israélien, est toujours au secret depuis son arrestation. Il n’a
droit qu’à la visite de ses avocats. Maître Jawad Boulos, qui dirige
l’équipe d’avocats qui entourent le leader palestinien, affirme :  » Marwan
Barghouti souffre énormément de l’isolement total qui lui est imposé mais sa
détermination n’a pas faibli : il continuera de dire, comme il l’a fait à
chacune des audiences précédentes, que ce tribunal n’a pas le droit de le
juger et refusera de répondre aux questions de la cour. Il sera d’ailleurs
seul devant les juges, car nous, ses avocats, ne serons pas présents dans la
salle. Mais des observateurs internationaux seront là. Nous attendons
notamment cinq députés du Parlement européen, le député français Jean-Claude
Lefort et un Italien, ainsi que des avocats français membres du collectif
international de défense de Marwan Barghouti parmi lesquels Me Daniel
Voguet.  »

Une présence d’autant plus importante que chaque séance de ce procès inique
a été jusqu’ici l’occasion de manifestations injurieuses à l’égard de
l’accusé et de tentatives de l’humilier. Lors de la dernière audience, le 2
janvier, au cours de laquelle le tribunal a annoncé son maintien en prison
jusqu’à la fin de la procédure, Marwan Barghouti a voulu lever au-dessus de
sa tête ses deux mains menottées en dénonçant la manière dont on le traite.
Il a aussitôt été violemment bousculé par les gardes qui l’ont jeté à terre
et traîné hors de la salle devant laquelle des membres de familles de
victimes d’attentats hurlaient leur haine en même temps qu’un torrent
d’injures.

Selon Me Jawad Boulos, il est à peu près certain que la cour, dimanche, se
déclarera compétente et que le procès durera de longs mois pendant lesquels
Barghouti restera en prison.  » Les juges vont jouer le jeu jusqu’au bout et
ils vont faire un simulacre de procès, en produisant leurs témoins, leurs
preuves contre Marwan bien que ce dernier refuse de se défendre. Il
continuera de refuser de répondre et nous continuerons d’être absents.  »

Rappelons que Marwan Barghouti est accusé par Israël d’être responsable de
plusieurs attentats, y compris des attentats kamikazes, revendiqué par les
Brigades des martyrs d’al Aqsa, des groupes de combattants issus du Fatah,
l’organisation de Yasser Arafat dont Marwan Barghouti est le chef pour la
Cisjordanie. Son enlèvement et sa détention ont encore accru la popularité
de Marwan Barghouti, surtout auprès des jeunes membres du Fatah. Selon un
sondage effectué en décembre par le JMCC (Jerusalem Media and Communication
Center), il serait désormais le quatrième dirigeant palestinien en terme de
popularité derrière Yasser Arafat, Cheikh Yassine (le chef spirituel du
Hamas) et Haydar Abdel Shafi, ancien chef de la délégation palestinienne à
la conférence de paix de Madrid et qui milite depuis deux ans pour une
Intifada non violente et la fin des attentats.

Françoise Germain-Robin de l’Humanité