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POURQUOI JE SOUTIENS LA MOTION DE PARIS 6 (Par Vincent Planel, étudiant à l’ENS et Paris X Nanterre,)

21 janvier – (Vincent Planel vient de faire retour d’un séjour de deux semaines en Palestine et Israël) « Je me permets d’ajouter ma voix aux nombreuses qui s’expriment ces
jours-ci pour vous dire ce qui me pousse, sur cette question difficile, à
me réjouir de la motion de Paris 6 en faveur du non renouvellement des accords de coopération
scientifique Union européenne-Israël, et à souhaiter de toute mes forces que
l’exemple soit suivi par les autres universités Françaises.


POURQUOI JE SOUTIENS LA MOTION DE PARIS 6 (Par Vincent Planel, étudiant à l’ENS et Paris X Nanterre, retour d’un séjour en Israël/Palestine)

Je reviens juste d’un voyage de 2 semaines en Cisjordanie qui m’a permis
d’entrevoir l’extrême détresse du peuple Palestinien, ainsi que la
dégradation tangible de sa situation à un rythme quotidien.

J’en ai aussi profité pour passer 3 jours avec F., un ami Israélien de
Haïfa, physicien, qui était justement venu en France pour une
collaboration au temps d’Oslo, dans les beaux jours de cet accord.

Cette brève visite en Israël, accueilli chaleureusement par un Israélien, a été
pour moi d’une grande richesse en ce qu’elle m’a donné l’occasion de
contempler brièvement la face positive de l’Etat d’Israël : la simple
appartenance à une culture et à une terre, indépendamment de la situation
conflictuelle.

J’ai aussi pu constater, malheureusement, l’extrême ignorance de la
situation objective qui régit toute vie à moins de 50 km de Haïfa.

F. ne savait rien, par exemple, de l’annexion systématique de terres agricoles
menée dans la région de Qalqilya sous couvert de la construction d’un mur
de « séparation ». Ni de la politique urbaine ségrégationniste menée par la
municipalité de Jérusalem (interdiction aux arabes des voies de
communication, nécrose organisée de l’activité économique des quartiers
arabes comme Abu Dis…). Pas même n’aurait-il pu me dire lesquelles des
grandes villes Palestiniennes étaient ce mois-ci sous couvre-feux
permanent.

A l’inverse, je n’ai reçu qu’un discours de résignation à la violence,
fondée sur le mythe « Barakien » du refus de la paix par les Palestiniens et
la référence omniprésente à l’entreprise nazie d’extermination du peuple
juif. Mon ami Physicien n’est pas fier de la politique de Sharon dans les
territoires occupés. Pour autant il considère qu’un retrait serait très
dangereux pour la sécurité d’Israël. Dans la posture qui est la sienne, la
responsabilité politique des crimes commis revient aux électeurs du
Likoud, tandis que la responsabilité morale revient à la bêtise
palestinienne. Politiquement, F. est niché dans un asile de bonne
conscience et de passivité. Son désir de paix en reste au stade du voeux
pieux et facilite son aveuglement.

Or je crois que mon ami est très représentatif de cette communauté
scientifique visée par les accords de coopération. Sa passivité est
exemplaire de la démission généralisée de la gauche Israélienne, démission
qui est à la fois l’effet et la cause de sa faiblesse électorale.
Contrairement à ce que prétendent les voix qui se sont élevées en France
contre le boycott, ni la communauté scientifique Israélienne, ni la gauche
de manière générale, n’est épargnée par la vague d’auto-indulgence qui
s’est abattue sur la conscience politique Israélienne ; l’allégeance
inébranlable de l’une au mutisme de l’autre ne change rien à l’affaire.

Or c’est particulièrement dans cette communauté que réside l’espoir d’une
future résurgence du sentiment de responsabilité, responsabilité qui
seule, en l’absence d’intervention extérieure, pourra mettre fin à
l’occupation.

Le milieu universitaire Français sait majoritairement que l’occupation
est le premier obstacle sur la voie de la paix. Elle doit le signifier à
ses collègues Israéliens. Au delà de la décence vis-à-vis des
universitaires Palestiniens, il y va de la survie d’une société dans son
ensemble. Soutenons Paris 6! »

Vincent Planel