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ATTENTAT A JERUSALEM : SHARON DANS SON ELEMENT

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18 mai – Un attentat-suicide anti-israélien, qui a fait 7 morts dimanche matin à Jérusalem, a opportunément permis à Ariel Sharon de différer, peut-être indéfiniment en ce qui le concerne, l’éventuelle adoption, par Israël, de la « feuille de route », ce plan de paix parrainé par les grandes puissances, que l’Autorité Palestinienne a pour sa part formellement approuvé.


Deux heures après la nouvelle de l’attentat, le chef du gouvernement israélien a ainsi annoncé qu’il reportait son départ pour les Etats-Unis, où il devait rencontrer George Bush dès mardi selon le programme initialement annoncé.

Le sommet Sharon/Bush, en l’état actuel des déclaration des uns et des autres, ne peut en effet que mettre en lumière l’impudence de la politique israélienne, y compris vis-à-vis de son allié et principal bailleur de fonds, les Etats-Unis.

En publiant la feuille de route, un plan de travail impliquant beaucoup plus de concessions de la part des Palestiniens que de la part des Israéliens, mais qui évoque quand même la perspective d’un « Etat palestinien indépendant », les Etats-Unis (et avec eux les autres membres du Quartette : Nations-Unies, Union Européenne, Russie), ont dit que le texte était à approuver tel quel.

L’Autorité Palestinienne, rapport de forces oblige, a rapidement rempli les premières conditions contenues dans la feuille de route :approbation formelle du document en tant que méthode à suivre ; formation d’un gouvernement dirigé par un Premier Ministre ( Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen) aux fins de satisfaire à l’exigence israélo-américaine de « mise à l’écart », au moins protocolaire, de Yasser Arafat ; et une offre extrêmement sérieuse en matière de violences, celle d’être en mesure d’imposer à tous les groupes armés palestiniens un arrêt des attaques contre des Israéliens.

Les dirigeants israéliens ont reconnu que l’offre palestinienne de cessez-le-feu était crédible, d’autant plus qu’elle émanait non seulement de l’Autorité Palestinienne, mais que des groupes comme le Hamas avaient publiquement déclaré qu’ils étaient prêts à adopter ce moratoire, dès lors qu’Israël montrait à son tour quelques signes de concessions, même minimaux.

Ce faisant, la direction palestinienne a accepté de prendre un risque politique considérable vis-à-vis de sa propre opinion publique, en particulier celui de voir un grand nombre de Palestiniens considérer Abou Mazen comme une marionnette de Sharon, déférant aux convocations de ce dernier, et pas un dirigeant nationaliste soucieux de défendre les intérêts de son peuple.

Or, comme le soulignent dimanche divers commentateurs dans la presse israélienne elle-même, c’est le gouvernement israélien qui se montre incapable de faire ne serait-ce qu’un dixième du chemin déjà effectué par les Palestiniens.

D’abord, en refusant de signer la feuille de route : la majorité parlementaire d’Ariel Sharon, qu’il s’agisse de son propre parti le Likoud, ou de formations encore plus radicalement colonialistes que celui-ci, comme le Parti National Religieux, ne veut pas entendre parler d’Etat palestinien, encore moins du démantèlement d’une seule colonie à Gaza et en Cisjordanie. Sharon leur en a donné acte, déclarant par exemple solennellement que des colonies comme Beit El et Ofra, les plus peuplées de Cisjordanie, resteraient toujours sous souveraineté israélienne.

Ensuite, en refusant publiquement l’offre de cessez-le-feu, alors même que la « menace terroriste » constitue leur unique « argument », depuis des décennies, pour imposer occupation et oppression à tout un peuple.

Au quotidien, la répression israélienne n’a alors connu aucune décrue, avec des assassinats répétés (six Palestiniens dont deux enfants tués au cours de la seule journée de jeudi à Gaza, et ce n’est là qu’un exemple), la poursuite de démolitions de maisons, d’interdiction généralisée aux étrangers (membres du corps diplomatique compris) de pénétrer dans la bande de Gaza, en même temps que des signaux directs de défiance à l’adresse d’Abou Mazen. Le commentateur du Haaretz, Danny Rubinstein, trouve ainsi particulièrement significative la décision israélienne d’interdire, jeudi, au Conseil Législatif Palestinien de se réunir dans des conditions à peu près « normales » pour écouter un compte-rendu de la visite de Colin Powell. Mais ce sont les mêmes qui entendent dicter aux Palestiniens des méthodes de « bonne gouvernance démocratique » !

En rencontrant Ariel Sharon samedi soir, Abou Mazen n’avait finalement plus qu’une seule demande : qu’Israël déclare qu’il accepte le principe de la feuille de route. Sharon a dit non, sachant pertinemment qu’il augmentait ainsi les risques d’attentats contre son propre peuple. L’épisode suivant a eu lieu quelques heures plus tard, à Jérusalem, où un Palestinien désespéré s’est fait sauter, assassinant avec sa charge d’explosifs 7 autres personnes, et en blessant plusieurs dizaines. L’attentat, qui n’avait pas encore été revendiqué dimanche matin, a été condamné par l’Autorité Palestinienne.

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