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Chasse aux employés musulmans à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle : le préfet de Saint-de Denis doit être traduit en justice

Les discriminations fondées sur des considérations de race ou de religion sont censées être illégales en France. Mais cela ne gêne apparamment pas Jean-François Cordet,
préfet de Seine Saint-Denis, qui multiplie les menaces et licenciements à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, uniquement sur la base d’un critère religieux : l’appartenance à la religion musulmane.


Le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) vient de révéler après une sérieuse enquête qu’au moins une vingtaine de salariés de cet aéroport ont reçu ces derniers mois une même lettre (document ci-joint) leur signifiant qu’ils avaient « une attitude pouvant mettre en cause la sûreté de l’Etat« , ou « une attitude pouvant mettre en cause la sûreté aéroportuaire« . Sans le moindre élément venant étayer cette accusation, ils sont censés avoir un « comportement dangereux » et sommés de rapporter, par écrit ou oralement, la preuve de leur innocence (!) sous peine de se voir retirer leur habilitation, c’est à dire de perdre leur emploi. Plusieurs d’entre eux, n’ont d’ailleurs toujours pas récupéré leur badge, sans lequel ils ne peuvent accéder à leur travail, ce qui revient à un licenciement muet.

L’un des responsables du CCIF, interrogé par CAPJPO-EuroPalestine, témoigne après avoir accompagné plusieurs de ces salariés à une « audition » à la sous-préfecture de Roissy, dans les locaux mêmes de l’aéroport : « Les personnes incriminées, de nationalité française, de tous âges, occupant divers emplois avec un statut de CDI (contrat à durée indéterminée) au sein de l’aéroport, se rendent ainsi à cette convocation sans avoir la moindre idée de ce qui leur est reproché. Et quand ils demandent à un certain Monsieur Dumas qui les reçoit pourquoi une telle lettre leur a été adressée, on leur rétorque : ce n’est pas à nous de donner des explications, c’est à vous. Puis suivent une série de questions qui portent exclusivement sur la religion pratiquée par ces employés. « Est-ce que vous pratiquez la religion musulmane) ? » « Est-ce que vous faites votre prière ?« , « Est-ce que vous avez déjà entrepris un pélerinage à la Mecque ?« . Aucune question sur d’éventuels liens avec des réseaux terroristes ou tout autre élément qui puisse avoir un rapport avec la grave accusation de « mettre en danger la sécurité de l’Etat ou de l’aéroport ». Les questions sur les pratiques religieuses ne concernent même pas, au demeurant, une quelconque relation avec leur travail. C’est totalement hallucinant ! ».

Samy Debah, qui détient plusieurs exemplaires de ces lettres et en a envoyé des copies au Ministère de l’intérieur sans recevoir à ce jour de réponse de la Place Beauvau, indique que les premières lettres reçues par des employées de Roissy, datent à sa connaissance du mois d’avril 2006, « au moment de la sortie du livre de De Villiers sur « les Mosquées de Roissy ».
Qu’un tel vomi sur le « péril de l’islam » ait pu inspirer certains de nos dirigeants en quête de surenchère raciste à l’approche d’échéances électorales, n’aurait rien d’étonnant. Mais ils franchissent ce faisant un pas très grave qui est du ressort de la justice et qui ne peut rester impuni, si celle-ci échappe au « deux poids, deux mesures », qui régit actuellement les comportements du reste de l’appareil d’Etat.

Nous vous demandons de donner l’alerte de toute urgence sur ces pratiques scandaleuses, totalement illégales.

Ci-dessous la lettre type signée du préfet de la Seine-Saint-Denis, ainsi que le communiqué que nous avons reçu jeudi de la part du CCIF.

CAPJPO-EuroPalestine

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La chasse aux employés musulmans à l’aéroport Charles de Gaulle ?

Le CCIF a été informé que la préfecture de Seine – Saint – Denis, qui est en charge de la sécurité de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, avait adressé des courriers à de nombreux employés de confession musulmane travaillant sur la plate-forme aéroportuaire. Ces courriers spécifiaient que selon les informations détenues, ils avaient « une attitude pouvant mettre en cause la sûreté de l’Etat », ou  » une attitude pouvant mettre en cause la sûreté aéroportuaire ».

Ces lettres dont nous avons obtenu plusieurs copies, et qui semblent résulter d’une lettre-type, ne précisent jamais à son destinataire les griefs permettant d’établir « ce comportement dangereux », et ce bien que le Préfet indique avoir des informations en sa possession. En revanche, il est demandé à la personne suspectée de rapporter « la preuve de son innocence » sous peine de se voir retirer son habilitation et par voie de conséquence perdre son emploi !!!. Les musulmans seraient a priori coupables jusqu’à la preuve de leur innocence ?

Choqués dans un premier temps, mais surtout convaincus de leur comportement irréprochable, la majorité des personnes concernées ont sollicité une audience auprès du Préfet afin d’avoir connaissance des faits qui leur étaient reprochés. Au terme de ces entretiens, plusieurs personnes se sont vues notifier le retrait de leur badge sans aucune espèce d’explication ou de justification.

Saisi par un certain nombre de ces victimes, le CCIF a décidé de les assister afin de faire la lumière sur ces dossiers, et de rechercher quelles circonstances avaient déterminé leur éviction entraînant de facto une perte d’emploi et de revenus privant du jour au lendemain des familles entières de toutes ressources.

Selon la teneur des entretiens, il apparaîtrait que les faits reprochés soient exclusivement liés au culte, à des convictions personnelles et à des voyages effectués pour la plupart lors de pèlerinages ou dans des pays musulmans.

Aussi, est-il proprement scandaleux que dans notre pays la pratique d’une foi soit considérée comme une attitude pouvant mettre en cause la sécurité de l’Etat ou celle d’un aéroport. Nous sommes aux antipodes de la lutte contre le terrorisme.

Le ministère de l’Intérieur veut-il réellement lutter contre le terrorisme dont les musulmans sont les premières victimes, ou bien partage-t-il les thèses développées par certains hommes politiques islamophobes dont il a pourtant récusé les propos il y a quelques mois ?

Voudrait-il lutter contre le terrorisme au point de s’en prendre à des innocents et laisser des familles entières démunies ? Entretiendrait – on volontairement la méfiance, la peur à l’égard de ces populations ? En ce cas, qui y a intérêt et pourquoi ?

Les divers témoignages recueillis établissent que les discriminations à l’encontre des musulmans en France sont de plus en plus criantes, et confirment qu’elles sont le fait majeur des services de l’Etat. Malheureusement, le gouvernement ne veut pas reconnaître cette situation. Pire, des structures officielles de lutte contre les discriminations ne font pas ou très peu état de la réalité du vécu de la communauté musulmane en France.

Il est affligeant de constater que les musulmans doivent plus craindre d’être discriminés par les services publics que par un particulier.

C’est là toute la singularité de l’islamophobie, et ce qui la distingue des autres formes de racisme.

Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)

http://www.islamophobie.net

tél: 06 09 18 58 71