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Droit au retour : Ce n’est pas Sarkozy qui en décide !

Protestation du Comité des Associations civiles et religieuses de Jérusalem contre les propos tenus par Sarkozy au mépris du droit international, lors de la visite d’Ehoud Olmert en France.


A l’intention de
Mr. Nicolas Sarkozy
Président de la République de France
Paris – France

Monsieur le Président Sarkozy,
Les organisations de la société civile palestinienne de Jérusalem souhaitent exprimer leur plus vifs remerciements et leur plus vif respect pour le rôle historique que la France a joué en soutien du droit des nations. La France est la patrie de la Révolution Française qui a appelé à la liberté, à la fraternité et à l’égalité entre les peuples et qui est aussi le pays qui a permis de faire voter la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. La France a aussi joué un rôle important et actif en appelant Israël à mettre fin à l’occupation de la Cisjordanie et à respecter les droits nationaux des Palestiniens.

C’est avec la plus profonde inquiétude que les organisations de la société civile de Jérusalem ont accueilli vos déclarations faites au cours de la visite en France du premier ministre israélien, Ehud Olmert en octobre 2007. Selon les responsables israéliens présents lors de cette rencontre, votre excellence a déclaré que : « Les réfugiés palestiniens ne se réinstalleront pas dans un état palestiniens ni en Israël » et que « chaque partie devra avoir son propre état –nation ». De plus vous auriez dit : « Il n’est pas raisonnable que les palestiniens réclament tout à la fois un état indépendant et en plus le retour des réfugiés dans l’état d’Israël qui encore aujourd’hui compte une minorité d’un million d’Arabes ».

Votre Excellence, si chacun des responsables d’états, surtout les membres du Conseil de Sécurité se sentait le droit de se débarrasser des résolutions des Nations Unies par des déclarations irresponsables, les Nations Unies deviendraient inutiles. La révocation du Droit au Retour pour tous les Palestiniens qui ont été expulsés de chez eux par Israël depuis 1948 est inacceptable. Ce droit inaliénable est aussi incarné par la Résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies dont l’article 11 déclare : qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables.

Le simple fait que la résolution 194 des Nations Unies approuvée il y a soixante ans, n’a pas été mise en application ne signifie pas du tout qu’elle ne reste plus valable. Selon l’Agence des Etats-Unis pour l’Aide et le Travail et l’Agence du Travail pour les Réfugiés Palestinien au Proche Orient (UNRWA) il y aujourd’hui plus de 4,5 millions de réfugiés vivant dans des camps de réfugiés. Ces réfugiés dont la plupart vivent dans des conditions absolument scandaleuses s’adressent à la Communauté Internationale et aux leaders mondiaux, comme vous-même, pour qu’ils reconnaissent leur détresse et garantissent leur droit de retourner chez eux. En fait, il n’y a que les réfugiés, chacun pour son propre compte, qui puisse renoncer à son droit au retour si il ou elle souhaite qu’il en soit ainsi. Personne d’autre, ni la communauté internationale ni l’Autorité Palestinienne ne peut transiger sur ce droit sans l’approbation de chaque réfugié individuellement.

Ces déclaration venant du président d’un pays chef de file des droits de l’homme, qui a toujours plaidé pour que la loi Internationale et la légitimité soient la base d’une résolution juste et durable du conflit israélo-arabe, sont indubitablement vues comme un changement dans la politique française. Nous demandons une rétractation de votre déclaration et des excuses parce que dans notre opinion une telle politique n’entraînera pas la paix ni ne résoudra la question des réfugiés palestiniens. L‘expulsion systématique et méthodique des palestiniens en 1948 est considérée comme le signe le plus important du blanchiment éthique de notre histoire moderne. L’immense injustice qu’on a infligée aux Palestiniens et aux réfugiés doit être réparée. Il est du devoir juridique et morale de la Communauté Internationale, dont la France est un membre influent, de se préoccuper de ce problème. Il est inacceptable que les auteurs de cette injustice terrible continuent à être récompensés moralement et financièrement pendant que les victimes sont non seulement privées de leurs droits fondamentaux mais encore requis de faire des concessions sur leurs droits inaliénables.

En tant qu’Organisations de la société civile nous en appelons à votre Excellence et à tous les leaders de monde pour respecter la Loi Internationale et la légitimité en vue de résoudre le conflit israélo-arabe. Encourager Israël à continuer sa politique de belligérance et à utiliser un double langage pour résoudre ce conflit conduira à encore plus de souffrances et animosités.

La seule manière d’assurer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région c’est de mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne, de garantir aux palestiniens leur droit à l’auto détermination, et le Droit au Retour pour les Réfugiés.

Une fois la paix établie, suivra la réconciliation, mais seulement quand Israël décidera de reconnaître le mal qu’il a fait aux Palestiniens. Israël est un état extrêmement puissant et il peut offrir de se montrer magnanime à cet égard, surtout après toutes les concessions que les Palestiniens ont faites pour le bien de la Paix et un futur plus lumineux pour tous les peuples de la région. Et c’est alors seulement que « Israël pourra se décrire comme le miracle du vingtième siècle et une véritable et diverse démocratie ».

Sincèrement vôtre

Le Comité des Associations civiles et religieuses de Jérusalem

(Traduit par Carole SANDREL)

CAPJPO-EuroPalestine