Header Boycott Israël

Comme la chute de Berlin…

Lanalyse de Uri Avnery (Gush Shalom) dont nous publions de larges extraits. A noter que Gush Shalom a organisé avec l’aide de nombreux autres groupes de militants israéliens des actions de protestation contre le siège de Gaza, et réuni 7 tonnes d’aliments et autres produits qui ont été bloqués la semaine dernière par l’armée israélienne lors du passage d’Eretz, et stockés par les manifstants dans un kibboutz voisin. Nous attendons de leurs nouvelles.
A voir également ci-dessous un bon reportage de Al-Jazeera sur la situation à Gaza depuis que le mur de séparation avec l’Egypte a été brisé.


« CELA ressemblait à la chute du mur de Berlin. Et ce n’était pas seulement une ressemblance. Pendant un moment, le passage de Rafah était la Porte de Brandebourg. Il est impossible de ne pas se sentir transporté quand on voit des masses de personnes opprimées et affamées faire tomber le mur qui les enferme, les yeux brillants, embrassant tous ceux qu’ils rencontrent – de ne pas ressentir ce sentiment, même quand c’est votre propre gouvernement qui, le premier, a érigé ce mur.

La bande de Gaza est la plus grande prison du monde. La destruction du mur de Rafah fut un acte de libération. Elle prouve qu’une politique inhumaine est toujours une politique stupide : aucun pouvoir ne peut tenir contre une masse de gens qui ont franchi la frontière du désespoir.
(…)
Sans arrêt, Al Jazira montre les images dans des millions de foyers du monde arabe. Les télévisions du monde entier aussi. De Casablanca à Amman, de furieuses protestations de masses ont éclaté et effrayé les régimes arabes autoritaires. Hosni Moubarak a appelé, paniqué, Ehoud Barak. Ce soir-là, Barak a été obligé de suspendre, au moins temporairement, le blocus pétrolier qu’il avait imposé le matin. A part cela, le blocus est resté total.

LA RAISON invoquée pour affamer et faire mourir de froid un million et demi d’être humains, entassés dans un territoire de 365 kilomètres carrés, est la poursuite des tirs sur la ville de Sderot et les villages environnants. (…)

Le scénario gouvernemental est une réédition de la seconde guerre du Liban (le rapport d’enquête doit être publié dans quelques jours). A l’époque, le Hezbollah avait capturé deux soldats côté israélien de la frontière ; maintenant le Hamas tire sur les villes et villages côté israélien de la frontière. A l’époque, le gouvernement avait décidé en hâte de déclarer une guerre ; Aujourd’hui le gouvernement a décidé en urgence d’imposer un blocus total. A l’époque, le gouvernement avait ordonné le bombardement massif de la population civile afin qu’elle fasse pression sur le Hezbollah ; aujourd’hui le gouvernement a décidé d’infliger de terribles souffrances à la population civile pour qu’elle fasse pression sur le Hamas.

Les résultats sont les mêmes dans les deux cas : la population libanaise ne s’est pas soulevée contre le Hezbollah, mais, au contraire, des gens de toutes les communautés religieuses se sont unis derrière l’organisation chiite. Hassan Nasrallah est devenu le héros du monde arabe. Et aujourd’hui : la population s’unit derrière le Hamas et accuse Mahmoud Abbas de coopération avec l’ennemi. Une mère qui n’a pas de quoi nourrir ses enfants ne maudit pas Ismaël Haniyeh, elle maudit Olmert, Abbas et Moubarak.

Ce que l’on cache au public excédé est que le lancement des Qassams pourrait s’arrêter dès demain matin. Il y a quelques mois, le Hamas a proposé un cessez-le-feu. Il a réitéré son offre cette semaine. Pour le Hamas, un cessez-le-feu signifie que les Palestiniens vont cesser de lancer des Qassams et des obus de mortier, les Israéliens vont cesser les incursions à l’intérieur de Gaza, les assassinats « ciblés » et le blocus.

Pourquoi notre gouvernement ne saute-t-il pas sur cette proposition ?
C’est simple : : Sderot n’est qu’un prétexte – un peu comme les deux soldats capturés n’étaient qu’un prétexte pour tout autre chose. Le but réel de tout l’exercice est de renverser le régime du Hamas à Gaza et d’empêcher que le Hamas prenne la Cisjordanie.

Pour le dire simplement et brutalement : le gouvernement sacrifie la population de Sderot sur l’autel d’une cause désespérée. Il est plus important pour le gouvernement de boycotter le Hamas – parce qu’il est maintenant le fer de lance de la résitance palestinienne – que de mettre fin à la souffrance de Sderot. Tous les médias coopèrent. (…)

Jusqu’à il y a trois jours, les généraux pouvaient faire croire à l’opinion que l’expérience réussissait.(…) Le monde est resté à ne rien faire et n’a fait que bavarder d’une seule voix. Les dirigeants du monde arabe ont énoncé des phrases de sympathie vides de sens sans lever le petit doigt. ET ALORS quelque chose est arrivé que personne n’avait prévu, bien qu’il fut l’événement le plus prévisible au monde. (…)

Au début, il y a eu une petite explosion. Une foule s’est précipitée dans la porte, des policiers égyptiens ont ouvert le feu, des dizaines de personnes furent blessées. C’était un avertissement. Le lendemain, ce fut la grande attaque. Des combattants palestiniens firent sauter le mur en de nombreux endroits. Des centaines de milliers de personnes se déversèrent en territoire égyptien et prirent un grand bol d’air. Le blocus était brisé.

Même avant cela, Moubarak était dans une position impossible. Des centaines de millions d’Arabes, un milliard de musulmans ont vu comment l’armée israélienne avait fermé la bande de Gaza sur trois côtés, le nord, l’est et la mer. Le quatrième côté du blocus était assuré par l’armée égyptienne. Le Président égyptien, qui revendique la direction de tout le monde arabe, est apparu comme un collaborateur d’une opération inhumaine menée par un ennemi cruel afin de gagner les faveurs (et l’argent) des Américains. Il est douteux que Moubarak aurait pu persister dans son attitude. Mais les masses palestiniennes lui ont épargné de devoir prendre une décision. Elles ont décidé pour lui. Elles se sont déversées comme un tsunami. Maintenant, Moubarak doit décider s’il doit céder à l’exigence israélienne d’imposer de nouveau le blocus à ses frères arabes. »

Uri Avnery
26 janvier 2008
[Traduction : RM/SW]

Convois de nourriture vers Gaza et rassemblements en Israël

gush_shalom_convoi_gaza.jpg gush_shalom_gaza.jpg

A voir absolument, par ailleurs, le reportage d’Al-Jazeera sur Gaza (en anglais, mais pouvant se passer de commentaires, sauf la première phrase de la présentatrice qui dit « Si Gaza est sans aucun doute la plus grande prison du monde, nous venons d’assister à la plus grande évasion d’une prison à ce jour » : http://www.youtube.com/watch?v=TocjkugWEEc

CAPJPO-EuroPalestine