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L’allégeance d’Obama, candidat démocrate américain, au lobby israélien

Nous avons traduit un texte du mouvement Tikkun aux Etats-Unis, qui se désole de voir le candidat démocrate Barak Obama adopter pendant la campagne électorale des positions pro-israéliennes, en contradiction avec les valeurs qu’il défend habituellement. Le rabbin Michael Lerner espère — l’espoir fait vivre– qu’Obama, une fois élu, changerait d’attitude.


« Le problème juif d’Obama »

Par le rabbin Michael Lerner.

Dans les jours qui précèdent le Super Mardi des primaires pour la course aux présidentielles, la campagne d’Obama fait un effort particulier pour atteindre les électeurs juifs. Les représentants de cette campagne rendent visite aux maisons de retraites juives, aux synagogues, et à tous les endroits où ils peuvent rencontrer une audience bien disposée. Affrontant les militants de Clinton qui l’accusent de ne pas être suffisamment pro-Israël, Obama lui-même s’est fendu la semaine dernière d’une lettre à Khalizad, l’ambassadeur américain aux Nations Unies, l’engageant à pousser les Nations Unies à rejeter toute résolution critiquant la cessation de fourniture en essence et en alimentation au million d’habitants de Gaza « qui ne condamnent pas pleinement les attaques de roquettes du Hamas contre les civils du sud d’Israël ». C’est un problème qui ne risque pas de disparaître.

Les électeurs juifs ne sont que 2% de la population des Etats-Unis, mais ils sont surtout concentrés dans les Etats qui comptent le plus grand nombre de votes par délégation et grands électeurs (New York, Californie, Ohio et Illinois), ils contribuent (au budget) des hommes politiques de façon disproportionnée par rapport à leur pourcentage de votants, et ils ont souvent des rôles-clé comme faiseurs d’opinion dans les communités où ils vivent.

Les appels du Parti Démocrate au vote juif ne sont pas tellement différents des appels qui sont lancés à d’autres mouvances comme le mouvement travailliste, le mouvement des femmes, les électeurs Latinos, Africano-américains, fermiers, seniors ou enfants, ou encore Républicains flattant les anti-immigration, les Blancs du Sud ou les catholiques et les évangélistes anti-avortement. Ils sont aussi américains qu’une tarte aux pommes, même quand « l’appel » glisse vers la « flatterie ».

Ce qui met Obama en difficulté c’est que ses véritables convictions rendent difficile cette tentative d’appel aux Juifs quand il s’agit d’Israël. aboutit à Israël. Obama est un progressiste spirituel. Il croit que tous les hommes sont d’égale valeur, qu’ils soient blancs ou noirs, américains, asiatiques, africains ou européens. Appliquez cela au Moyen-Orient et vous obtenez des positions politiques très différentes de celles préconisées par le lobby israélien et de la plupart des institutions juives, dont la pression au travers d’une puissante organisation, a fait adopter le point de vue par les deux partis, avec une rare unanimité.

Le Parti Démocrate et le Parti Républicain ont traditionnellement rivalisé dans les périodes électorales pour être celui qui apparaîtrait le plus militant dans son soutien à Israël et le moins bien disposé à l’égard du peuple palestinien.

Tout cela dissimule un conflit idéologique très profond. Après la Guerre du Vietnam est née, parmi les conservateurs et le complexe militaro-industriel, la peur terrible que le mouvement de la paix n’utilise l’indignation morale contre la guerre pour mobiliser contre le
désarmement. Les néo-cons juifs, craignant que les Etats-Unis désarmés ne soient plus capables de jouer un rôle central dans la protection d’Israël, prirent le leadership de la mise en garde contre un «syndrome du Vietnam». La sécurité pour les Etats-Unis et Israël, ont-ils argué, vient de la force militaire et ceux qui recherchent la paix, le désarmement, et la réconciliation des antagonistes sont des naïfs, des utopistes, des dangereux, et de facto, des anti-américains ou des anti- israéliens.

Ces derniers jours, nous avons reçu au magazine Tikkun, des centaines d’e-mails de jeunes Juifs bouleversés par les images, vues à la télé, de dizaines de milliers de Palestiniens s’échappant par effraction du camp-prison qu’est devenu Gaza, criant famine, cherchant désespérément de l’essence et toutes les marchandises qui ont été interdites d’entrée à Gaza par l’armée israélienne.

Une nouvelle génération de jeunes Juifs n’adopte plus aveuglément la stratégie de domination, et n’approuve pas la politique du gouvernement actuel d’Israël. Ce sont ces juifs qui représentent l’avenir, mais ils ne contrôlent pas encore les institutions de la vie juive. Ils comprennent qu’Israël sera bien plus en sécurité s’il adopte une stratégie généreuse, et arrête de vouloir montrer combien il est « inflexible ». Mais ils désespèrent aussi (de voir) Israël « comprendre » à temps et abandonner une politique qui ne fait qu’aggraver la haine que lui portent dans le monde les peuples qui respectent les droits de l’homme.

Le problème d’Obama, c’est que sa vision spirituelle et progressiste est en conflit avec les exigences d’une vieille génération juive qui contrôle les institutions juives et définit ce que c’est qu’être pro-juif alors que sa base est constituée de nombreux jeunes juifs qui le (Obama)soutiennent, précisément en raison des valeurs universelles qu’ils met en avant. On peut s’attendre à ce que cette tension devienne centrale si Obama gagne la candidature. Une fois en charge, Obama poursuivra-t-il réellement la politique qui est en accord avec ses plus hautes convictions en tant que progressiste spirituel, ou bien la jugera-t-il « trop irréaliste » et renoncera-t-il à s’opposer aux démocrates mous qui plieront automatiquement devant le lobby israélien ?
La réponse dépend de nous et de notre capacité à construire un mouvement suffisamment puissant de citoyens ordinaires militant pour une paix qui procurera la sécurité à Israël et la justice aux Palestiniens. Obama a indiqué que c’est ce qu’il aimerait faire. »

Michael Lerner

Le Rabbin Michael Lerner est Rédacteur en chef de Tikkun Magazine (www.tikkun.org) Président national de Network of Spiritual Progressives (NSP) et auteur de 11 livres, le plus récent étant « La Main gauche de Dieu : sortir notre pays de la droite religieuse » (« The Left Hand of God: Taking Back our Country from the Religious Right »). Il est le rabbin de Beyt Tikkun, la synagogue-sans-murs de San Francisco et de Berkeley.

www.beyttikkun.org.RabbiLerner@Tikkun.org

(Traduit par Carole SANDREL)

CAPJPO-EuroPalestine