Header Boycott Israël

Sans papiers : un lapsus révélateur de Sarkozy au dîner du CRIF

Le champion de « l’Identité Nationale » que se flatte d’être Nicolas Sarkozy, avec la création d’un ministère spécialement dédié à ce thème nauséabond, a commis une erreur révélatrice, mercredi soir, dans un discours officiel.


Prenant la parole au dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives), Sarkozy a annoncé une nouvelle initiative, dans le cadre du « devoir de mémoire » concernant le génocide nazi. Il faudra désormais, a-t-il dit, que chaque élève de classe de CM2, apprenne et retienne le nom et le prénom de l’un des « 11.000 enfants français victimes de la Shoah ».

L’affirmation de Sarkozy est erronée. Car s’il y a effectivement eu 11.000 enfants juifs raflés en France puis assassinés dans les camps de la mort, il ne s’agissait pas, pour la majorité d’entre eux, « d’enfants français ».

Des milliers de ces enfants appartenaient à des familles d’étrangers, d’immigrés qui avaient espéré trouver en France moins de persécutions et de misère que dans leurs pays d’origine.

Comme le rappellent tous les historiens sérieux de la période, la politique antisémite, mise en œuvre par un gouvernement français plus nationaliste que jamais auparavant, se focalisa, dans un premier temps après 1940, sur ces « apatrides », ces gens « qui ne sont pas de chez nous, qui ne sont pas comme nous ». Le caractère « non français » du Juif tint une place aussi importante, dans la propagande de Vichy, que les propos sur les tares physiques de cette « race maudite », ou sa légendaire avarice.

Graduelle, l’exclusion des Juifs de la société française, avant l’imposition de l’étoile jaune à tous, commença donc par l’isolement de ceux d’entre eux qui n’avaient pas les bons papiers, une manière aussi de répandre l’illusion temporaire, chez les Juifs détenteurs de la nationalité française, que le pire leur serait épargné. Les rafles les plus précoces et les plus massives, celle du Vel d’Hiv’ en juillet 1942 par exemple, visèrent ainsi prioritairement des Juifs étrangers, les plus vulnérables parmi les vulnérables. Et les rares artisans français de la « Solution Finale » qui eurent à rendre des comptes sur leurs crimes, firent valoir, pour leur défense, qu’en s’efforçant de ne livrer aux nazis que des Juifs étrangers, ils avaient en quelque sorte limité les dégâts.

Comme on le sait, la traque finit par concerner tout Juif résidant en France, sans considérations de nationalité. Mais il reste que ce sont des Juifs étrangers qui ont payé le plus lourd tribut à la déportation depuis la France. Sur les 11.000 enfants cités par Sarkozy, les deux tiers au moins étaient de petits étrangers.

Il est déjà choquant, d’un point de vue factuel, que Sarkozy ait commis une telle erreur, dans un discours prévu de longue date, et alors qu’il dispose de nombreux conseillers à l’Elysée, généreusement payés pour écrire ses textes, en soupeser chaque mot et chaque phrase, ce qu’a confirmé jeudi le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos, en indiquant que l’annonce sur les enfants avait été décidée « après mûre réflexion ».

Mais ce qui l’est encore plus, c’est que le propos émane d’un homme qui, dans la France contemporaine, n’a de cesse de durcir la politique gouvernementale à l’encontre des étrangers, et de faire des déclarations xénophobes, comme on le vit bien pendant la campagne électorale. En somme, en conférant la nationalité française à titre posthume aux enfants juifs des années 1940, Sarkozy a montré qu’il était capable de compassion pour les sans papiers … ceux qui ne sont plus là.

Par CAPJPO-EuroPalestine