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Comment meurent les malades de Gaza pour raisons de « sécurité »

L’association israélienne « Médecins pour les Droits de l’Homme (PCH) dénonce l’emploi du terme « sécurité » dont use et abuse le gouvernement israélien pour justifier ses crimes, et raconte le calvaire des malades de la bande de Gaza, et leur mort faute de pouvoir accéder à des soins.


« La sécurité pour qui ?

« Il est très difficile d’évaluer le nombre de morts liées à l’interdiction de déplacement, pour les patients dont l’état exige une assistance médicale en dehors de Gaza. Tout ce qu’on sait, c’est que pour les malades de Gaza, la mort n’a rien à voir avec des contraintes médicales quelconques, mais avec le refus des autorités israéliennes de les laisser sortir pour des soi-disant raisons de « sécurité ».

Au point que de plus en plus de malades de Gaza, qui risquent d’être bloqués aux points de passage, préfèrent renoncer à l’espoir d’un traitement, et meurent chez eux, leurs cas restant méconnus et leurs voix inaudibles.

Nous avons donc choisi de raconter l’histoire de la mort de trois femmes et d’un bébé fille, afin de donner un petit aperçu des conséquences de la cruauté d’une bureaucratie hostile.

Khadija Al-Aqed, 65 ans, souffrait d’une maladie de coeur. Un pacemaker lui aété posé dans les années 1990 à l’hôpital Beilinson en Israël. En décembre 2007, le pacemaker cessa de fonctionner et elle fut dirigée en urgence sur l’hôpital Urdun à Amman, en Jordanie pour une intervention chirurgicale. Le 21 janvier, sa famille soumet une requête pour un permis de sortie vers la Jordanie, via le point de contrôle d’Erez. En dépit de l’urgence, il n’a été apporté de réponse que le 30 janvier : Madame Al Aqed se voyait refuser un permis de sortie pour « raisons de sécurité ». Le 1O février, Mme Al Aqed mourait d’une crise cardiaque.

Bayyan Abu Hilu, petite fille d’un an, était née au camp de réfugiés d’ Al Bureij à Gaza. Ses parents avaient antérieurement perdu deux autres enfants en bas âge, à cause d’une maladie génétique du foie. Deux mois après sa naissance, on diagnostiqua chez Bayyan la même atteinte génétique. En novembre 2007, elle entra en Israël avec ses parents pour un traitement, dans le service d’hématologie de l’hôpital Hadassah Ein Karem de Jérusalem Ouest, et commença un traitement. A l’issue de la première phase de ce traitement, les médecins demandèrent qu’elle revienne dès que possible pour le poursuivre. Pourtant, lorsque la famille demanda pour la seconde fois un permis de sortir, il fut refusé par le Service Général de la Sécurité (SSG) pour des « raisons de sécurité » . Ayant raté son rendez-vous, la famille s’adressa en janvier à PHR-Israël et demanda de l’aide pour le renouvellement d’un rendez-vous à l’hôpital israélien. Le nouveau rendez-vous fut fixé au 5 mars 2008, et le père de Bayyan adressa une nouvelle demande de sortie. Mais, la petite Bayyan est morte à Gaza le 2 mars dernier avant l’arrivée de la réponse.

Fatmeh Al-Ladawi, 45 ans, était mère de dix enfants. En septembre 2007 on lui trouva, à l’Hôpital Européen de KhanYounis de Gaza, une lésion de la rate, avec saignement interne et infection, suite à un traumatisme. Fatmeh fut dirigée vers l’hôpital d’Al Takhassusi de Naplouse, en Cisjordanie, pour une intervention chirurgicale, mais les soins nécessaires n’y étant pas disponibles (du fait de l’occupation, ndlr), son état se détériora pendant qu’elle attendait de pouvoir se rendre à l’hôpital Maqassed de Jérusalem Est, ce qui lui fut refusé .Jérusalem Est. L e GSS (police secrète israélienne) refusa a son mari de l’accompagner. On lui demanda de soumettre une nouvelle requête avec un autre accompagnateur. Ce n’est qu’au bout de cinq jours qu’elle fut autorisée à sortir de Gaza pour Jérusalem Est avec un autre accompagnateur. Mais à l’hôpital de Maqassed, le traitement nécessaire n’était pas disponible et Fatmeh fut renvoyée à Gaza au bout de deux jours. A son retour elle fut conduite dans une salle d’interrogatoire dans un sous-sol du passage d’Erez, où elle fut interrogée par la police secrète israélienne pendant cinq heures.
Quant elle fut dirigée sur l’hôpital Ma’hed Nasser au Caire, le GSS refusa de permettre à son beau-frère de l’accompagner. Son état continuait à se détériorer. En janvier 2008, elle fut orientée sur l’hôpital Ichilov de Tel Aviv. Mais cette fois, la visite du président George Bush dans la région l’empêcha de partir, parce que le passage d’Erez était fermé pour le temps de cette visite, du 9 au 12 janvier 2008. Le 20 janvier, quand lui fut enfin accordé un permis de sortie, elle arriva au passage d’Erez en chaise roulante, et souffrant de difficultés respiratoires. Malgré cela, elle fut à nouveau conduite pour interrogatoire au GSS, interrogatoire qui dura plusieurs heures. Son interrogateur lui demanda de prouver que sa sortie était médicale et n’avait pas d’autre objet. A la fin de l’interrogatoire qui provoqua 10 heures de retard, elle fut admise à l’hôpital, mais c’était trop tard : le lendemain, 21 janvier, Fatmeh est morte à l’hôpital Ichilov, de Tel Aviv.

La sécurité – sécurité des individus – est un droit universel et ne peut pas servir de slogan pour justifier les violations des droits de l’homme. La sécurité universelle pour tous ceux qui vivent en Israël et dans les territoires palestiniens occupés ne peut être obtenue que par la fin de l’occupation et de toutes les autres formes d’oppression dans notre région. »

Médecins pour les droits de l ‘Homme – Israël/Gaza

11 mars 2008

(Traduit par carole SANDREL)

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