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Georges Bardawil refuse d’aller au Salon du Livre et du Vin : il ne veut pas célébrer les 60 ans d’Israël

Georges Bardawil, co-auteur du livre « La promesse du vin », nominé pour recevoir un prix au salon du Livre et du Vin d’Angers et de Saumur, vient de décliner l’invitation, en apprenant qu’Israël serait l’invité d’honneur de ce salon. Ci-dessous la lettre qu’il a envoyée aux organisateurs.


Journées Nationales du Livre et du Vin

Château de Saumur- BP25

49426-Saumur cedex

Et par e-mail : livre.et.vin@bouvet-ladubay.fr

Paris, le 13 mars 2008,

Messieurs les Organisateurs des Journées Nationales du Livre et du Vin,

Monsieur le Président du Prix Jean-Charles Taugourdeau,

Messieurs les Membres du Jury,

Chers amis et amies,

Sensible à l’honneur que votre sélection fait à cette « Promesse de vin » dont Isabelle Rozenbaum et moi-même sommes les auteurs, c’est avec le plus grand plaisir que je me serais retrouvé en compagnie de tant d’amis et de connaissances. Je me vois malheureusement au regret de devoir décliner votre invitation. A cela, deux raisons :

La première est qu’en 1948, voilà tout juste soixante ans, je passais mes vacances dans un couvent du sud Liban où mon oncle, qui en était le père supérieur, avait hébergé de nombreuses familles de Palestiniens chassés de leur terre. C’était surtout des femmes, des vieillards, des enfants, pour la plupart chrétiens, rescapés des massacres commis par la Haganah et les forces sionistes, des malheureux que l’administration israélienne n’hésitait pas à qualifier de« déportés », trois ans à peine après le génocide.

Voilà pourquoi je suis solidaire de ceux qui, comme l’écrivain John Berger, le poète israélien Aaron Shabtai, ou encore Benni Ziffer, le directeur littéraire du journal Haaretz, ont choisi de boycotter le Salon du Livre de Paris. Vous comprendrez donc, que je ne puis décemment m’associer à la célébration de ce soixantième anniversaire de la création de l’état d’Israël que vous avez placé au cœur de vos festivités. D’autant moins que, par une coïncidence fâcheuse, le 60ème anniversaire de Deir Yassin, le premier et le plus célèbre des villages martyrs, tombe le 9 avril.

Qu’il soit bien clair que je ne remets pas aujourd’hui en cause, par mon absence, l’existence de l’Etat d’Israël, mais les pratiques et la politique d’un état qui se livre depuis l’origine et en ce moment plus que jamais, à ce que de plus en plus de ses propres historiens considèrent comme « une stratégie délibérée de désarabisation », un « nettoyage ethnique que le droit international actuel considère- c’est l’un d’eux, Ilan Pappe, qui l’écrit -, « comme un crime contre l’humanité. »
Si j’en crois un de mes plus chers complices, Didier Schwartz : « Il ne suffit pas d’exister, de se croiser et de se reconnaître ; encore faut-il se mériter. » Ceci est vrai des hommes, et des Etats.

Ma seconde raison est le thème de votre colloque.
Descendant d’une famille de ces vieux Chrétiens d’Orient que les Croisés, sitôt débarqués, exécutèrent en grand nombre, les ayant d’abord pris pour des « mahométans », ma libre-pensée (pour ne pas dire ma mécréance) ne va pas jusqu’à me permettre de m’asseoir sans état d’âme, à une table ronde où l’on prône « la paix comme art de vivre » mais où l’Islam n’est pas au nombre des religions invitées. La « désarabisation » ne se borne pas à la terre.
Croyez bien que si je vous écris cette lettre ce n’est pas sans avoir mûrement réfléchi et sans penser à tous ceux que ma décision pourrait blesser, et aux conséquences qu’elle entraîne.

Croyez, Messieurs, avec mes regrets bien sincères, à l’expression de ma considération distinguée. »

Georges Bardawil

CAPJPO-EuroPalestine