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La peur et la terreur en Cisjordanie

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Un témoignage de Claude, militant de l’AMPF, qui se trouve actuellement en Cisjordanie, et témoigne de la répression qui s’abat sur la population, tant de la part de l’armée israélienne que de l’Autorité Palestinienne.


Bonjour à vous,

Claude est parti en Palestine le 22 janvier au soir, au titre de l’AMFP (Association Médicale Franco-Palestinienne 59/62), et il m’a chargée de donner qqs nouvelles de la situation en Palestine.
Véronique

« Arrivée à Tel Aviv sans problème: la sécurité, après avoir contrôlé son passeport, lui a accordé le visa d’entrée, sans autre formalité. Une demi heure après, il était dans le taxi, direction la Cisjordanie.

A la BASR, la Bethlehem Arab Society for Rehabilitation, centre de soins pour handicapés et victimes de guerre, situé à Beit Jala, à côté de Bethlehem, tout le personnel est mobilisé pour recevoir les enfants blessés de Gaza mais ils n’arrivent pas. Chacun y va de son couplet : l’Autorité palestinienne, le Hamas, les organisations humanitaires de tout poil et de toute obédience… c’est le bazar, Edmund, le directeur de la BASR, fulmine, Claude également, et l’un et l’autre qualifient la situation à leur manière.

Mais en attendant, l’inquiétude grandit: quand vont-ils arriver? Combien vont mourir d’ici là? Combien resteront handicapés à vie?
Tout cela est d’autant plus incompréhensible que les accords ont été donnés de part et d’autre: le Ministère palestinien de la santé, l’UNRWA (l’Office des Nations Unies pour les réfugiés), le Croissant Rouge, la Croix Rouge.

Pourtant, le projet est pertinent: faire venir les enfants accompagnés de leur famille, pour que soient pris en charge l’ensemble des traumatismes liés à l’agression israélienne, et pas seulement les soins médicaux.
Ajoutons que la BASR, tant au plan de ses équipements qu’au plan de son personnel, est tout à fait en mesure de mener à bien cette mission.
Alors, Edmund va tenter d’autres démarches, multiplier les contacts et les pressions pour que s’organisent enfin les transferts, en espérant que les autorisations vont enfin arriver. Une délégation de l’Ecole Provinciale d’infirmiers et de kinés de Tournai et de médecins belges est arrivée à la BASR pour renforcer la coopération avec le centre de soins; ils sont prêts à venir gratuitement réaliser des interventions pour les blessés. Ils sont allés rencontrer les autorités consulaires belges à Jérusalem pour tenter également de faire pression.
La campagne de dons commence à porter ses fruits et nous devons continuer; nul besoin de rappeler que les besoins sont immenses et même si les enfants de Gaza ne sont pas encore là, la BASR trouvera d’autres moyens pour leur porter secours. Merci à celles et ceux qui ont généreusement apporté leur contribution.

Claude est allé passer 4 jours à Naplouse, où il a retrouvé notre ami Majdi, avec lequel il a pris des contacts pour faire avancer un projet de coopération avec la Maison de quartier de Wazemmes (projet d’échanges entre des jeunes de Naplouse et des jeunes du quartier): à ce titre, il a rencontré les militants associatifs du camp de Balata (25 à 30 000 âmes confinées sur 1km2), la coordination de toutes les associations présentes dans la vieille ville, et différents partenaires du projet.

Il a également pu rencontrer une des jeunes filles qui viendraient à Lille: dans une ville meurtrie, où l’occupation est d’une grande brutalité, où l’angoisse est palpable, cette petite vit avec l’espoir que sa génération pourra enfin avoir un autre horizon que la crête des collines autour de Naplouse, truffées de camps militaires, de radars, d’équipements de surveillance high-tech, et les checks points (ils sont plus de 150 dans le district de Naplouse).

Pour terminer, un mot sur la situation en Cisjordanie: la peur s’est installée. Peur de tout, de l’avenir, de plus en plus sombre, peur des incursions et exactions de l’armée israélienne, peur de la sécurité palestinienne. Il n’y a quasi plus de manifestations de soutien à Gaza en Cisjordanie, à l’exception d’Hébron, où la manif de samedi a été violemment réprimée par l’armée israélienne qui a tiré dans la foule, faisant 17 blessés. Les jeunes qui osent encore manifester font l’objet d’une attention particulière: filmés et photographiés par les forces de sécurité palestinienne (eh, oui) ils sont ensuite embarqués pour être questionnés. Leur sort et la durée de leur rétention au poste dépendent de la réponse qu’ils voudront bien apporter à la question cruciale: « Pour qui as-tu voté? »

Les agressions de l’armée d’occupation se multiplient, en plein jour; des villages sont investis, le couvre feu est imposé, des gens sont arrêtés et parfois, disparaissent…

Ainsi, les FOI (Forces d’Occupation Israéliennes) ont envahi le village de Hussan, près de Beit Jala, transformant une des habitations en poste militaire et procédant à l’arrestation de 30 à 35 personnes.

Plusieurs villages autour de Naplouse et de Jénine ont été placés sous couvre feu, pour permettre à l’armée d’opérer…Mardi matin, les FOI ont investi la ville de Naplouse elle même, contraignant les forces de sécurité palestiniennes à rester cantonnées dans leurs postes. Des villages autour de Bethlehem ont également été envahis par les FOI cette semaine. Depuis son arrivée, Claude a observé et recueilli de nombreux témoignages qui indiquent que les patrouilles, interventions et agressions des FOI ne font qu’augmenter.

Dernières infos: les organisations internationales présentes à Gaza ont lancé un appel pour demander qu’Israël laisse sortir les blessés. Pour toute réponse, Israël menace de les expulser du sol israélien!
Et hier, les autorités egyptiennes ont annoncé qu’elles fermaient totalement le point de passage de Rafah: Gaza est à nouveau bouclée! L’électricité n’est rétablie que qqs heures, et l’eau, lorsqu’elle est diponible, est totalement souillée donc risque sanitaire maximum. L’annonce de la fermeture de Rafah, à qqs jours des élections israéliennes, ne présage rien de bon d’autant que Netanyaou est donné vainqueur. Tout le monde craint une nouvelle agression sur Gaza…

Témoignage de Claude, militant de l’AMPF dans le Nord Pas de Calais

CAPJPO-EuroPalestine

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