Header Boycott Israël

Les mésaventures de Dalil Boubakeur, l’adorateur d’Israël

Les propos récents du recteur de la Mosquée de Paris, faisant l’éloge d’Israël, pays qui « contrairement à ses voisins » aurait réussi à faire fleurir le désert, et qui ne saurait être tenu responsable des massacres de Gaza, lui a valu quelques réactions bien méritées. Le Monde rapporte une scène assez cocasse, vendredi dernier, devant la Mosquée de Paris.


« L’opération orchestrée par le Collectif Cheikh Yassine (du nom du chef du Hamas, tué en 2004 par l’armée israélienne à Gaza) aurait pu passer inaperçue. Elle a pris, vendredi 17 avril, un tour spectaculaire.

Le responsable de cette association antisioniste radicale, Abdelhakim Sefrioui, avait promis une manifestation à l’issue de la grande prière, pour dénoncer, devant la Mosquée de Paris, les propos jugés « inacceptables » du recteur Dalil Boubakeur sur Israël et le conflit israélo-palestinien, et son dialogue constant avec la communauté juive ; cette proximité lui est aujourd’hui reprochée, alors que la communauté musulmane en France demeure marquée par l’offensive israélienne à Gaza en janvier (Le Monde du 14 avril).

Arrivé sur place avec une petite trentaine de (très) jeunes militants, cheveux ras et keffiehs autour du cou, M. Sefrioui a eu droit à une tribune politique inespérée. Bloqués à l’extérieur de l’édifice par les services de sécurité de la mosquée, qui en avaient fermé les portes quarante minutes avant le début du prêche, de peur de « débordements », plusieurs centaines de fidèles ont dû improviser leur grande prière du vendredi sur la chaussée, sous la surveillance d’un impressionnant dispositif de sécurité. Du jamais-vu.

Visiblement rompu à l’exercice médiatico-politique, le responsable du collectif s’est alors imposé comme l’imam providentiel, entonnant en guise de prêche religieux une attaque en règle contre Dalil Boubakeur. « Il s’est mis du côté des criminels de guerre ; c’est cela que nous sommes venus condamner », a-t-il lancé devant une foule impassible. Il y a ajouté une charge antisioniste d’une violence inédite sous le minaret de cette mosquée historique, symbole d’un « islam de France modéré ». Une fois sa diatribe achevée, il a conduit, comme si de rien n’était, la prière des centaines d’hommes massés dans la rue.

« ON NE LE VOIT QU’À LA TÉLÉ »

L’immense majorité des fidèles ne savait pas pourquoi l’accès à la mosquée leur avait été refusé. Amin, un étudiant parisien était « juste venu prier », mais il a trouvé que M. Sefrioui « avait bien parlé. » « Boubakeur est censé nous représenter ; mais, depuis quelque temps, on ne sait plus de quel côté il est », reconnaît aussi un vieux fidèle, apparemment déstabilisé. « Moi, je n’appartiens à aucun mouvement, jure Yazid, venu manifester, mais là, je me suis dit : « enfin quelqu’un qui ose contester Boubakeur ». Il a été placé là par Sarkozy et l’Algérie ; dans la communauté, il fait l’unanimité contre lui. » Un autre fidèle confie : « J’aurais aimé qu’il vienne s’expliquer, mais Boubakeur, on ne le voit qu’à la télé. »

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris devrait être reçu par la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, déterminée, selon son entourage, « à soutenir M. Boubakeur contre les attaques de l’islam radical

Stéphanie Le Bars

Article paru dans l’édition du Monde du 19.04.09

CAPJPO-EuroPalestine