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Prolongation du couvre-feu à Gaza, dans un total dénuement et sous les bombes

Le couvre-feu décrété dans toute la bande de Gaza le 25 août, a été reconduit pour dix jours renouvelables afin d’essayer d’arrêter la propagation du virus, et les mesures préventives ont été renforcées.annonce Ziad Medoukh.

Parallèlement, le renforcement du blocus, avec la fermeture du seul passage commercial vers Gaza, contrôlé par Israël, la restriction à 3 H d’électricité par jour, et l’interdiction totale de sortir en mer pour pêcher (avec un navire de guerre israélien installé à moins de deux kilomètres de la côte, et qui s’approche tous les jours de la plage de Gaza pour tirer sur les pêcheurs et leurs bateaux rendent la vie des Gazaouis misérable.

Le secteur de l’eau a été le plus touché, souligne Ziad Medoukh. « Car à Gaza, tous les puits ont besoin de courant pour remplir les réservoirs qui se trouvent sur les toits de nos maisons, et pour que l’eau arrive depuis les réservoirs dans les robinets. Le problème étant que parfois, même quand l’électricité revient, l’eau est coupée ! 

Il nous est ainsi arrivé de rester plus de deux jours sans eau, ce qui nous oblige dans ce cas à acheter de l’eau potable pour l’utilisation quotidienne. L’eau du robinet n’étant pas potable, nous achetions auparavant l’eau potable uniquement pour boire.

Cela a bouleversé nos habitudes : nous achetons désormais la nourriture au jour le jour et les réfrigérateurs se retrouvent souvent vides. Avec la chaleur, on aurait pourtant envie de boire de l’eau fraîche. Ou de dormir avec les ventilateurs et les climatiseurs. » 

Tout le monde est en ébullition le jour comme la nuit, quand revient le courant électrique : chacun s’active pour faire fonctionner les appareils électroménagers, faire les devoirs scolaires, charger les portables, suivre les nouvelles, utiliser internet et les réseaux sociaux… Dans notre contexte d’isolement, nous voulons garder le contact avec le monde ! 

Je n’évoque même par les effets des coupures de courant – qui mettent par exemple en danger des milliers de patients hospitalisés – sur le secteur de la santé.

Prolongation du couvre-feu à Gaza, dans un total dénuement et sous les bombes
De la fumée s’élève dans le ciel après une frappe israélienne sur Khan Younès, le 21 août 2020 (AFP)

Pour ne rien arranger, tous les soir, les Israéliens bombardent la bande de Gaza. Quelle barbarie de bombarder une région en état d’urgence et en pleine crise sanitaire ! 

Le double confinement pour les habitants de Gaza n’est pas nouveau, mais la souffrance en ce moment dépasse les limites. 

Tous les Palestiniens de Gaza se demandent : sommes-nous un peuple anormal pour supporter cette situation inacceptable et cette souffrance interminable ? Pourquoi cette occupation essaye-t-elle d’étrangler les Palestiniens de Gaza ? Pourquoi le monde officiel ne bouge-t-il pas ? Et jusqu’à quand durera notre souffrance ? 

Cette crise nous rappelle les événements tragiques de l’été 2014. Pendant les 51 jours de l’offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza – la troisième en cinq ans –, les Palestiniens de Gaza avaient été obligés de rester enfermés chez eux, sous les bombes de l’occupant.

Ce qui aggrave notre souffrance c’est ce silence complice du monde officiel, entretenu par les médias et l’indifférence totale des organisations des droits de l’homme qui n’arrivent pas à condamner cette ignominie. 

Nous avons tous de la peine pour nos enfants, qui ne vivent pas une vie normale. Ils passent la plupart des journées dans leurs maisons ou devant leurs immeubles pour tuer le temps en raison des mesures sanitaires contre le Covid-19. Pas de loisirs, pas de vacances et pas de plage à cause de la pollution de la mer et de la présence de la marine israélienne. 

Un aspect remarquable est la solidarité familiale et sociale, les voisins s’entraident énormément pour fournir de l’eau ou recharger les batteries pour les autres quand le courant revient chez eux. 

Nous sommes tous, plus que jamais, déterminés à continuer notre résistance quotidienne dans la bande de Gaza, pour une Palestine de liberté et de paix durable, une paix qui passera avant tout par la justice.

Par Ziad Medoukh