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Nouvelles révélations sur l’arsenal nucléaire israélien

A l’heure où les menaces israéliennes et occidentales se déchaînent contre le programme nucléaire de l’Iran, pays qui n’a pas la bombe, déclare ne pas la vouloir et accepte les inspections internationales de ses installations, l’agence de presse états-unienne Associated Press (AP) produit jeudi de nouvelles révélations sur le programme d’Israël, pays qui a la bombe mais refuse de l’avouer officiellement, et refuse toute inspection internationale. 

Nouvelles révélations sur l’arsenal nucléaire israélien à Dimona
Le nouveau chantier nucléaire israélien à Dimona, vu du ciel

En l’occurrence, AP a accédé aux photos prises par la société de satellites, Planet Labs, et publie des clichés montrant les plus gros travaux entrepris par Israël depuis des décennies sur son site de Dimona.

Les images satellitaires montrent notamment un chantier de creusement du sol à proximité du réacteur nucléaire de Dimona, sur une surface de la taille d’un terrain de football et atteignant une profondeur équivalant à plusieurs étages. Le site,  dont la construction, avec l’aide de la France, remonte aux années 1950-60, dispose depuis déjà longtemps de laboratoires souterrains où le régime de l’apartheid a développé son plutonium à usage militaire. C’est le seul pays du Moyen-Orient à disposer de l’arme nucléaire, avec un arsenal estimé à une centaine de bombes, pouvant être tirées par son aviation, ses missiles, ou encore ses sous-marins.

Bien que ce programme nucléaire militaire ait été dénoncé depuis longtemps -notamment par le lanceur d’alerte israélien Mordechai Vanunu qui a payé son courage de 18 ans de prison suivis d’une assignation à résidence de durée indéfinie-, Israël a toujours menti sur son activité à Dimona, allant jusqu’à déclarer pendant des années qu’il s’agissait … d’une usine textile !

Lancé apparemment en 2019, le nouveau chantier était resté « secret » jusqu’à la publication en début de semaine des images satellitaires, écrit l’AP, tout en constatant que les Israéliens sont forcément conscients qu’il peut être vu du ciel. On ne  peut d’ailleurs pas exclure que la direction israélienne ait pris l’initiative de « suggérer » à AP de rendre la chose publique précisément maintenant. 

Dans quel but ?

Des spécialistes interrogés par AP observent d’abord que le réacteur à eau lourde de Dimona est opérationnel depuis plus d’un demi-siècle, ce qui est extrêmement long pour des installations de ce type, et soulève des questions aussi bien en termes d’efficacité que de sûreté nucléaire.

Ils rappellent qu’il y a une quinzaine d’années, l’armée avait commencé à distribuer à la population de Dimona des comprimés d’iode, l’antidote de base en cas de fuite radioactive dans l’environnement. « Ma conviction est que les Israéliens ont décidé d’arrêter le réacteur actuel, mais qu’ils veulent conserver tout leur potentiel nucléaire, et par conséquent qu’ils sont en train de le remplacer par des installations plus modernes », estime le Professeur Avner Cohen, un spécialiste de l’étude de Dimona basé en Californie.

Son collègue Daryl Kimball avance l’hypothèse d’une volonté israélienne d’augmenter sa production de tritium, une matière radioactive servant à booster le potentiel explosif de ses bombes nucléaires. Ou plus classiquement, de produire plus de plutonium, dans le but de remplacer ou d’allonger la durée de vie opérationnelle de son arsenal.

La « révélation », au final très cynique, des travaux en cours à Dimona, n’a pas échappé aux dirigeants iraniens, qui avaient signé en 2015 un accord avec les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, tous détenteurs de l’arme nucléaire) + l’Allemagne, aux termes duquel l’Iran limitait considérablement son programme d’industrie nucléaire -à visée exclusivement civile, selon Téhéran-, en échange de la levée des sanctions qui étranglent l’économie de leur pays (via un embargo quasi total sur les exportations de pétrole de l’Iran, sa première ressource à l’international).

Mais en 2018, sur ordre d’Israël, l’ex-président américain Trump avait déchiré le traité, alors même que l’Iran avait continué de respecter ses propres obligations.

Réagissant à la publication des clichés satellitaires, le ministre iranien des Affaires Étrangères, Mohamed Javad Zarif, n’a pu que constater : « Tout le bruit fait autour du programme nucléaire iranien est donc parfaitement absurde ; soyons clairs ! c’est de la pure hypocrisie ».

CAPJPO-EuroPalestine