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La Palestine au jour le jour : Semaine du 1er au 7 juillet

L’occupant blesse et tue

En tout, l’on dénombre un tué et 73 blessé-e-s, victimes de la répression cette semaine en Palestine occupée, dont 8 dans un état préoccupant.

Samedi 3 juillet vers 19h, dans le village de Qusra, près de Naplouse, un groupe de colons d’un « avant-poste » (illégal selon la loi israélienne) attaque les maisons palestiniennes avec le soutien des forces d’occupation.

Un appel à la résistance est émis depuis la mosquée. Alors qu’il tente de défendre sa maison, Mohammed Hassan (20 ans) est atteint à la poitrine par une balle réelle. Transporté à l’hôpital, il décèdera deux heures plus tard.

Quatre autres personnes sont blessées dans ces affrontements, parmi lesquelles un jeune de 17 ans, Zuhait Abu Rida.

 A Gaza, deux personnes, Mme Manal al-Terawi (57 ans) et M. Jamal al-Qishawi (66 ans) ont été touchées par des éclats d’obus dans l’un des 3 bombardements subis par l’enclave.

Soutenus par l’armée et la police, les colons squattent les maisons, agressent les gens, saccagent les propriétés

Sheikh Jarrah : colons attaquent une maison palestinienne

L’attaque de Qusra n’est que l’une des 16 agressions de colons cette semaine.

Ainsi, le matin du 1er juillet, des colons battent un chauffeur de bus à Nil’in (près de Ramallah).

Pendant ce temps, à Yatta, au sud d’Hébron, d’autres colons détruisent une canalisation d’eau potable et molestent Msallad Humeid (44 ans) et son fils de 20 ans, Ahmed, qui tentent de s’opposer. Ils seront transportés à la clinique. Dans la foulée, la police arrête deux habitants qui tentaient aussi de résister.

Les colons pratiquent aussi le vol en bande organisée : à l’aube du 2, dans le quartier de Silwan à Jérusalem, haut lieu du nettoyage ethnique, un groupe protégé par les forces d’occupation s’empare d’une maison de deux étages.

Autre exemple : le 4 au matin, après avoir été chassés une première fois par la femme de Maheir Subeih, des colons de l’organisation Ateret Conahim (« Couronne des prêtres ») ont appelé les forces d’occupation à la rescousse pour faire main basse sur le terrain de Maheir à Silwan, quartier qu’Israël a entrepris de « judaïser » à vitesse accélérée. Le but de cette expropriation est de construire un escalier reliant un immeuble de la famille Awad volé par les colons avec un autre immeuble volé dix ans plus tôt. Maheir avait obtenu du tribunal israélien une décision établissant qu’il est bien propriétaire du terrain et qu’il est en droit de détruire cet escalier mais, dans ce prétendu Etat de droit, les forces d’occupation ne tiennent visiblement aucun compte des décisions de Justice quand elles sont favorables aux Palestiniens !

Les propriétés agricoles sont des cibles de choix. Le 2 par exemple, à Qaryut, près de Naplouse, une bande venue des colonies voisines détruit 84 figuiers, ainsi que des amandiers et des vignes, une canalisation et un réservoir. Drôle de façon de « faire fleurir le désert »…

L’occupant kidnappe hommes, femmes et enfants

Plus de 110 habitants de Cisjordanie ont été enlevés cette semaine, le plus souvent au cours de 110 incursions et 43 répressions violentes de manifestations.

Parmi ces personnes kidnappées figurent au moins 4 mineurs.

Ainsi, le 5 à Salfit, Ahmed Abdullah (16 ans) s’est rendu à une convocation des services de sécurité de l’occupant. A l’issue de son interrogatoire (conduit avec la douceur qu’on imagine), il est conduit en détention.

A al-Jawaya, près d’Hébron, c’est alors qu’il protestait avec d’autres habitants contre la destruction par l’armée du réseau d’eau potable du village que Mohammed Al-Shawaheen (17 ans) est arrêté. La nuit suivante, à 2h25, l’armée investit Anabta, à l’est de Tulkarem. Elle envahit plusieurs maisons et kidnappe deux jeunes : Hassan Adas (16 ans) et Mustafa Abdo (17 ans).

Le 7 en pleine nuit, à Ramallah, « capitale » de « l’Autorité Palestinienne », l’occupant enlève à son domicile Shatha Abu Odeh, directrice de la fondation Health Work Committees (qui prodigue notamment des soins de santé aux plus déshérités). L’occupant confisque aussi sa voiture personnelle. Cette arrestation intervient parallèlement à la perquisition menée à l’Union des Comités de Travail Agricole à al-Bireh (ville jumelle de Ramallah) et à sa fermeture pour 6 mois (voir l’article).

Mais l’occupant a le souci de ne pas séparer les familles ! Ainsi, lors d’un raid à Jénine le 1er juillet à l’aube, il enlève à leur domicile un père et son fils : Mustafa et Rami Al-Badawi.

La colonisation s’étend

Le 4, l’administration israélienne annonce un plan d’extension des colonies de « Yakir » et « Nofim » établies sur les terres du village de Deir Istiya.Le plan inclut 850 hectares de terres palestiniennes à l’ouest de Salfit, dont un site archéologique. Les villages concernés ont jusqu’au 22 juillet pour faire appel. Bonne chance !

Démolitions et destructions

Cette semaine, l’occupant a détruit ou fait démolir une école et 5 maisons à Jérusalem Est et ses environs, où le nettoyage ethnique bat son plein.

C’est une vraie opération commando qui a mis fin à l’école financée par Saleh ‘Alqam. Le 6, vers 09h00, des bulldozers de la municipalité israélienne déboulent dans la banlieue d’al-Salam, au nord-est de Jérusalem. Les bulldozers sont accompagnés de dizaines de soldats qui encerclent le bâtiment en construction, censé accueillir des centaines d’étudiants au début du nouveau semestre. Il vise à remplacer un bâtiment détruit par l’occupant en 2019. L’occupant reproche à ‘Alqam de refuser d’enseigner le programme israélien, qui nie la Naqba et se fait en hébreu après un an d’apprentissage de cette langue réputée pour sa simplicité…

Quant aux maisons, leur destruction est généralement opérée par leur propriétaire lui-même afin de ne pas payer l’amende exorbitante.

La Palestine au jour le jour : Semaine du 1er au 7 juillet

C’est le cas de Bader Darwish à Sheikh Jarrah, quartier de Jérusalem qu’Israël veut vider peu à peu de ses habitants non juifs. Le propriétaire avait construit sa maison en 1952 et, en 2003, avait ajouté un étage pour son fils. Ce dernier était depuis deux ans « dans le collimateur » de la municipalité, qui a fini par donner un ordre de démolition de son 2ème étage. Son appel contre la décision n’a pas abouti.

Issawiya est un autre quartier de Jérusalem visé en priorité par la colonisation. Mohammed Darwish a dû y détruire la maison qu’il avait bâtie pour sa femme et ses quatre enfants. Bien que son avocat ait obtenu un gel de la décision jusqu’à septembre prochain, on ne lui a laissé que jusqu’au 4 à 18h pour procéder à la démolition.

De même, ‘Ezzat Khalil Ziyadah a dû démolir de ses mains ses 2 maisons dans le quartier de Salib, où la colonie « Har Gilo » est établie près du village de Beit Safafa, au sud de Jérusalem. Il y vivait depuis 30 ans bien que la municipalité israélienne refusait de le raccorder à l’eau courante et à l’électricité. Avec lui, ce sont sa fille, ses deux fils, ses deux belles filles et ses petits enfants qui se retrouvent à la rue. Ses démarches avec un avocat n’ont rien donné.

Le 6, c’est au tour d’Ahmed Abu Ghannam d’auto-démolir son immeuble résidentiel dans le quartier d’al-Tour, à l’est de la vieille ville. Il encourait des frais de démolition de 200 000 shekels (51600 €) s’il ne le faisait pas lui-même. L’immeuble de 2 étages abritait 3 appartements habités et un autre en construction. Quelque 21 personnes y habitaient, des enfants pour la plupart. Le tribunal israélien a approuvé la décision de démolition en mai dernier. C’est la deuxième fois qu’on le jette à la rue : en 1994, la municipalité avait déjà démoli sa maison familiale dans le quartier.

Cinq autres biens (boutiques, constructions agricoles…) ont connu le même sort. Ainsi, le 1er juillet à 10h, des bulldozers font irruption sans prévenir à Sur Baher, au sud de Jérusalem, et détruisent la cloture et l’entrepôt d’un villageois. Dans la foulée, ils démolissent un édifice commercial avant de partir.

Puit palestinien détruit par les colons sous le regard des soldats

L’occupant enferme et harcèle Gaza

Aucune amélioration à signaler dans le blocus auquel est soumis Gaza depuis 2007.

A l’aube du 2 juillet, l’aviation israélienne frappe à nouveau. Deux missiles sont lancés en direction d’un camp supposé de résistants au sud-ouest de la ville de Gaza. Trois autres missiles sont largués le lendemain soir au sud de Gaza ville et à l’ouest de Beit Lahia.

Les civils sont également visés par les forces armées positionnées derrière la ligne de séparation à l’est de Khan Yunis le 3 au matin.

Ces mêmes forces armées tirent sur les exploitations agricoles le 1er à l’est de Qarara et le 4 à l’est d’al-Bureij.

Le soir du 4, bulldozers et autres véhicules protégés par l’aviation pénètrent en territoire gazaoui et procèdent à des travaux de « terrassement ». Même chose le 5 à l’est de Gaza ville.

L’occupant entrave

Aux 108 points de contrôle permanents qui rendent traumatisant et problématique tout déplacement en Cisjordanie (voir le film « 200 mètres ») se sont ajoutés cette semaine 79 checkpoints temporaires, dont 5 pour le seul village de Tuqu’, près de Bethléem, qui, pour son malheur, est mentionné dans la Bible !

Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-EuroPalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ et de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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