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Les Palestiniens d’Israël poursuivent le combat contre l’occupation

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Une Marche au drapeau palestinien a été organisée ce vendredi par de jeunes Palestiniens, dans la ville d’Umm Al-Fahm, en Israël, pour riposter à la Marche du drapeau israélien qui se déroule chaque année à Jérusalem à la mi-juin.

Les manifestants dénonçaient les attaques israéliennes qui se poursuivent à Sheikh Jarrah, à Silwan, où sévit le nettoyage ethnique, ainsi qu’à la mosquée Al-Aqsa.

Les Palestiniens d'Israël poursuivent le combat contre l'occupation

 « Jérusalem est une ligne rouge », scandaient les centaines de manifestants.

La mobilisation n’a en effet pas cessé depuis le 9 mai dernier où des milliers de citoyens palestiniens d’Israël, — pour rappel ils sont près de 1,9 million en Israël, souvent appelés « Arabes israéliens » – , sont descendus dans la rue pour exprimer leur soutien à leurs compatriotes palestiniens à Gaza et à Jérusalem.

Des manifestations ont lieu dans les villes mixtes arabo-juives comme Haïfa, Jaffa et Lod, connues sous le nom de Lydda pour les Palestiniens, ainsi que dans des villes à prédominance palestinienne comme Nazareth et Umm al-Fahm.

L’ampleur des manifestations a surpris de nombreux analystes politiques qui considèrent généralement ces Palestiniens comme faisant partie du tissu social et politique israélien, distinct des Palestiniens d’ailleurs.

Après la création d’Israël en 1948, les responsables de l’État ont essayé de cultiver un sentiment de loyauté parmi la minorité de Palestiniens qui ont réussi à ne pas être expulsés. Mais la tentative israélienne pour les isoler de la grande majorité des Palestiniens qui ont été chassés de leurs terres, a finalement échoué.

Palestinien expulsé de sa maison à Haïfa en 1948

Ces « Arabes israéliens » ont été placés sous régime militaire jusqu’en 1966 et n’ont pas pu contacter directement les membres de leur famille vivant dans les camps de réfugiés.

La plupart ont obtenu la citoyenneté israélienne en 1952, mais ils ont été confrontés à une multitude de lois discriminatoires qui leur refusaient l’accès à leurs terres, limitaient leurs opportunités économiques et restreignaient leurs déplacements. Alors qu’ils pouvaient voter, former des partis politiques et exercer des fonctions publiques, une surveillance gouvernementale étendue – et la punition de ceux qui critiquaient l’État – ont créé un climat de peur omniprésent parmi ces citoyens palestiniens d’Israël.

Israël tente de le cacher et sponsorise des documentaires sur le « vivre ensemble » des Juifs et des Palestiniens d’Israël. Mais la discrimination et les désavantages économiques perdurent aujourd’hui. Les villes et villages palestiniens en Israël sont confrontés à une pénurie de logements et à un sous-développement économique. Les pratiques d’embauche qui obligent les demandeurs d’emploi à vivre dans certaines régions ou à avoir servi dans l’armée – ce que très peu de citoyens palestiniens font – finissent par pousser les Palestiniens à des emplois précaires à bas salaire.

Alors que la discrimination directe en matière de logement est théoriquement interdite par les tribunaux, les communautés juives ont souvent mis en place des comités d’admission qui limitent effectivement le nombre de citoyens palestiniens vivant dans des villes à majorité juive.

Cette ségrégation de facto se reflète également dans le système scolaire israélien. Les élèves des écoles publiques arabes reçoivent moins de financement par habitant que ceux des écoles publiques hébraïques majoritaires.

De plus, les citoyens palestiniens sont soumis à des contrôles incessants et font face à des formes quotidiennes de racisme de la part de certains collègues juifs israéliens, qui digèrent mal leur niveau d’éducation.

Les citoyens palestiniens d’Israël ont protesté contre ces conditions depuis la fondation de l’État d’Israël. En 1964, le groupe nationaliste arabe « Ard » a appelé à « une solution juste pour la question palestinienne, conformément aux souhaits du peuple arabe palestinien ». En réponse, le gouvernement israélien a interdit l’association et arrêté ses dirigeants pour atteinte à la sécurité de l’État.

Malgré ces restrictions, leurs expressions de l’identité nationale palestinienne se sont intensifiées. Après l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est en 1967, les citoyens palestiniens d’Israël et ceux sous occupation se sont rencontrés régulièrement, les amenant à développer un sentiment de lutte commune. Cette lutte commune s’est manifestée en octobre 2000 lorsque des milliers de citoyens palestiniens se sont rassemblés dans des villes palestiniennes et des villes mixtes à travers Israël pour soutenir les Palestiniens des Territoires occupés pendant la deuxième Intifada palestinienne.

Sharon et sa police provoquent la deuxième intifada

Les forces de sécurité israéliennes ont alors tué 12 citoyens palestiniens non armés qui manifestaient en Israël et en ont arrêté plus de 600.

En outre, le virage à droite de la politique israélienne a conduit à une rhétorique encore plus explicitement raciste de la part de certains milieux, y compris un soutien croissant à l’expulsion totale des citoyens palestiniens d’Israël. En réponse, davantage de citoyens palestiniens s’identifient comme appartenant à un seul peuple qui résiste collectivement à la domination coloniale des colons. Une jeune génération d’organisateurs locaux a pris les devants, comme en témoignent les commémorations annuelles de la Nakba chaque 15 mai.

Les dernières manifestations autour de Sheikh Jarrah et les incursions dans le complexe d’al-Aqsa promeuvent également une cause palestinienne commune. Lors d’un rassemblement dans la ville mixte de Lydd, à quelques kilomètres au sud de Tel Aviv, un citoyen palestinien manifestant a escaladé un lampadaire et remplacé le drapeau israélien par un drapeau palestinien.

Et les funérailles du manifestant de Lydd Moussa Hassoun le 11 mai ont rassemblé 8 000 personnes en deuil alors qu’il était inhumé enveloppé dans un drapeau palestinien. Depuis lors, les protestations se sont encore intensifiées, amenant les responsables de la sécurité israélienne à imposer un couvre-feu dans la ville et à appeler des renforts.

Des scènes de police dispersant violemment des manifestations pacifiques, des forces de sécurité israéliennes déployées dans des quartiers palestiniens à l’intérieur du pays et des miliciens juifs israéliens armés attaquant des Palestiniens dans des villes mixtes n’ont fait également que renforcer l’image d’Israël en tant que puissance coloniale dans les esprits, non seulement de sa minorité palestinienne marginalisée, mais aussi de ses partisans internationaux. Ce qui pourrait en résulter est un nouveau type de mobilisation palestinienne, qui dément l’idée d’un peuple fragmenté et unit tous les Palestiniens dans une lutte commune.

Source : https://theconversation.com/protests-by-palestinian-citizens-in-israel-signal-growing-sense-of-a-common-struggle-160753

CAPJPO-EuroPalestine

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