L’occupant a mené cette semaine-là 99 raids contre villes et villages de Palestine occupée et 59 attaques contre des manifestants, causant 3 morts, 53 blessés et 81 prisonniers politiques supplémentaires.
Triple assassinat à Naplouse
Le 8, vers 13 h 25, un bus et une camionnette prennent en tenailles une voiture circulant dans la rue al-Makhfiyah, à Naplouse. Des militaires en tenue en surgissent et ouvrent immédiatement le feu sur les trois occupants de la voiture. Visés à la tête, ils sont tués sur le coup. Sitôt assuré de la réussite de son forfait, le commando des forces spéciales évacue la zone. Les victimes sont Ashraf Mohammed ‘Abdel Fattah Mbaslat (21 ans), Mohammed Ra’ed Hussein Dakhil (22 ans) et Adham Mabrouki (al-Shishani) (21 ans). Soupçonnés d’être affiliés aux Brigades des martyrs d’al-Aqsa (branche armée du Fatah), ils étaient sous surveillance depuis un moment. Tous sont originaires de la vieille ville de Naplouse.Loin de dissimuler leur forfait, les forces d’occupation israéliennes (FOI) s’en glorifient. Pourquoi se gêner, puisque le droit international ne s’est jamais appliqué à Israël ? Selon la radio-télévision d’Etat : « Une force spéciale de Tsahal, de la police et du Shin Bet a assassiné 3 membres d’une cellule terroriste ». Pour leur part, les Palestiniens de toutes tendances entendent ne pas laisser sans réponse ce nouvel acte de guerre de l’occupant (voir https://europalestine.com/2022/02/10/resistance-palestinienne-en-cisjordanie-et-a-gaza/).
Feu à volonté sur les femmes journalistes !
Quelque 53 habitants de Cisjordanie ont été blessés par l’occupant cette semaine. Parmi les blessés, le PCHR dénombre deux enfants et deux femmes journalistes.
Vendredi 4, à Beita, près de Naplouse, la manifestation pacifique hebdomadaire contre la colonie d’Evyatar, désormais « légalisée » par Israël, tourne une nouvelle fois au carnage. Sitôt les manifestants arrivés sur place, l’armée tire des cartouches de gaz lacrymogène et les manifestants ripostent avec des pierres. L’armée emploie alors la panoplie complète : bombes assourdissantes, balles réelles et balles métalliques. Enrobées d’une fine couche de caoutchouc, ces dernières peuvent aussi être mortelles. Les affrontements se poursuivent ainsi pendant 3 heures. Cible prioritaire : les journalistes. Raja Ma’arouf Farid Lahlouh (49 ans), correspondante d’une chaine de télévision, en sait quelque chose. Alors qu’elle se prépare à passer en direct, un SUV militaire se gare dans son dos. Plusieurs soldats en descendent et font pleuvoir grenades lacrymogènes et balles métalliques sur les journalistes en retrait de la manifestation. Surprise en flagrant délit de faire son métier, Raja reçoit une balle dans le dos, heureusement amortie par son gilet marqué PRESS. Elle s’éloigne alors d’une vingtaine de mètres tout en continuant à diffuser en direct. Pendant ce temps, les tirs se poursuivent sur les journalistes, blessant la correspondante de G Media, Laith Jaara (26 ans) avec une cartouche de gaz lacrymogène dans le cou. Puis Raja est à nouveau touchée, cette fois sérieusement, d’une balle métallique en plein visage. Les deux consoeurs sont emmenées en ambulance à l’hôpital Rafidia de Naplouse.
La case prison
Le PMG dénombre au total 45 Palestiniens blessés ou contusionnés lors de la manifestation, parmi lesquels un adolescent de 14 ans, Abd al-Rahman Abdo Hamayel.
Samedi 5 février, lors d’un raid sur Beit Fajjar (au sud de Bethléem), l’armée d’occupation s’empare de trois habitants, dont deux adolescents : Musab Samir Taqatqa (16 ans) et Shaher Osama Abu Hayyan (17 ans).
Les services de sécurité palestiniens ne sont pas épargnés : jeudi, Basil Akram Mustafa Ajaj, officier de ces services, est retenu prisonnier suite à une convocation des services de renseignement de l’occupant.
Au total, 81 habitants de la Palestine occupée ont été kidnappés par l’occupant cette semaine.
Constructions pour occupants, destructions pour occupés
Pendant ce temps, la colonisation s’étend. Le 3, les autorités israéliennes approuvent un plan de construction de 1500 logements sur un terrain de 15 hectares entre la colline des Français et l’université arabe, à Jérusalem Est. Parmi ces logements, 500 sont destinés à des étudiants israéliens, 200 sont des chambres fortifiées (?) et d’autres doivent abriter des services publics.
D’un côté, on construit pour les occupants, de l’autre on démolit les foyers des occupés.
Depuis le début de l’année, les démolitions ordonnées par Israël ont jeté à la rue 128 habitants de Cisjordanie.
S’y ajoutent des destructions en tous genres. Ainsi, le 3, à Deir Nidham, près de Ramallah, l’occupant passe au bulldozer un champ après avoir démoli deux maisons. Le 4, une patrouille défonce délibérément une voiture palestinienne avec son véhicule blindé.
Le 6, l’armée rase plus de 3 hectares de terres agricoles à Kisan, à l’est de Bethléem, dans le cadre du projet d’expansion de la colonie « Ibei HaNahal ».
Le 7, l’armée démolit un mur de la maison de Mme Thuraya Swarka : elle n’avait pas de permis de construire pour ce mur !
Le 8, un réservoir d’eau minérale de 250 tasses est détruit à Furush Beit Dajan, dans les vallées centrales du Jourdain.
Le 9, une route goudronnée de 30 mètres, une entrée de grotte et une serre sont saccagées et un ordre d’arrêt de construction est émis contre un réseau électrique, le tout à l’ouest d’Hébron.
Vandalisme colonial
Pendant ce temps, les colons ont mené 16 attaques, en plus de leur virée quasi quotidienne sur l’esplanade des mosquées, avec force injures et provocations, sous la protection des soldats. Bilan (non exhaustif) de ces attaques : 4 Palestiniens contusionnés, 2 victimes de fractures et d’ecchymoses, 20 brebis abattues, 150 oliviers déracinés, une ruche et plusieurs véhicules endommagés…
Ainsi, pour la seule journée du 3, des bandes de colons endommagent un véhicule, déracinent 82 oliviers et attaquent de nombreux bergers. Près d’Hébron, ils tentent de voler le bétail de trois Palestiniens et l’armée intervient… pour arrêter les Palestiniens agressés.
Le 4, une autre bande tabasse un manifestant à Sheikh Jarrah, tandis qu’aux environs de Naplouse, des colons crèvent des pneus et peignent des slogans racistes sur les voitures et sur les murs.
Pendant ce temps, près de Salfit, des colons déracinent 20 oliviers, aidés en cela par les soldats qui font pleuvoir grenades lacrymogènes et assourdissantes sur les villageois qui tentent de s’opposer au saccage.
A Kafr ad-Dik, les occupants de la colonie de Brukhin déracinent 50 pieds de vigne. Ces aimables pionniers ont coutume d’évacuer leurs eaux usées dans l’oliveraie de leurs voisins palestiniens.
Le 6, un colon qui tentait d’incendier des véhicules à Sheikh Jarrah est mis en fuite par les habitants.
La Cisjordanie entravée
Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés 65 checkpoints temporaires et 6 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie. Quatre Palestiniens ont été kidnappés à ces points de contrôle.
Dans Gaza assiégée
En cette quinzième année de siège, alors que les deux-tiers de la population souffrent d’insécurité alimentaire, que le fuel manque pour fournir l’électricité et que les matériaux font défaut pour la réparation du réseau hydraulique et la reconstruction, coincés par un mur high tech qui s’étend sous terre et se prolonge sur la mer, les Gazaouis subissent en prime des violations quasi quotidiennes du cessez-le-feu.
Ainsi, cette semaine, les forces d’occupation ont ouvert le feu 8 fois sur des terres agricoles dans des zones à accès restreint, principalement à l’est de Khan Younis.
En outre, une fusillade de l’armée a été signalée sur des bateaux de pêche, dans le nord de la mer de Gaza.
Compilé par Philippe G. pour CAPJPO_Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ .
CAPJPO-EuroPalestine